Temps lugubre, nous quittons l’Anse Mitan pour rejoindre le mouillage de Saint-Pierre. Les grains se succèdent mais par miracle, nous parvenons à éviter la pluie.
Arrivés sur place, nous tournons quelques minutes afin de voir où il est possible de poser l’ancre. La rade est grande mais présente alors trois difficultés : une zone à épaves interdisant tout mouillage, des fonds accores et des bateaux à l’ancre éparpillés dans tous les sens par manque de vent… Ou sont leurs ancres ? Bref, nous nous avançons vers le rivage et plantons la pioche par 9m de fond ! De la chaine, une bonne marche arrière de traviol’ et nous sommes crochés ! Le vent souffle peu ici mais vient ici de tous les côtés. Et lorsqu’il arrive de la terre, c’est 20m que nous avons sous la quille eurk ! Faut pas qu’ça souffle…
Joli le cadre, non ?
Nous devions partir pour la Dominique le lendemain mais finalement nous resterons deux jours dans ce mouillage au pied de la montagne Pelée. Principalement parce qu’on a loupé le coche pour faire les formalités de sortie du territoire… On a donc pu prendre le temps de découvrir cette ville chargée d’histoire. Saint-Pierre la belle, la grande, la cultivée, la glorieuse, la ville lumière… Anéantie ! En une minute trente, la terrible éruption de la montagne Pelée en 1902 fit 30.000 morts et rasa complètement l’ancienne capitale des Antilles françaises.
Aujourd’hui, Saint-Pierre s’est relevé et est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Les ruines sont entretenues et parmi celles-ci on tombe notamment sur celles de la prison. Tout au fond, un cachot aux murs épais et aux ouvertures étroites a sauvé l’un des deux seuls survivants de la grande catastrophe…
Le cachot de Cyparis…
Bord de mer, Pelée nous montre sa tête !
Côté nord du mouillage
Ah les joies de la baignade…
Bon, les prévisions sont bonnes et nous avons récupéré notre clearance de sortie… Au revoir la Martinique. Maintenant, zou’ sur la Dominique ! :)
Lundi 25 mars, nous sommes partis direction l’aéroport pour récupérer belle-sœur et belle-maman avec nous pour une dizaine de jours. Une fois ces deux touristes à la peau blanche fluorescente récupérées, nous avons enfin pu lever l’ancre pour aller voir ailleurs. Les mouillages se sont succédés tranquillement malgré un temps loin d’être au beau fixe.
Pluie et vent quasi quotidiennement, nos deux invitées ont vraiment été gâtées ! Aller en deux mots, nous sommes passés par Saint-Anne, la Grande Anse d’Arlet (sur bouées gratos pour le moment, alors rouleur), l’Anse Noire (légèrement étriquée), l’Anse à l’Ane (pépère), Fort de France (ville beaucoup plus sympa qu’imaginée), les Trois Ilets (très calme, très légèrement glauque), la Cohée du Lamentin (ou « le no man’s land », bien glauque) et enfin par l’Anse Mitan (Oui, là où on trouve un énorme hôtel abandonné au niveau de la Pointe du Bout mais surtout un Magnifique Wifi Gratos youhou !! Et des récifs cools aussi, nous y avons vu notre première petite pieuvre…).
Grand Anse
Trois îlets, rentrés juste à temps !
Les piscines d’Anse Mitan
Bibliothèque Schoelcher
On a voulu tester quelques fruits typiquement d’ici, comme l’abricot pays, et d’autres dont j’ai complètement oublié le nom, mais là, déception : saveur curieuse certes (genre « silicone ») mais vraiment immangeables. Peut-être que nos papilles ont besoin de s’acclimater à ces découvertes ? Lors de notre tout premier jour à quatre, nous sommes montés jusqu’à Fonds-Saint-Denis pour se faire le Canal des Esclaves/de Beauregard.
Pas trop l’vertige, belle-soeur ?
Rando tranquille, au beau milieu d’une exubérante nature, le long d’un canal ressemblant aux levadas de Madère.
