Fin de notre escale madérienne, nous quittons aujourd’hui mardi la marina de Funchal après quatre nuits passées ici. Nous garderons de très bons souvenirs de cette île verte et montagneuse.
La traversée de 270 miles vers les Canaries s’est globalement bien déroulée malgré un manque certain de vent. Les prévisions nous donnaient pourtant du 10 à 15 nœuds sur l’ensemble de la navigation ; d’abord de l’ouest pour progressivement finir avec du nord, nord-est.
Le départ lui s’est fait sur les chapeaux d’roues. Première demi-journée et déjà 100 milles derrière nous yé ! Nous avons pu voir quelques globicéphales indifférents qui trainaient sur notre route. En début de soirée, une grosse dorade coryphène est venue mordre à l’hameçon mais elle s’est tellement bien battue la bestiole qu’elle a réussi à se libérer avant qu’on la remonte à bord. Tant pis, on mangera du poulet ! Première nuit en mer et tout s’est cassé la figure. Plus de vent, les voiles battaient lamentablement, la houle de traviole nous embêtant… Aller moteur au milieu du plancton phosphorescent !
Dans la journée suivante, nous avons tenté à multiples reprises de nous remettre sous voiles, mais c’était peu satisfaisant quoi. Heureusement, la houle s’est bien allongée rendant l’allure plus confortable.
Déterminée, je remets ma ligne de traine à l’eau. Ce soir, on mangera du poiscaille et hors de question qu’il nous échappe encore ! Pour cela, je tente une nouveauté, j’ajoute une nouvelle ligne avec un leurre maous costaud pour du gros. Pas de nylon, de la tresse et direct le bas de ligne en acier ! On verra bien, soit ça marche, soit ça les effrayera. Bon y’a plus qu’à attendre… Pendant ce temps-là, nous guettons toujours le moindre petit souffle d’air qui pourrait nous permettre d’éteindre le Volvo. Merci m’sieur d’avoir installé avant le départ un nouveau circuit pour la ventilation de la calle moteur ; mais quel raffut ce truc ! D’ailleurs, on est obligé de « le couper » temporairement pour mouiller ou pour accoster sinon on n’s’entend plus ! :)
Et enfin, du vent, de derrière. Nous tangonnons et Renaissance trace sa route à une vitesse de 5 nœuds. Jean-Rémy a cru voir des trucs sautés dans notre sillage. Je ne vois rien quand soudain, ça mord ! Sur les deux lignes et en même temps ! Des thons ? Et non, deux jolies coryphènes ! Tandis qu’on remonte la première, la seconde parvient encore à se défaire du plus petit leurre. Tant mieux, car deux poissons comme ceux-là, c’est trop pour nous…
Fin de nuit, le moteur ronronne de nouveau. Au lever du soleil, nous distinguons bien des îles devant nous.
Trois dauphins et une tortue viennent nous saluer avant l’arrivée. Et c’est sous voiles et en milieu d’après-midi que nous parviendrons à notre destination : une petite île protégée appelée la Graciosa…
Une mer houleuse faisant trop rouler le voilier ainsi qu’un gros coeff’ de marée nous font lever l’ancre. Direction Funchal où je viens tout juste de réserver une place par téléphone au cas où. Nous arrivons sous voiles dans le port de commerce avant de bifurquer pour s’engager entre les digues de la marina. Là un bonhomme vient nous aider à la manœuvre. En effet, l’amarrage n’est pas simple seuls, nous sommes sur deux pendilles nez au ponton.
On ne trouve pas que ce port ayant si mauvaise presse soit si pourri que ça. L’accueil est bon et nous payons 25 euros la nuit pour être au cœur de la capitale. Bruyant ? Parfois mais la pluie nous aide bien sur ce plan là ! :)
Nettoyage du bateau, lessive, avitaillement OK.
Une fenêtre météo se précise pour demain, nous prendrons donc la route des îles Canaries à 270 miles plus au sud-est ! On pensait être enquiquiné par Nadine, tempête tropicale qui fonçait vers les Açores mais finalement elle passera normalement un peu plus haut. Seule retombée, pas mal de houle nous arrive dessus hum hum…
Nous profitons donc de notre dernier jour pour visiter le célèbre jardin botanique de Madère. Bof, sans plus et peut-être plus intéressant au printemps quand les plantes sont en fleurs… Nous rendons la voiture et revenons au bateau en contournant la fête du Panda, une manif’ ainsi qu’une course de voitures dans la ville !
Le centre de l’île est également très dépaysant.
