Mercredi 12 décembre 2012, nous quittions le Cap-Vert pour nous élancer à notre tour sur la route des Alizés. Et seize jours plus tard, nous voici, posés à l’ancre, dans une magnifique baie de la mer des Caraïbes.
Les journées de mer se sont enchainées les unes après les autres et finalement, à l’arrivée, on se dit que c’était quand même pas la mer à boire ! :)
Sur l’ensemble de la traversée, nous avons eu de belles conditions de navigation.
Le vent nous a accompagné tout le long du chemin. Oué, sauf qu’à mi-parcours, voilà pas qui qui se pointe ? Un anticyclone qui nous barre la route ! Il nous a donc fallu descendre un peu plus au sud que prévu et au final, nous n’avons écopé que d’un seul jour de vraie pétole. Bon, parfois trop faiblard, il nous a quand même bien enquiquiné lorsque les voiles ne tenant plus, se déventaient sans cesse. Et alors là, c’est la cata. Le capitaine râle après son bateau, moi après lui, et la situation devient vite tendue entre nous ! Dilemme, moteur ou non ? On avance encore et il faut économiser nos réserves de carburant. Nous n’avons que trois jours de propulsion et les batteries font parfois la tronche… Pas toujours facile d’attendre le vent quand la bôme ou le tangon mettent des coups de bélier dans le mât hein… Heureusement, il y a aussi ces moments où le loch affiche fièrement nos 7 nœuds et que Renaissance file droit sur le bon cap !
Durant la première semaine, la mer a été super sage. Navigation confortable au possible, que du bonheur !
Conscients de ça, nous avons pu apprécier ces supers journées où la ligne d’horizon était presque parfaitement plate. A contrario, la deuxième semaine a été… rude ! La houle ne nous facilitait pas la tâche. Elle nous balade, elle nous fatigue. Il faut en permanence s’agripper, se cramponner et tenter d’anticiper les mouvements anarchiques du bateau. Faut aussi ouvrir les placards au bon moment, sinon tout le contenu vous tombe dessus…
Faut manger dans des bols et éviter les plats en sauce ! Après deux chutes, notre cocotte minute a maintenant des blessures de mer. Un côté enfoncé et une poignée pétée ! C’est avec elle que j’ai fait un sacré vol cuisine – table à carte lors d’un coup de gite… Marre de se cogner et de se fracasser les orteils ! Là, on a commencé à dire : vivement l’arrivée. Sinon, pas l’ombre d’un mal de mer à l’horizon hourra !
Yoda le matou a bien géré son équilibre. Elle est trop marrante et s’en sortait cent fois mieux que nous. Elle Anticipait avec un grand A. En fait, même quand y’avait pas de houle, elle tanguait ! :)
Sinon, une vague venue se fracasser sur la coque juste sous son nez l’a terrorisée. Du coup, elle faisait beaucoup moins la casse-cou et rentrait dare-dare se cacher au moindre embrun… Et mad’moiselle a réussi à s’enrhumer en mer par 25° !
Laissez-moi sortir !
Parfois on entend parler « d’autoroute » des Alizés, en raison du nombre important de bateaux qui traversent chaque année à la même époque. On s’attend alors à en croiser quelques uns. Et non ! Que dalle ! Enfin si, un seul et unique voilier le lendemain du départ… Par contre, on a vu quatre cargos dont un qui n’est pas passé bien loin de nous une nuit. Monstres vite apparus, et vite disparus aussi… Sinon on est tout seul ! Enfin, à portée de vue et de VHF quoi…
Grouille toi de te lever !
Côté pêche, ça n’a pas été aussi facile qu’espéré. Première journée au top : 6 touches et… 6 décrochées mdr ! Je n’vous raconte pas la suite. Le souci c’est que les prises sont ici bien trop grosses pour le matos. Et le « petit leurre = petit poisson » ne fonctionne pas comme nous l’a démontré une énorme coryphène qui s’est goulument jetée sur mon mini poulpy. T’as beau mettre des tendeurs pour compenser, des gros hameçons bien pointus et du nylon en conséquence, et même de l’acier pour les bas de ligne, ils t’arrachent tout ! Alors tu finis par faire toi-même tes leurres avec un bout d’écoute effiloché et ça marche. Bref, sur toute la navigation, nous avons réussi à remonter 3 coryphènes et 1 thon. En fait, nous avons pêché autant de poissons qu’on a perdu de leurres…
A manger pour plusieurs jours !