A mi-parcours, on croise deux gus qui nous préviennent : « Attention mygale à 100m » ! Ouuuaai c’est ça, petits farceurs… On s’marre ! Et en fait, bah juste un peu plus loin, la huit-pattes est bien là ! En plein sur le muret qui nous sert de piste… Une grosse velue noire et rouge qui nous fixent de tous ses yeux… Nous contournons l’immobile et continuons notre bout de chemin.
On apprendra plus tard que c’est une Matoutou, à la piqûre non mortelle mais un peu venimeuse tout de même ! :)Matoutou Falaise, jolie !
Et puis voilà, à peine arrivées, et c’est déjà l’heure du retour. Après nos au revoirs devant le taxi, nous sommes retournés sur le bateau pour libérer notre tigre adoré. Et après cette dizaine de jours passée en famille, on se sent bizarrement seuls. Un peu de déprime vit’fait et puis la grosse incertitude concernant les mois à venir… Il nous faut revenir un peu sur terre. Bref, c’est l’heure des grandes questions. Qu’est-ce qu’on fait les mois prochains ? On pose toutes les possibilités. On a un peu envie de rentrer mais pas tellement en fait… Un peu quand même. Bon et si on prend la décision de rentrer, on hiverne le bateau sur les Caraïbes ou on se fait la transat’ retour cette année ? Non pas la terrible transaaaat’ retour ! (Plus longue, plus « difficile », à la mauvaise réputation et aux vents plus incertains…). On est début avril, encore assez bas géographiquement et surtout, psychologiquement pas prêt à s’retaper une traversée mdrr ! Faudrait se mettre un grand coup de boost’ et… Pff vraiment pas envie quoi. Et puis, il y a aussi les îles du nord à découvrir nan ? Bon et si on rentre en avion, on le laisse où le bateau ? Au sud, forcément, pour éviter les cyclones. Grenade ? Même pas couvert par notre assurance. Trinidad ? Pouah… Mais c’est pas donné les chantiers (plus l’avion et tout et tout…). Venezuela ? Hum… Est-ce que ça craint toujours autant qu’on le dit ? Mais est-ce que ça vaut le coup d’aller vérifier ça pour quelques euros en plus ? Et les ABC ? Et Yoda, peut-elle prendre l’avion sans soucy dans tous ces pays-là ? Tiens et le convoyage, est-ce que c’est vraiment cher ? On aimerait bien boucler la boucle nous-même mais bon…
Bon vu les frais et les démarches à prévoir et puis face à notre pas envie d’abandonner Renaissance tout seul, on finit par se dire qu’on va tout tenter pour rester sur place.
Donc cela veut dire ; 1/ trouver où mettre le bateau et puis 2/ dégoter du boulot.
Ce sont nos deux impératifs du moment !
Nous voici donc à guetter toutes les offres d’emploi. Au mieux en Martinique – Guadeloupe, au pire chez les bisounours à Saint Martin – Saint Barth. J’ai le mail particulièrement excité et je tente une réservation dans tous les ports du coin pour une période de six mois ! Ouai je sais j’ai de l’espoir… On aimerait être à quai parce qu’il faut reconnaître que c’est tout de même plus confortable. Moins économique, c’est sur mais je vous laisse imaginer le tableau : troisième jour de semaine, troisième levé à l’aube pour embaucher, un quart d’heure d’annexe sous des trombes d’eau, un moteur qui cale… Et puis, nous n’avons qu’une annexe pour deux !