Difficile de tout vous raconter, on a la tête trop pleine d’images… D’abord nous sommes montés au col de l’Encumeada à 1000m d’altitude, pour aborder ensuite le haut plateau de Paul da Serra formé par un banc de lave très compact et curieusement horizontal. Ici, la végétation ne se résume qu’à une espèce de lande quasi désertique car les terres sont infertiles.
Direction maintenant vers les hauteurs de Madère. Nous montons jusqu’au pic d’Arieiro, troisième sommet de l’île à 1816m, où le panorama est vraiment superbe. Nous avons vue sur toutes les autres montagnes environnantes. La roche est comme déchiquetée. En contre-bas, les bancs de nuages stagnent tranquillement…
A Sao Vicente, nous nous sentons tout petits devant le décor qui s’offre à nous. Dire que des gens habitent dans ces maisons, là, perchées tout là-haut et au milieu de tout ce vert…
Nous ne verrons malheureusement pas le Cabo Girao, promontoire rougeâtre qui fait face à l’océan. Des travaux sur le belvédère boucheront le paysage. Dommage car c’est, je crois, la deuxième plus haute falaise d’Europe (580m à pic) !
Retour à bord le soir. Nous avons un peu l’impression d’être hors du temps du fait de notre solitude au mouillage. Mais où sont donc passés tous les autres bateaux qui font route comme nous ? Sont-ils tous parqués à Quinta do Lorde, cette nouvelle marina située dans un village fantôme, tout neuf, inhabité et loin de tout ? Pour la petite histoire et selon deux madériens rencontrés, sa construction a débuté il y a une dizaine d’années maintenant. Situé près de la réserve naturelle, de ses défenseurs et faute aussi d’investissement, le chantier a été fortement ralenti. Son inauguration doit avoir lieu d’ici quelques mois mais pour l’instant le village reste toujours sans âme… Le temps est pourtant radieux et la mer très calme !
Piscines naturelles à Porto Moniz…
Heureusement, sur le ponton, nous rencontrons un chaleureux couple de retraités qui nous invitent à bord de leur voilier, caché entre les bateaux de pêche. Sans moteur, sans électronique dernier cri, c’est un peu la vieille école ! Depuis une vingtaine d’années, ils naviguent. Sur leur bateau, nous trouvons leur animal de compagnie : un canard !! :)
Nous découvrons deux spécialités madériennes, l’espada (l’épée), poisson des grandes profondeurs et le bolo do caco, pain à la patate douce avec lequel on se goinfre tous les jours !
Madère, surnommé le jardin de l’Atlantique pour l’exceptionnelle diversité de ses plantes nous charme complètement. A travers plusieurs balades, nous découvrons toute la richesse de sa terre ainsi que ses hautes montagnes.
Près du parc des Queimadas, la levada du Chaudron Vert nous emmène dans une jungle fascinante où la forêt est entrecoupée de sombres tunnels. 15km à 880m d’altitude ; la fraicheur des lieux est vivifiante !
Près de Ribeiro Frio, nous empruntons le PR11 qui monte jusqu’au belvédère de Balcoes à 920m de haut pour une vue imprenable sur les versants boisés des grands pics de l’île. Avec les nuages, nous ne pourrons malheureusement pas les voir !
Enfin nous passons par Santana avec ses habitations éparpillées. Nous apercevons ses fameuses maisons aux toits de paille mais malheureusement l’endroit est bien trop touristique haha. Nous ne croisons aucuns locaux, seulement des gens comme nous avec l’appareil photo pendant autour du cou… Peu dépaysant lol.
Le lendemain, nous filons vers l’ouest madérien. Nous suivons la levada des 25 sources. 9km légèrement plus difficiles que ceux de la veille car il y a du dénivelé. Les jambes souffrent un peu lors de la longue remontée après la maison forestière et nous suons à grosses gouttes au soleil… Mais ça valait le coup. Nous traversons la laurissilva, relique vivante de la forêt primaire inscrite au patrimoine de l’Unesco puis atteignons un creux de basalte, tapissé de fougères où ruisselle l’eau de nombreuses sources. Un petit encas et nous voilà reparti pour le Risco, ou la cascade du Danger ! Ce sont les habitants de la région qui ont bossé dessus au péril de leurs vies qui l’ont nommée ainsi. L’endroit est très impressionnant même si la cascade est réduite à un simple filet d’eau. La levada, glissante et dangereuse est fermée… Demi-tour !
Nous revenons par la côte nord par la route E101 avec ses multiples belvédères et ses nombreux lacets…
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