Thon ou bonite obèse ?
On a pu également voir des dizaines et des dizaines de poissons volants (exocets) qui, une fois en l’air, couvrent plusieurs centaines de mètres avant de se scratcher brutalement ou de rebondir sur une vague. La nuit, les pauvres s’assomment sur le bateau et au petit matin, c’est l’hécatombe. Le pont est jonché de cadavres… Y’en a même un qui est arrivé jusque dans le carré !
Des dauphins ? Oui vus par trois fois mais ces rencontres furent très et trop furtives.
Et la veille de notre arrivée sur Tobago, nous avons été surpris par le grand nombre d’oiseaux de mer qui nous tournaient autour…
Parfois le temps passait vite, parfois beaucoup moins. Bon faut pas se leurrer, 16 jours de nav’ c’est looong et on est bien content quand ça se termine ! Pour les quarts de veille durant les nuits, il n’y avait pas de règle établie. Celui qui est vaillant veille, celle qui l’est moins ronfle… :) Non, grosso modo, ça allait mais un petit minuteur qui dring toutes les 20 minutes rassure… Et puis y’a aussi sieste le matin / sieste l’après-midi.
Nous avons encore perdu quelques heures par rapport à la France durant la traversée mais on ne s’en préoccupait pas. Les journées se décalaient peu à peu et notre rythme aussi…
Et puis voilà, un beau matin, une grosse tache sombre est apparue sur l’horizon. L’île de Tobago était là et elle nous tendait les bras. Fin de l’aventure ! Quelques heures encore… Et tout un groupe de dauphins survolés par des frégates sont venus nous accompagnés jusque dans la baie de Charlotteville, au cœur de la nature. Tout y est vert et exubérant, les oiseaux piaillent, le contraste est fort avec ces 16 jours passés dans le bleu. On est arrivé, on l’a fait et hum ça sent déjà la super escale… :)
Mention spéciale pour le pilote auto, pour l’iridium, pour Cyril et Lucas… ;)
Le bateau va super bien et nous a conduit à destination sans sourciller !
Côté tech’nique, une connexion batterie oxydée donc mauvaise charge le temps que JR rétablisse ça,
et surveillance +++ des écoutes de génois fragilisées par le tangon…
Recherches qui ont permis de trouver cet article :
- https://voyage-de-renaissance fr/cap-vert/en-route-pour-les-caraibes/
Cinq jours déjà que nous sommes sur Sao Vicente. Juste avant, nous avons jeté l’ancre sur l’île déserte de Santa Luzia mais malheureusement nous y avons subi un vent à décorner les bœufs ! Rafales à 40 nœuds en permanence, nous n’avons pas osé rejoindre le rivage, ni explorer l’environnement sous-marin… Et par une journée d’harmattan (vent chargé de sable ocre venant d’Afrique), avec donc une visibilité très réduite, nous avons entrepris de rejoindre Mindelo par le nord de l’île.
Nous avons passé quelques jours au mouillage, puis un, puis deux puis finalement trois jours au port, bien plus pratique pour les préparatifs du bateau. Mindelo est une grande ville, on y trouve pratiquement tout ce qu’on a besoin (ou presque). Ainsi nous avons enchainé corvées d’eau, d’avitaillement, de gasoil, les lessives, le remplissage de nos bouteilles de gaz, le nettoyage du boat, les formalités de sorties…
Marina et mouillage de Mindelo, Yoda y a fait son second plouf !
Si ça peut servir aux suivants :
Remplissage de nos bouteilles Butagaz cubes chez Enacol avec l’embout qui va bien, 8 euros les 6kg. Faut compter quelques jours…
3 laveries dont une en self-service, magique !