Donc maintenant, nous sommes dans une phase d’attente. Les choses devraient peu à peu prendre forme…
On décide de retourner quelques jours au Marin pour se ravitailler avant de tailler la route plus au nord. Faut qu’on bouge…
Et puis c’est marrant les coïncidences… On arrive dans le cul-de-sac et là on voit le cargo qui convoie les voiliers et les bateaux à moteurs sur une transat’ alors qu’on en parlait pas plus tard qu’hier. On rencontre des gens super cools qui cherchent à convoyer un bateau sur une traversée retour. Et puis, on discute aussi avec des « habitués » qui fréquentent les Caraïbes également durant la mauvaise saison qui nous reboostent un peu. Oui, c’est vrai qu’on n’est pas si mal ici… :) Ils partagent leurs expériences et répondent à toutes les questions qu’on se pose par exemple sur les méchants et vilains cyclones, mais bizarrement peu sur l’octroi de mer…
Le style de trucs bien sympas qu’on trouve ici… :)
Petite Anse au retour
Arrivée de la Transat’ Bretagne – Martinique
Fort-de-France vue de l’Anse à l’Ane
20 jours déjà que nous sommes arrivés en Martinique…
Renaissance a ainsi rejoint ses compatriotes au mouillage du Marin. Énorme mouillage que voilà ! Nous sommes dans un cul-de-sac hyper bien protégé, entouré de mangrove, qui accueille grosso-modo plusieurs centaines de bateaux à l’ancre ou sur bouées et près de 650 aux pontons de la marina. Ça en fait du plaisancier hein !
Au mouillage, quelques locaux et résidents mais surtout un grand nombre de voiliers de passage. Au port, on retrouve les bases de toutes les principales boites de location et de charter. Rien ou presque d’authentique dans la ville aux alentours qui est maintenant devenue une station balnéaire entièrement tournée vers le nautisme…
Mouillage pluvieux
Pour notre problème de gréement, nous nous sommes rapprochés du bonhomme spécialisé (sympa comme un pou sur la tête) et progressivement nous démontons câbles par câbles pour réinstaller les neufs. On (je) remercie au passage les précédents et vieux proprios de Renaissance qui avaient installé deux winchs électriques à bord ! Cela facilite actuellement beaucoup les nombreux aller-retours de JR dans la mâture…
Et pour ce faire, nous sommes allés trois nuits au port pour nous rapprocher de l’atelier. Faut dire qu’au mouillage, on est assez loin en annexe de la marina et de ses chantiers. Amarrage sur corps-mort devant et cul au ponton, un matelot nous aide à la manœuvre. Si vous ne voulez pas passer votre journée derrière la VHF à attendre qu’on vous appelle sur le canal 9, faut réserver par mail bien à l’avance… Si on passe sur l’espèce de pouf hautaine à la réception, l’accueil est normal. Ni sympa, ni horrible contrairement à tout c’qu’on peut entendre. Le prix de la place pour nous est de 18 euros/jour, eau et internet (très cher ; 12 euros les 10 h) en supplément… Et oui retour en France, tous les wifis sont fermés ou payants !
Lui aussi va avoir besoin d’un gréeur…
Sinon concernant le reste, la bande anti-UV du génois complètement décousue a été reprise par un voilier. Pour notre soucy de pièces cassées, c’est simple ; aucuns ships ne sont capables de nous les fournir. Ah, c’est ça d’avoir acheté un vieil anglais…
Faut voir maintenant si on peut commander direct chez le fabricant.
Bon, c’est mort pour la pièce du guindeau. Il faut qu’on se débrouille nous-même. Problème Simpson-Lawrence a été racheté et va trouver maintenant la bonne pièce avec les anciennes références ahah… J’attends la réponse d’un fournisseur anglais qui n’a pas l’air de vouloir se prendre la tête pour me renseigner. Sinon, peut-être trouver un bonhomme qui pourrait nous la tourner ?
Pour notre poignée de frigo pétée, le constructeur ne fait pas. Faut racheter la porte complète ! Mais bien suuur……. On laisse tomber, ça restera comme ça.
Les deux moteurs ont eu leurs révisions et les manettes HB sont introuvables ici. A voir sur le net à l’étranger aussi…
Si vous ne voulez pas être emmerdé par le changement d’une pièce de wc marins, oubliez le modèle sealock de RM69. Introuvable depuis qu’on a quitté le territoire français ! Mais ôh bonheur commandable ici… On patiente donc. Jabsco le concurrent, on le trouve partout lui.
Et pour finir sur le carénage et sa manutention, on s’est renseigné. Faut compter 700 euros ici sur Carenantilles. Mêmes tarifs qu’à Hendaye… La salade qui a envahit notre coque attendra donc bien encore un peu. Tant pis, on continuera à s’trainer en mer…
Donc voilà pour le côté technique, ça avance… très peu finalement.
