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Moué

Comme prévu, nous avons très peu et très mal dormi. Le café du matin rapidement avalé, nous avons vite décampé de là. Direction la côte sud de Ténérife pour un probable mouillage à Los Cristianos… Durant cette navigation, pourrie aussi, nous avons pu faire cinq minutes chrono de portant avec génois tangonné avant d’être ensuite englué sur place et avant finalement de se bouffer le vent dans la tronche. On ne cherche plus à comprendre ces phénomènes locaux, le vent tourne et change de directions ici aussi souvent qu’il en a envie. Les reliefs ? Surement. Faut juste être près quand d’un coup les voiles se déventent ou se gonflent à contre… C’est donc au moteur que nous sommes arrivés sur ce fameux port dont la zone de mouillage autorisée est apparemment maintenant signalée par des bouées. Bon et bien on n’a rien vu. Faut dire que Fred et un autre ferry étaient en train de manœuvrer… Et puis bof l’endroit, donc nous sommes partis voir l’autre petite plage un peu plus à l’ouest. Renaissance s’est finalement ancré là, juste derrière un voilier anglais, par 10m d’eau bleue turquoise…

Le décor n’est pas terrible, les plages sont bondées de monde et les transats sont bien alignés en rangs d’oignons… Les matins sont calmes, les après-midi beaucoup moins. Les pédalos curieux viennent nous trainer autour et quand enfin ils s’en vont, ce sont les jets-skis qui les relèvent, pire ! Nous prenons l’annexe pour débarquer mais une fois à terre, on n’a qu’une seule envie c’est de remonter au plus vite à bord. Supérette, restos de toutes nationalités, boutiques à touristes, bars, on a l’impression d’être dans un truc tout artificiel ; rien d’autre qu’un temple pour le tourisme. Nous regagnons le bateau quand le PeterPan du coin, promène-couill*ns à voiles, vient jeter son grappin juste devant nous… Bon suffit, deux jours qu’on traine dans ce coin tout naz’ avec l’humeur un peu en déclin, demain halte au port et on quitte l’île ! Navigations pourries, mouillages bofs, décors beurks, oui, il en faut peu pour nous mettre le moral dans les chaussettes…

Pff !

Ténérife corsé !

Nous sommes partis à 11h30 de Gran Canaria sans un souffle de vent. Les lignes de traine sont déjà à l’eau, sait-on jamais…

Nous longeons la côte et nous apercevons de là le roque Nublo, sommet où nous étions il y a peu de temps… Un petit vent très léger nous permet ensuite de faire taire le moteur. L’île s’éloigne peu à peu derrière nous… Tiens ! Mais ça moutonne drôlement devant ! (Cool, on va pouvoir passer à la vitesse supérieure parce que là, on se traine un peu.) On décide de prendre un ris en prévision… Et ça le fait ! Un moment seulement… Car le souci, c’est que le vent monte encore progressivement. On en est à 20, 25… 30 nœuds ! Au portant, ça irait mais là nous sommes au près et ça devient, comment dire, un peu costaud. La mer a changé de visage ; elle est maintenant toute blanche et les embruns volent. Une mauvaise houle se lève et vient nous taper sur le travers. A la première vague sournoise, nos shorts et tee-shirts sont dégoulinants, on est tremp’. Le vent monte encore, là on rigole de moins en moins. Génois et grand-voile diminuent au fur et à mesure. J’essaie de nous convaincre que ça ne va pas durer, que nous devons être dans une de ces zones d’accélération du vent décrites par le bouquin… Et bien non, ça dure pff. Pourtant les prévisions ne donnaient pas plus de 15 nœuds, et ce Ténérife-trafic qui continue d’annoncer 2 à 3 sur la VHF rrr !

