Renaissance a bien regagné l’eau et vient tout juste de s’amarrer à son nouvel emplacement. Nous sommes désormais au ponton 8 de la marina Bas du Fort juste derrière la capitainerie. Mais… On projette déjà de changer de place car notre bout de ponton est à moitié pourri…
Sinon le temps passe assez vite ici. Mine de rien, c’est qu’on a beaucoup à faire pour s’installer et pour préparer la saison cyclonique en Guadeloupe.
Première étape : se trouver une voiture ! En comparant toutes les agences, nous avons dégotté une boîte de location en longue durée pas trop chère. L’autre possibilité était d’acheter une petite voiture sur place et de la revendre en partant. Mais entre le coût d’achat + l’assurance + la paperasse + les embrouilles imprévues… On a préféré laisser tomber et opter pour la location. Donc ça c’est fait, nous sommes désormais mobiles et cela nous coûte 12 euros par jour en tous risques.
Ensuite, pour ne pas vivre dans l’illégalité et dans la crainte des douaniers, nous devons régler la question de l’octroi de mer. En gros, si tu veux habiter sur ton bateau et travailler, il faut normalement payer une taxe ! Quoi !? Et oui, c’est la loi… Tout ce qui arrive ici et qui est donc importé est soumis à cette taxe. Je crois qu’elle s’élève grosso modo à 10% de la valeur du bateau. Autant dire que venir bosser 6 mois tout en payant l’octroi de mer est carrément inintéressant financièrement. Heureusement, il existe une possibilité de contourner ça sans frauder. Il nous faut obtenir une franchise d’octroi de mer dans le cadre d’un déménagement… De ce côté là, nous sommes donc en plein dans les papiers.
La Pointe des Colibris, tout au sud-est de Grande-Terre avec au loin la Désirade
Comme nous allons passer la saison cyclonique dans la zone à risque, nous décidons de revoir l’assurance du voilier. Nous nous sommes mis à la recherche d’une assurance tous risques acceptant les vieux bateaux, couvrant également cette zone géographique et évidemment le risque cyclonique. Les assurances remplissant tous ces critères ne sont pas si nombreuses et c’est vers Amlin, via STW, que nous allons nous tourner. Nous avons commencé les démarches, mais il nous faut avant tout finir de changer le gréement… Par contre, hyper bonne nouvelle, notre ancien assureur (Axa) accepte de nous rembourser la moitié de la prime payée l’année dernière car nous restons sur les Antilles au lieu de descendre sous le 12°N comme précisé dans le contrat ! Cool (et merci belle-maman qui s’est occupée de ça)
Le pataras est en ce moment chez le gréeur du coin pour une réplique identique. Avant de lui apporté : « Pas de soucis, fait pour la semaine prochaine… » Après le lui avoir apporté : « J’ai pas les pièces, pas avant trois semaines… » Bon, conciliant, il nous a quand même fait la facture un peu en avance afin qu’on puisse compléter le dossier pour l’assurance. Espérons juste qu’Eole restera tranquille le temps qu’on remonte le câble…
Voilà sinon Jean-Rémy a repris le boulot la semaine dernière. Et tout a l’air de bien se passer malgré les réveils matinaux maintenant obligatoires. Plus vraiment habitué hein… :) Quant à moi, rien du tout… Aucune réponse positive sauf une clinique qui m’a proposé d’intégrer leur service de HAD mais à Saint-Martin ! Je ne désespère pas et je vais bientôt les relancer… Et Yoda pète le feu et s’éclate à monter sur les bateaux des voisins. Elle s’est même trouvé un peu de compagnie. En effet, un chat un peu panda sur les bords vient souvent la rejoindre tous les soirs. Ca s’observe de loin ou ça se fight un peu…
Falaises du nord-atlantique de Grande-Terre…
Sinon, je peux vous dire que ça fait drôlement bizarre de se retrouver à l’arrêt alors que les autres, ceux qu’on suit et les copains bateaux continuent leurs routes ou sont déjà sur la transat’ retour. On a un peu l’impression de se mettre au garage et d’être isolés finalement. Parce qu’on a stoppé le mouvement… Et oui, nous sommes dans une espèce de pause ou de stand-by dans le voyage !
Lundi, nous avons pris la direction de la zone technique pour sortir Renaissance de l’eau. Pour les intéressés, le prix de la manutention est deux fois moins cher qu’en Martinique. De plus, le sol est goudronné donc on ne pataugera pas pendant plusieurs jours dans notre bouillie d’algues…
Ça y est, le bateau est bien calé, les réjouissances peuvent commencer !