Clé 3G pour le net, c’est rentable pour tout le Cap-Vert…
Une boulangerie délicieuse, un supermercado relativement bien achalandé où on trouve même de la viande, marché aux poissons et 2 marchés fruits/légumes…
Chez l’allemand : 30euros/jour pour Renaissance. L’eau est en plus ! Petit ship à côté de la marina.
L’annexe quand on est au mouillage est à laisser au ponton Fishing prêt de la vedette de secours. On laisse quelques pièces en remerciement. Sinon, c’est 4 euros/jour au port !
Dans les rues de la ville…
Et puis voilà, J-1, on y est ! Fin de notre aventure capverdienne ; nous en garderons des souvenirs sympas même si je pense que nous n’avons fait qu’effleurer le pays. Le bateau est maintenant plein à craquer et nous sommes sur le départ… Cap à l’ouest !
Nous prévoyons de rejoindre l’île de Tobago, juste en dessous de Grenade, et ensuite de remonter tranquillement l’arc antillais. 2100 milles sont au programme, soit 15-20 jours de mer olé ! C’est avec un peu d’appréhension mais aussi avec beaucoup d’impatience que nous devrions larguer les amarres demain en fin de matinée… Ça fait tout bizarre de se dire que ça y est, que c’est notre tour quoi ! Depuis le temps qu’on en parle de cette fameuse transat’ hein…
Donc souhaitez-nous belle mer et surtout bon vent !
A la prochaine, de l’autre côté de l’atlantique… :)
Une tite pensée pour Barbe Roots et pour Contre-temps, que les ennuis techniques sont venus ennuyer. On se rejoint là-bas !
En route pour se dégourdir les gambettes ! Nous partons à l’assaut d’un des nombreux canyons de Sao Nicolau. Nous contournons l’école du village pour nous trouver un passage entre les porcheries… Surprise, la piste sablée stoppe net. La balade consistera donc à remonter le lit d’une rivière en sautant de cailloux en cailloux !
Au fur et à mesure que nous pénétrons dans le canyon, nous sommes engloutis par les hautes falaises. Partout, des bébés biquettes discutent ou braillent pour appeler leur mère… La couleur ocre de la roche contraste fort bien avec le vert presque exubérant des quelques rares arbres rencontrés en chemin.
Chalut !
Les virages se succèdent sans fin et l’ensoleillement commence à baisser. On croit être arrivé au bout mais non, la rivière serpente de plus belle. Nous découvrons alors des murets qui servaient autrefois pour la culture en terrasse. Les terres remplies d’herbes folles semblent abandonnées depuis bien longtemps… Par contre, nous nous interrogeons un bon moment sur ce petit muret, en partie détruit, qui court sur une partie du versant sud avant de percuter ! Mais bien sur ! C’est une levada (ou du moins ses vestiges) comme on en trouve à Madère. L’eau était probablement acheminée jusqu’au village en contre-bas. Les sources sont nombreuses en altitude mais la côte est dépourvue d’eau. Quel boulot cela a du être de construire ces canaux d’irrigation…
Plus loin, le canyon se creuse considérablement. On se dit que la rivière qui coulait ici devait être sacrément grosse pour s’imprimer autant dans la roche… Afin de ne pas être coincés ici à la nuit tombante, nous nous résignons sagement à rebrousser chemin. Nous aurions pu continuer ainsi jusqu’au petit village de Hortelao, au pied du Monte Gordo…
Après une courte et agréable navigation de nuit, nous voilà maintenant sur Sao Nicolau ; l’île la plus rurale et la plus authentique du Cap-Vert car elle est restée à l’écart des circuits touristiques. De forme allongée, elle est soit-disant « raisonnablement montagneuse » mais son plus haut sommet, le Monte Gordo, volcan primitif, culmine tout de même à plus de 1300m. C’est donc un tout autre paysage capverdien que nous découvrons là. Canyons encaissés, vallées, et même verdure et humidité… Et ce, même si le versant sud de Sao Nicolau, où se trouve le mouillage principal, est bien plus aride que la côte nord.
