Samedi et dimanche, nous avons loué une voiture pour visiter l’île en toute liberté. Et après ces deux jours, avouons le c’est bien la première fois que nous regrettons presque de l’avoir fait. Nous en restons assez perplexes. D’un point de vue purement touristique, nous sommes restés un peu sur notre faim. L’île est fortement rurale et les paysages que nous avons croisés sont pour la plupart des étendues de plaines agricoles, de plantations de bananes, d’agrumes, de cacao, de tabac et de cannes à sucre… Pas mal de steppes arides aussi. On la pensait plus verte et finalement elle ne possède que peu de forêts, à peine 10% du pays. Dans le même esprit, on en a 30% en France… Mais ayant comme malheureux exemple son voisin Haïti tout déboisé, la lutte contre la déforestation est un des principaux enjeux environnementaux en République Dominicaine. Près d’un tiers du territoire est maintenant protégé et classé en parcs naturels.
Nous sommes également passé par les montagnes et la cordillère centrale en essayant de pousser jusqu’à Jarabaccoa et Constanza afin d’approcher la Pico Duarte, le plus haut sommet des Antilles ! Un peu de nature, c’est ce qu’on cherchait… Mais bon.
Du côté de des montagnes orientales…
Cordillère centrale…
En ville…
Alors bien sur, nous n’avons eu qu’un tout petit aperçu du grand pays qu’est la République Dominicaine et notre ressenti en est peut être faussé. Déjà d’un point de vue pratique, nous nous sommes heurtés à une difficulté de taille : les conditions de circulation et la signalisation routière. A savoir qu’il faut posséder de très bons réflexes pour conduire sur le sol dominicain et avoir des yeux partout même dans le dos ! Le moyen de locomotion le plus courant est la moto. Pas ou peu de casques et il n’est pas rare de voir des véhicules chargés de 3 ou 4 personnes avec des bébés dans les bras ou croulant sous divers matériels. Les limitations de vitesse et les feux placés après les carrefours sont rarement respectés. En fait, chacun fait à sa sauce en klaxonnant à chaque fois qu’il veut passer ! C’est folklo et assez stressant pour nous ! Sur l’autoroute, on rencontre de tout, de la charrette aux gamins qui traversent en courant, du camion qui prend sa pause aux motos qui font demi tour et viennent à contre sens… On double indifféremment à droite ou à gauche. Les panneaux d’indication sont quant à eux d’une rareté désespérante, parfois même inexistants. Nous avons eu du mal ou nous n’avons pas pu tout simplement atteindre les destinations choisies.
Carrefour à Boca Chica
Au détour d’une rue…
Artisanat sur le bord de l’autoroute, tapis fait main…
Bref, nous en revenons avec un sentiment mitigé. Je crois aussi que nous ne nous attendions pas à voir autant de misère ici. Nous avons découvert l’envers du décor, très très loin de l’image véhiculée par les nombreux Resort Tout Inclus genre Punta Cana qui vendent de la plage et de la carte postale. Paradis artificiels pour touristes étrangers, complètement coupés du monde extérieur avec barbelés, murs infranchissables et vigiles armés…
Pauvreté, insalubrité et conditions de vie misérables dans des quartiers plus que miteux ou dans des campagnes totalement isolées. 40% de la population totale (10 millions d’habitants) vivent en dessous du seuil de pauvreté.
Santo Domingo, loin de la cité coloniale…
Maison plutôt cossue…
Cocoteraie géante dans le centre de l’île
Bien évidemment comme dans tous les pays pauvres, la lutte contre la pollution n’est pas la priorité du jour. Aussi, c’est souvent qu’on voit les gens balancer leurs déchets à même le sol ou tout vider par les vitres des voitures. Mauvaises habitudes bien ancrées dans la culture. De nombreuses décharges apparaissent ici et là et les poubelles sont souvent pleines à craquer, le ramassage étant insuffisant. Beaucoup de véhicules pouilleux crachent si noir que t’as tout intérêt à arrêter de respirer le temps qu’ils passent. Au dessus de la capitale, flotte réellement un nuage noir suffoquant que la chaleur ambiante n’arrange pas. Les habitations sont fréquemment faites de tôles et de bois, c’est souvent la débrouille, parfois des bidonvilles. Que penser des gamins pas plus haut que trois pommes qui tendent la main pour avoir un pièce, de la prostitution, de ces gros vieux blancs à la recherche de viande fraîche, de ces cabanas les maisons de passes, des conditions de vie des haïtiens souvent les plus mal lotis ? A coté de ça, d’énormes panneaux publicitaires pour de monstrueux Hôtels ou Golfs fleurissent sur les routes. Photographies de touristes blancs souriant sirotant tranquillement un cocktail face à la mer… A chaque grand carrefour, ce ne sont pas deux ou trois personnes mais bien une douzaine qui se jettent sur les voitures arrêtées le temps d’un feu rouge, pour tenter de vendre une bouteille d’eau, des bananes, des mangues, des chargeurs de téléphone portable, des cerfs volants, des copies de CD…
Un truc qui m’a frappé aussi, c’est le recours aux barbelés qui sembleraient inévitables. Même les champs de cannes en sont entourés…
Campagne au sud
Prévention routière (bière Presidente)
Ambiance latino-caribéenne garantie, les villages sont animés et bruyants de vie ! Nos oreilles vibrent, le Reggaeton boom boom hurle pratiquement dans tous les bars… Partout où nous sommes arrêtés, nous avons rencontré des gens souriants et aidants.
Ce que je vous raconte est peut être un peu noir… Je peux facilement imaginer que la République Dominicaine a bien quelques trésors à offrir, et il est probable que nous n’avons pas su les trouver.
Sûrement un manque de temps… (et de carte routière précise ! ;) Je pense aussi que nous aurions été dans les zones lissées pour touristes genre la cité coloniale, les grottes aménagées, Altos de Chavon et le village des français, notre sentiment aurait été différent. A tord peut être, on a préféré la vadrouille mais je pense qu’on a vu là un peu plus le vrai visage du pays…
NB : Location de voiture chez « Best Deal Rent A Car » à Boca Chica près de la station service Shell, 25 euros la journée, très pro et surtout très gentils !
Plage de Macao
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