A première vue, il n’est pas si sale qu’on se l’imaginait… Un peu mais c’est pas non plus la cata. On s’était imaginé la chose bien plus pire en fait. Faut croire que l’antifouling pas cher de chez Compass appliqué l’année dernière a fait son boulot. A une cinquantaine d’euros le gros pot, on estime qu’il s’en tire pas trop mal ! D’ailleurs est-ce que de l’International (ou autres) aurait fait mieux ? La question reste entière… Il aurait fallu faire moitié moitié pour comparer. Bon du coup, on se dit qu’on aurait du embarquer quelques pots du pas cher avant de quitter la métropole parce qu’ici… L’antifouling n’est vraiment pas donné et on ne trouve que des grandes marques. On se rabat donc sur du Micron Extra érodable en promo…
Je suis au karcher, puis à la peinture pendant que JR discute avec les voisins, change le filtre d’arrivée d’eau de mer du moteur, discute, s’occupe de l’hélice et discute ! ;) C’est moi où je suis la seule à bosser roooh !? Capitaine ?? Tiens, d’ailleurs lors de l’installation du nouveau filtre, la jonction entre la vanne et celui-ci lui est restée dans les mains… Cassée net donc remplacée par du neuf également.
En tout, nous passerons trois jours sur la zone, à dégouliner de sueur la journée et à se faire bouffer par les moustiques le soir et la fraîcheur venus. On notera aussi que passer l’antifouling lorsqu’il fait très (trop) chaud est bien plus difficile… Son solvant devant s’évaporer, peu à peu sa consistance passe de « liquide » à « pâteuse » ! Et alors là, t’en ch*es grave pour l’étaler au rouleau…
Yoda a également eu chaud. On a du l’asperger d’eau plusieurs fois pour la rafraichir un peu. Elle a découvert les voitures et ça, bah ça fait trop peur ! Elle filait se cacher à chaque bruit de moteur… :)
Avant… L’hélice a quand même bien chargé
Et voilà un voilier tout propre ! Ou presque… Pour faire bien, faudrait qu’on nettoie aussi la coque mais on n’a pas d’échelle ou d’échafaudage.
Et puis bon, j’avoue : c’est surtout qu’on a trop la flemme… :)
… Et après ! Maintenant à l’eau !
C’est les ponts du joli mois de mai…
Bon ok pas forcément très joli pour tout le monde hein ? Par ici, il fait grand beau temps et nous sommes actuellement au mouillage du Gosier jusque derrière l’îlet et sa barrière de corail. Pas grand monde, c’est pénard. On profite de quelques jours de battement pour se baigner, pour glander et pour faire notre (mon) deuil de la tranquillité du mouillage avant qu’on se retrouve parqués au port entre deux bateaux habités…
Pour revenir sur ces derniers jours, nous avons donc loué une voiture pour distribuer nos CV. Mission accomplie même si ça été assez folklo ! Pour moi, pas de problème dans le sens où tous les hôpitaux et les établissement de soins sont généralement bien indiqués. Tous les panneaux menant à Rome (sauf ceux de l’hôpital du Lamentin en Martinique hum…), ils ont tous reçus mon CV ainsi qu’une lettre de motivation en bonne et due forme…
Mais pour JR, notre périple s’est vite transformé en une vraie course d’orientation ! En effet, aux Antilles, il y a un gros problème d’adressage et bonjour la galère pour trouver une boîte de charpente sans adresse précise. Souvent, nous ne disposons que du nom de l’entreprise ainsi que son quartier et ce dernier s’étend sur plusieurs dizaines de km avec tous pleins de rues, de chemins et d’impasses… (Chapeau les facteurs au passage !) J’avais pourtant fait des recherches préalables sur la toile afin d’obtenir des précisions quant à la localisation de telle ou telle boîte pour gagner du temps sur place. Que nenni ! Premier introuvable, deuxième idem, troisième pareil malgré les multiples renseignements demandés aux habitants… On tourne et retourne. De plus, nous avons une voiture de loc’ malheureusement très in aux vitres bien teintées. Et sous la pluie et le ciel tout gris, c’est vraimentla misère pour voir quoi que ce soit… Mais il fait nuit où quoi !?
Conclusion, on a réussi à déposer qu’un seul de ses CV. Pourtant, à peine une heure après, ils le rappelaient déjà. Rendez-vous pris direct dans la demi-heure et hop, JR tombe par hasard sur un ancien collègue de Bretagne de chépahou et hop, et bien embauché car effectivement ils cherchent en ce moment ! C’est dans la poche…
Le monde est décidément tout petit petit… :)
Voilà, un poids en moins. Il commence d’ici quelques semaines. Va falloir s’occuper des détails pratiques maintenant, genre trouver une voiture, se mettre en règle par rapport aux douanes, caréner, terminer le gréement…
Nous quittons aujourd’hui notre mouillage pépère pour revenir vers Pointe-à-Pitre. Sans regrets car nous sommes dimanche, jour de prise en main des bateaux de loc’ qui viennent ici goûter à leur tout premier mouillage. D’ailleurs, c’est une horde de 15 bateaux qui vient de débarquer et il en arrive encore. La majorité sont des catas avec chacun à bord une dizaine de jeunes aux hormones débordantes… Ca crie, ça tente de mouiller, et bon finalement, ça se mouille dessus… Le pauv’ bonhomme de la boite de loc’ qui leur apprend la manœuvre est complètement dépassé ! En plus, les premiers arrivés sont maintenant tous en rad’ de moteur dans leurs annexes mdrr… On apprendra plus tard que c’est en fait une classe de fac’ en vacances… Ah et l’un des seuls monocoques du groupe a bien failli nous refaire la coque, son étrave est passé à une dizaine de cm de nous ! On a flippé !
