Nous sommes partis à 11h30 de Gran Canaria sans un souffle de vent. Les lignes de traine sont déjà à l’eau, sait-on jamais…
Nous longeons la côte et nous apercevons de là le roque Nublo, sommet où nous étions il y a peu de temps… Un petit vent très léger nous permet ensuite de faire taire le moteur. L’île s’éloigne peu à peu derrière nous… Tiens ! Mais ça moutonne drôlement devant ! (Cool, on va pouvoir passer à la vitesse supérieure parce que là, on se traine un peu.) On décide de prendre un ris en prévision… Et ça le fait ! Un moment seulement… Car le souci, c’est que le vent monte encore progressivement. On en est à 20, 25… 30 nœuds ! Au portant, ça irait mais là nous sommes au près et ça devient, comment dire, un peu costaud. La mer a changé de visage ; elle est maintenant toute blanche et les embruns volent. Une mauvaise houle se lève et vient nous taper sur le travers. A la première vague sournoise, nos shorts et tee-shirts sont dégoulinants, on est tremp’. Le vent monte encore, là on rigole de moins en moins. Génois et grand-voile diminuent au fur et à mesure. J’essaie de nous convaincre que ça ne va pas durer, que nous devons être dans une de ces zones d’accélération du vent décrites par le bouquin… Et bien non, ça dure pff. Pourtant les prévisions ne donnaient pas plus de 15 nœuds, et ce Ténérife-trafic qui continue d’annoncer 2 à 3 sur la VHF rrr !
Selon bouquin, faut s’méfier…
Maintenant les vagues nous passent carrément par dessus, le bateau est lui aussi trempé. Aaah bonheur que cette capote ! Gilets et vestes de quart sur le dos, on ne s’amuse plus du tout. Bon aller bientôt la fin, plus que… Quatre heures comme ça, ah désespoir ! Bizarrement Yoda reste tranquille. Ca change, elle qui d’habitude ne peut s’empêcher de sortir quand il n’faut pas. On la trouve affalée de tout son long sur le plancher, la bête dort… Plus tard, une grosse et méchante vague nous fait spectaculairement giter, le pont est dans l’eau. Carrément flippant. Obligé d’abattre, on ne tient plus du tout le cap. On doit revoir notre point d’atterrissage. L’éolienne s’emballe, et lâche dans un sifflement inquiétant, exactement comme lorsque nous avions passé le cap Finisterre en 2010. Chiotte ! Elle hurle maintenant et on a vraiment l’impression qu’elle va nous exploser dessus dans les minutes qui suivent. Non, JR maitrise la chose et l’harnache fermement.
La côte est devant et le rodéo est enfin terminé. On n’a rien pêché ; évidemment les lignes volaient derrière nous. Il fait nuit noire lorsque nous arrivons au sud de la Montana Roja sur la côte est de l’île. Nous espérions trouver ici un mouillage abrité, bah c’est loupé. De plus, dans la zone, il paraît qu’il y aurait quatre bouées pour l’ancrage d’un cargo ravitaillant l’aéroport en carburant, un pipe-line ainsi qu’un cable sous marin… Nous on voit que dalle car des espèces de gros projecteurs éclairent la baie depuis la route. On entend juste les vagues se fracasser sur les rochers qui semblent bien proches. Par prudence, nous n’osons pas trop nous rapprocher et mouillons l’ancre un peu en retrait. Nous savons évidemment qu’après cette journée pourrie, bah la nuit le saura tout autant hum… Haha, bienvenue à Tenerife !
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