Selon bouquin, faut s’méfier…

Maintenant les vagues nous passent carrément par dessus, le bateau est lui aussi trempé. Aaah bonheur que cette capote ! Gilets et vestes de quart sur le dos, on ne s’amuse plus du tout. Bon aller bientôt la fin, plus que… Quatre heures comme ça, ah désespoir ! Bizarrement Yoda reste tranquille. Ca change, elle qui d’habitude ne peut s’empêcher de sortir quand il n’faut pas. On la trouve affalée de tout son long sur le plancher, la bête dort… Plus tard, une grosse et méchante vague nous fait spectaculairement giter, le pont est dans l’eau. Carrément flippant. Obligé d’abattre, on ne tient plus du tout le cap. On doit revoir notre point d’atterrissage. L’éolienne s’emballe, et lâche dans un sifflement inquiétant, exactement comme lorsque nous avions passé le cap Finisterre en 2010. Chiotte ! Elle hurle maintenant et on a vraiment l’impression qu’elle va nous exploser dessus dans les minutes qui suivent. Non, JR maitrise la chose et l’harnache fermement.

La côte est devant et le rodéo est enfin terminé. On n’a rien pêché ; évidemment les lignes volaient derrière nous. Il fait nuit noire lorsque nous arrivons au sud de la Montana Roja sur la côte est de l’île. Nous espérions trouver ici un mouillage abrité, bah c’est loupé. De plus, dans la zone, il paraît qu’il y aurait quatre bouées pour l’ancrage d’un cargo ravitaillant l’aéroport en carburant, un pipe-line ainsi qu’un cable sous marin… Nous on voit que dalle car des espèces de gros projecteurs éclairent la baie depuis la route. On entend juste les vagues se fracasser sur les rochers qui semblent bien proches. Par prudence, nous n’osons pas trop nous rapprocher et mouillons l’ancre un peu en retrait. Nous savons évidemment qu’après cette journée pourrie, bah la nuit le saura tout autant hum… Haha, bienvenue à Tenerife !

Encore raté

Slalom entre les gros pour sortir de Las Palmas ! C’est parti pour longer Gran Canaria au portant, bien cool ! Doucement d’abord, on marche à 3 nœuds. Puis progressivement au fil des heures ça grimpe : 6 nœuds ! Et puis mince mais ça grimpe encore ! On commence à se méfier, obligé de réduire la toile… Un peu plus tard, tac posé, plus de vent ! Après trois minutes on l’a dans le pif ! C’est quoi c’bordel !? Tentative pour tirer des bords. Pfff ridicule ! Rien à faire le vent suit encore la côte…  T’as pas compris ? Moteur. Je les vois ces parcs à poissons ! Est-ce qu’on arrivera avant que le soleil ne se couche ? Course habituelle contre la montre. Bébé maquereau se dandine au bout de l’hameçon. Trop petit donc relâché, zut’ ! Il fait tout noir. Mouillage devant Pasito Blanco bah de nuit. On se chie complètement l’orin qui finit coincer sous le bateau. Rrr, le projecteur n’a plus d’batterie ! On est en travers du vent là. Dans le safran ! Craignos, on coupe. Fond de cailloux, la chaine gratte…

Conclusion : Se lever PLUS TOT pour éviter les arrivées merdiques de nuit…

C’est vrai qu’on balance souvent l’orin car ça a quand même bien des avantages. D’abord celui de pouvoir localiser son ancre. Ainsi on peut voir comment le bateau se comporte avec tel vent, s’il tire ou pas… De plus, il permet d’indiquer la position de son ancre aux autres bateaux afin d’éviter d’être mouillé trop proche (ça ne marche pas tout le temps hum). Et puis si les fonds sont bofs, encombrés ou pleins de caillasses, une ancre engagée pourra peut-être être récupérée… Quand on sait ce que coûte un mouillage tout neuf ! JR nous a donc fabriqué un orin automatique tout bête avec un tas de gros boulons inox qui font office de poids. L’ensemble monte et descend selon la hauteur d’eau pour ajuster correctement le bout de l’orin… Finit la bouée qui coule ou qui se balade à 10m de l’ancre ! Et c’est vrai que c’est méga efficace ! Faudrait que je prenne une photo sous-marine du truc…