Tartane, côte au vent…
On s’est aussi occupé du matou. Yoda est passée sur le billard il y a quelques jours et tout s’est bien déroulé. On a récupéré notre shootée au miaou désespéré l’après-midi même. Va bientôt falloir qu’on y retourne pour lui enlever les points, enfin si elle ne s’est pas tout arrachée avant hum…
Nous avons également passé quelques journées à arpenter les environs pour déposer nos CVs dans l’espoir de décrocher un boulot l’été à venir. J’ai en effet demandé un renouvellement de ma dispo pour un an puisque maintenant on le sait, de toutes façons, nous ne serons pas rentrés à tant à Hendaye pour que je puisse réintégrer mon poste.
Et pour l’instant, et étonnamment, c’est pour moi que ça bloque. Jean-Rémy aurait du travail mais aucuns hôpitaux ou structures, à proximité, n’ont de poste à pourvoir. C’est un peu le retour à la réalité… On pensait naïvement que ce serait assez facile de trouver du boulot dans nos branches, du moins comme en France quoi. Et bah non, c’est pas le cas. Bon j’attends encore quelques réponses, faut que j’en relance aussi, à voir quoi…
Campagne sur la Caravelle…
Et puis, on a loué une voiture pour nous échapper un peu de tout ça et pour découvrir l’intérieur des terres (Promolease 30 euros/jour). C’est qu’on commence un peu à tourner en rond ici… Tiens, on a retrouvé avec le parlé français et les gros supermarchés remplis de bouff’, les grands axes routiers, la forte circulation et les enseignes publicitaires placardées à tout va ! C’est vrai que plus au sud, y’a pas d’pub ! (roh la rime !) et que ça n’manquait pas vraiment…
Voilà, c’est tout pour le moment. Je vous laisse sur quelques autres photos martiniquaises…
Petite anse
Anse Charpentier…
La Trinité
Vers l’Ajoupa Bouillon, commune la plus humide de Martinique…
Quel âge à notre gréement ? C’est une grande question à laquelle nous n’avons jamais pu répondre. En effet, nous n’avons aucune trace de factures témoignant du changement du gréement de Renaissance.
L’enrouleur, un Rotostay, a lui été changé par les derniers propriétaires en 2004 avec l’étai on suppose…
Dans nos pièces détachées de réserve, on retrouve deux types de ridoirs différents laissant penser que le gréement a au moins été changé trois fois en comptant ceux qui sont en place. Le bateau date de 1983. En supposant qu’il a bien été changé tous les 10 ans : 93, 2003… On arriverait pratiquement à bonne échéance.
Bien sur ce ne sont là que des hypothèses. Si nous avions bien fait les choses, nous aurions du dans le doute regréer le bateau avant de partir. Oui mais voilà, financièrement et côté timing… Donc, on a tout simplement fait l’autruche. Faut savoir quand même que le gros stress de JR était/est de voir tomber le mât, surtout après leurs aventures. Donc ce dernier s’applique toujours à une observation attentive et très régulière du gréement… Oui, oui, je sais que l’inox ne prévient pas, qu’il se fissure de l’intérieur et tout ça mais bon que voulez-vous.
Bref, au jour d’aujourd’hui, nous sommes bons pour un changement total du gréement dormant. Ca tombe bien, il y a sur la marina un guss spécialisé là-dedans. Quant au montant de la chose, inutile d’en parler, ça fait mal, très mal ! ;) D’autant plus qu’il n’y a pas que ça à revoir… Voici notre liste des futurs gros frais :
> Changement gréement
> Enrouleur si indémontable
> Pièce guindeau pétée
> Poignée frigo pétée
> Génois bande anti-uv à recoudre
> Pompe à chiotte à changer
> Prévoir sortie d’eau + carénage
> Manette HB pétée
> Révision moteur
Et j’en passe……. !
Pauvre bateau, promis on va s’occuper de toi. Tu l’as bien mérité, t’inquiète on ne l’oublie pas…
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