Bon on se sauuuuve et viteuh ! Rhoo… Ah tiens, on a mouillé du premier coup à l’îlet à cochons.
Comme quoi… :)
Quelques photos pour finir…
Dans la forêt humide de Basse-Terre
J’vous ai dit qu’il a bien plu ? Voici la Cascade aux écrevisses…
Euh normalement, elle ressemble à ça et on s’y baigne !! ;)
Alors, quoi de neuf sous les tropiques !? Je reprends le clavier avec un peu de retard mais pas de souci, tout se passe bien pour nous.
Donc pour reprendre un peu l’histoire, et même si vous le savez déjà, nous sommes bien arrivés en Guadeloupe il y a maintenant un petit moment… Un bord direct depuis la Dominique et plutôt sympa dans mes souvenirs ! Arrivés dans le petit cul de sac Marin, nous avons tenté de mouiller juste devant l’entrée de la marina mais quelle galèère… Trop de bateaux, à peu près 10m de profondeur avec un fond de boue pas très sain. Bref, nous sommes partis nous poser un peu plus loin, devant l’îlet à cochons en contournant bien… le banc des Couillons !
Et là, bah on a REgaléré comme pas possible pour crocher ! A chaque marche arrière, Renaissance ne cessait de reculer. C’en était vraiment à s’arracher les ch’veux ! On était maudits ! Et puis enfin, la cinquième ou sixième tentative fut la bonne. Accroché ouf ! Nous nous trouvons en fait dans un port de commerce où les fonds sont pas mal remués par le passage continuel des gros cargos et il doit y avoir aussi un certain dépôt superficiel de matières pas glop… Tout ça ne facilite pas l’ancrage.
Mouillage îlet à cochons
Ensuite quand le ciel a enfin arrêté de chouiner, nous sommes partis à terre découvrir ce qui va être notre nouvel environnement pour les mois à venir. Oui, je n’vous ai pas dit : c’est bon ; on reste ici… En fait, j’avais demandé une place de port pour 6 mois dans la marina Bas du Fort et je n’avais pas eu de réponse. Enfin si, mais alors un mail avec un espèce de charabia incompréhensible qui au final ne nous avançait guère. Bref, c’est toute stressée que je suis allée demander au bonhomme de la capitainerie si nous avions bien une place réservée. Et là, il me dit : « Bateau Renaissance, mais oui ! On vous attendait hier ! » Ah euh hein quoi !? Non non… En fait ils s’étaient plantés d’un mois… Mais pas grave, on s’en fout, c’est bon, on a la place jusqu’en novembre Yes !!
L’accueil était tellement cool et sympa qu’on s’est offert tout de suite quelques jours au ponton. Direction donc le spacieux ponton d’accueil où un marinero est venu nous aider à l’amarrage. Bien utile car comme au Marin, il faut choper la bouée… Bon à savoir, ils font un forfait de dix nuits utilisable sur un an bien plus intéressant au niveau tarif. Eau, électricité et wifi (aléatoire) tous compris ! Et attention… Super machine à laver de 7kg à … 3 euros ! A ce prix, tout le linge et les coussins du boat vont y passer :)
La marina de Bas du Fort est tranquille, agréable et bizarrement, loin d’être pleine. Pour info, j’avais également fait une demande au port du Marin qui nous a répondu que nous étions 22ème sur la liste d’attente…
On s’est promené dans les environs et on a découvert la zone technique avec ships et services assez complets. Le rendez-vous est pris pour sortir de l’eau Renaissance avec un bon pour un carénage bien mérité ! Oh la jolie pompe à chiotte qu’on cherchait partout ! Cool, par contre, pour notre pièce de guindeau pétée, ce n’est pas gagné…
Le quartier de la marina est assez au retrait par rapport à la ville de Pointe à Pitre. Nous nous y sommes rendus en annexe car il est possible de débarquer dans la darse juste au niveau du marché municipal.
Les gogos du marché
Là, on a découvert une ville pas super jojo ! Des barres d’immeubles comme en banlieue parisienne, une architecture à fond bétonnée, des peintures grisâtres, décomposées par le climat tropical et peu d’espace pour respirer les doux pots d’échappement des files ininterrompues de voitures… La mairie est particulièrement étonnante. Comme on peut le voir sur cette photo de Wiki, c’est un blocaus assez intimidant !
Mairie de PAP
Maintes fois détruite (incendies, séisme, cyclones…) et reconstruite, on peut néanmoins comprendre les architectes qui ont finalement opté pour un matériau en dur peu cher. Nous n’avons pas fait tous les quartiers de PAP mais peut-être que cette vilaine première impression se dissipera plus tard ?
Bon c’est pas que, mais les vacances se terminent… Aller hop, c’est parti pour louer une voiture et pour courir les hosto et les boîtes de charpente !
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