Méga efficace oui, encore ne faut-il pas se louper la mise à l’eau du bazar hein… :)

On n’a pas bougé

Las Palmas, c’est aussi une Enorme ville dans laquelle on se sent tout petit et vite dépassé. On trouve de tout, il faut juste être bien renseigné, prêt à marcher et un plan de la cité est plus que recommandé. Pour le matos bateau, il y a ici de nombreux ships (la capitainerie vous donne la liste) très très bien achalandés, cause ARC. Pour l’avitaillement, c’est pareil. Y’a de tout et certains livrent même jusqu’au port… On comprend mieux pourquoi beaucoup de candidats à la transat’ partent de Las Palmas pour traverser. Cerise sur le gâteau ? Une laverie sur le port avec plusieurs machines en self-service ! Alélouya ! Tout le linge du bateau y passera, exit nos draps poisseux… :)

Par contre, côté visite, c’est pas vraiment l’pied. La ville en elle-même est bof… En plus, pour y accéder, faut traverser la grande voie rapide qui longe toute la façade maritime, démotivant !

Nous sommes donc partis vers l’intérieur de l’île en quête de calme et de paysages sympas. Les hauteurs de Gran Canaria sont un peu plus vertes et plus fraiches aussi…

Comme sur cette photo… !

Là, c’est mieux ?

Nous sommes montés jusqu’au Roque Nublo, où nous avons pu observé le gros caillou emblème de Gran Canaria… Basaltique il mesure 80m de haut ; c’est le plus haut du monde. Plusieurs motivés étaient alors en train de l’escalader… D’en haut, la vue sur la forêt environnante est sympa et on distingue aussi l’île voisine de Ténérife.

Les sommets

Le « rocher des nuages », JR tout petit et Ténérife au loin…

Au retour de notre balade, on passera voir le site naturel des fameuses dunes de Maspalomas. Bof ! Le littoral de la côte sud, le plus ensoleillé, est carrément envahi de gros complexes hôteliers tous plus moches les uns que les autres. Dans les rues, on ne croise que du touriste, souvent blanc, bedonnant, allemand ou british… On y parle plus facilement anglais qu’espagnol et parfois on nous répond en allemand dans les bars ou autres… Ça on l’avait déjà remarqué ; sur toutes les Canaries c’est la même !

On y a vu des lézards monstrueux !

Et sinon bah nous sommes toujours au mouillage de Las Palmas où on se sent devenir faignants à force de ne pas faire grand chose de nos journées. La chaleur est lourde donc pour se rafraichir, nous sommes obligés de boire l’apérote avec les bateaux du coin. C’est cool toutes ces rencontres.

On accrochera particulièrement bien avec Troll, notre voisin tout proche. C’est d’ailleurs lorsque son équipage sera à bord de Renaissance pour une petite soirée, que Yoda choisira ce moment-là pour faire son premier bain de mer ! Faut dire que depuis le matin, elle faisait sa maligne à grimper partout… Sur la bôme, sur l’enrouleur, de la bôme au portique, oh la jolie éolienne qui tourne, sur les panneaux solaires en équilibre sur les filières… Manque de pot ce coup-ci, le grand panneau solaire était trempé par l’humidité nocturne, elle a sauté et a glissé du portique… Plouf ! Le temps de se ruer derrière qu’elle était déjà remontée par l’échelle complètement surprise et apeurée… Quel beau plongeon pour une première hein ! Fallait bien que ça arrive de toute façon :) Le lendemain, je peux vous dire qu’elle n’a pas osé sortir un seul de ses coussinets du cockpit pendant toute la matinée… :)

Petite crotte qui a grandit bien vite…

Il est temps de partir, les Alizés sont de nouveau présents, donc… Et bien en route ! Un stop dodo au sud avant de rejoindre Ténérife…