Au petit matin, nous plantons notre pioche devant le village de Tarrafal ; port de pêche et de commerce de l’île. Devant nous s’étend une courte plage de sable noir, réputée pour sa qualité et pour ses vertus thérapeutiques. Peu de vent sur le mouillage actuellement, la quinzaine de voiliers présents barbotent paisiblement sur leurs ancres… Nous trouvons place à proximité du brise-lames, en croisant les doigts pour ne pas gêner les manœuvres du gros ferry qui débarquerait ici une fois par semaine. On verra bien hein !
Mouillage de Tarrafal et plage noire, iode et titane bons pour les rhumatismes…
Contraste entre architecture rurale (maisonnette plein pied à gauche en pierre et toit en bois/paille) et les nombreux autres bâtiments en ciment, à peine finis, sans toiture, ni peinture…
Nous débarquons d’abord sur la plage puis directement au quai des pêcheurs où là nous sommes accueillis par tout un groupe de gosses « gardiens d’annexe » qui proposent/imposent leurs services. Petite rémunération facile, c’est donc à celui qui choppera l’amarre en premier ! Première confrontation de ce type, nous en sommes un peu décontenancés… Dans la rue, ils nous appellent « Capitaines » et des gamins tous jeunes se proposent même pour aller gratter notre antifouling bien toxique sous la coque ! Arf, et l’école !? Et pourtant, et pourtant… Le Cap-Vert a un des meilleurs taux d’alphabétisation de l’Afrique de l’ouest. Mais soucy : grosses disparités car scolarité obligatoire mais payante…
Sur l’île, tous les bestios ont été importés. On croise une multitude de biquettes, souvent accompagnées de leurs petits, qui broutent placidement mais qui ne se laissent pas approcher. Aux odeurs, on reconnait sans difficultés les porcheries éparpillées sur les hauteurs de la ville. Et chaque soir, bonhommes mais surtout femmes vont et viennent pour les nourrir en portant le plus souvent la bassine de bouffe sur la tête… Pas mal de vachounettes aussi ! Et trois poules ! Et… Y’a le mystère des moutons sacrés, bêtes ou précieuses ou fragiles devant être parquées et cachées du regard des gens derrière de hautes grilles/tôles… Voilà, j’arrête avec mes descriptions animalières, c’est la campagne quoi ! :)
Tout au bout là-bas, un grand hôtel pas fini mais déjà à l’abandon…
Gamins pêcheurs qui eux ont le coup de main !
Le Cap-Vert est réputé pour ses eaux très poissonneuses et pour être ainsi un bon spot de pêche sportive. En effet, chaque jour, les pêcheurs du coin ramènent de très belles prises. Parmi celles-ci, thons énormes, espadons, marlins bleus tant convoités et parfois même… squales ! Parlons-en, paraîtrait qu’il n’est pas rare que ces requins viennent rôder dans le mouillage une fois la nuit venue attirés par les restes de poissons près du port… Paraitrait aussi qu’une fois, on en a vu un de plus de deux mètres juste à côté des bateaux en journée. Et paraitrait même qu’un plaisancier se serait fait bouffer les mains au mouillage en vidant un poisson… Mouai. C’est ce qui se raconte par là ! Radio Ponton adore ces histoires-là… :)
Toujours est-il qu’en voyant quotidiennement des mômes, pas plus grands que trois pommes, ramener avec facilité plusieurs poissons d’affilés, et bien j’ai eu envie d’essayer ! Hop, j’attrape une ligne plombée ainsi qu’un hameçon. Au bout, j’essaie d’y faire tenir un morceau de poisson-volant séchant sur le pont depuis deux jours. Et à l’eau le bazar ! Peut-être un coup de pot mais c’est une réussite ! 1er jour : cinq petites carangues, 2ème : un joli baliste et pour finir : un moche carrelet ! Classe ! Tiens et on a eu aussi la chance de découvrir le mérou rouge ou Garoupa (très miam) sur Contre-temps, « petit cata » (hein ? :) également au mouillage… Salut au passage aux basques du sangria vert ! ;)
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