Fin de matinée, après une nuit des plus calmes, nous quittons le mouillage de Viveiro pour reprendre la mer. Faute de mer, je devrai à présent plutôt parler d' »océan » mais bon, je ne me suis pas encore habituée :)
Le vent n’est pas là, nous faisons encore route au moteur. L’étendue saline est totalement plate et le soleil est des nôtres. Ah si seulement, Eole pouvait se réveiller un petit peu ! On cumulerai enfin toutes les conditions idéales pour une navigation parfaite… Oh, aurait-t-il entendu nos prières ? Et voilà une petite brise qui se lève.
Cette dernière nous permet de faire un bout de chemin sous voiles… Deux ou trois heures de silence, on apprécie. Et nos têtes aussi ! Oui, ça fait maintenant plusieurs jours où nous nous trimballons une bonne migraine chacun. Probablement le boucan du moteur, ou la luminosité, ou un peu beaucoup trop de cigarettes,ou peut-être un manque de sommeil (le Vrai sommeil ; profond et réparateur), et puis ptète également qu’on ne boit pas assez en ce moment…
Renaissance vadrouille tranquillement à une vitesse de 3,5 à 4 nœuds. Nous passons Portecelo puis Foz.
Le vent est complètement tombé quand nous commençons à croiser d’autres voiliers qui font des ronds dans l’eau devant l’entrée de l’estuaire.
Ribadeo, situé à l’extrémité nord-est de la Galice est à la frontière avec les Asturies. Le décor est toujours aussi sympa ; de petites falaises très découpées et pas mal de verdures dessus. Renaissance s’avance doucement dans la ria et passe sous le pont. D’ailleurs, on a toujours l’impression que le mât va toucher mais non ça passe :)
Bref, nous longeons soigneusement le port et les digues à tribord car de l’autre côté, il y a des bancs de sable. Le guide Imray nous parle d’un mouillage un peu plus à l’intérieur de l’estuaire après le port de pêche où nous devrions trouver une profondeur correcte pour poser l’ancre. Malheureusement, le mouillage se situe en fait juste à côté d’un gros quai en béton armé de quelques pneus. Nous avons donc renoncer à s’arrêter ici car même en avançant un peu plus loin, il n’y avait guère de profondeur… 40 cm d’eau sous la quille, Renaissance repart vers le pont.
Finalement, nous mouillerons pour la nuit tout à l’entrée de la ria de Ribadeo, dans un petit renfoncement entre les falaises situées côté nord-est.
Aïe, par contre en reculant pour tester la tenue du mouillage, nous avons entendu un gros « crac » au niveau de la chaîne. Bref, nous sommes bien accrochés et dans de la roche ! L’orin n’ayant pas été balancé pour ce coup, espérons juste que demain matin, nous ne soyons pas obligés de nous séparer de la chaine et de l’ancre !
La nuit fut très bonne ! Pas une seule onde n’est venue agitée le plan d’eau.
Le soleil fait sa grâce mat’ lorsque nous quittons la baie de Cedeira, qu’importe il se pointera un peu plus tard. Nous délaissons ce mouillage sympathique pour une grande ria un peu plus loin ; celle de Viveiro. Le vent de face, nous faisons encore route au moteur dans une eau si calme qu’elle nous permet de découvrir tout ce qui barbotte dedans. Et il y en a bien du monde là-dessous ! Nous croisons ainsi de très nombreux petits crabes orangés qui sont en suspension dans l’eau ou qui semblent bien se débrouiller à la nage. Tiens encore ces espèces de petits ailerons flasques qui bougent à la surface ! Qu’est-ce ? De drôles de poissons qui semblent un brin ralentis, tous ronds et tous plats qui nous regardent de leurs yeux idiots !
La route continue. Nous passions le Cap Ortegal lorsque le capitaine fut soudain atteint d’une envie subite de se prendre pour Tarzan, se pendant aux haubans comme à des lianes et poussant des cris suaves d’homme-singe…
Poisson lune !
Encore quelques milles et nous voilà dans la Ria ! Celle-ci est très grande, profonde et abrite les deux villages de Cillero et de Viveiro. Ce dernier possède une marina et en face, la plage de Covas constitue le mouillage principal de la baie.
Nous préférons délaisser marina et mouillage entre digues pour un tout autre situé un peu plus au nord. Nous jetons alors l’ancre par 4-5 mètres de profondeur au niveau de l’extrémité nord de la grande plage sous la Punta de Faro. Devant nous se trouve une jolie petite île qui nous protège de toute houle de nord-ouest. Ce mouillage est vraiment au top ! Le décor est magnifique et très calme.
Petit tour en annexe à la découverte des lieux sous un grand soleil ! Hourra, nous nous sentons de nouveau vraiment en vacances, avec petites nav’, mouillages grandioses de Galice et beau temps ! :)
Réveil nuageux sur la Corogne. Aujourd’hui, nous avions normalement prévu de faire 45 milles afin de passer le Cap Ortegal pour mouiller au niveau d’Epasante dans la ria de Santa Maria. Malheureusement, c’était sans compter le temps qui est devenu orageux pendant la matinée et qui nous a fait retarder l’heure du départ. Midi, le ciel tonne toujours et se pare de nombreux éclairs. Puis une heure plus tard, la pluie est là. Nous attendrons que cette dernière cesse afin de larguer les amarres vers le nord-est.
En route ! Renaissance n’arrivera pas au mouillage avant la nuit alors nous décidons de faire moins de route pour viser la baie de Cedeira à environ 30 milles après la Corogne.
Il n’y a pas un souffle d’air, nous avançons au moteur durant tout le chemin sur un océan agité d’une toute petite houle. Le ciel restera voilé jusqu’à nous arrivions à hauteur du mouillage. Alors quelques éclaircies puis un grand et haut soleil nous permettront enfin d’apprécier le décor qui se dessine peu à peu devant nous. Et quel décor !
Les falaises sont hautes, très découpées et couvertes de verdures. Renaissance suit ses alignements afin d’éviter les cailloux perdus et pénètre dans la grande baie de Cedeira. Ouverte au nord-ouest, celle-ci est pleine de corps-morts réservés uniquement pour les embarcations locales, des petits bateaux de pêche pour la plupart. Nous jetons l’ancre un peu plus au fond de l’anse par 4-5 mètres de profondeur sur un fond de sable.
Derrière nous se trouvent une grande plage ainsi que le village. Nous sommes cinq voiliers profitant de ce joli mouillage pour la nuit, mais il pourrait largement en accueillir plus.
Il fait maintenant super beau et assez chaud. Annexe gonflée et hop, nous voilà partis découvrir le coin ! Nous tombons sur une magnifique petite plage de sable blanc où l’eau est si translucide qu’elle prend la couleur verte des pins et des eucalyptus qui parsèment la roche. On se sent bien ici, c’est très calme et super beau… Bref, un mouillage idéal, comme on les aime !
Puis retour au bateau avec le soleil qui commence à tomber.
Miam dans le cockpit et au lit !
Demain, autre jour, autres milles et autre mouillage…
(Et pourvu qu’il ait le charme de cette charmante baie… :)
Après avoir passé notre dernière nuit à Camarinas ; cette fois-ci au mouillage à l’est dans la ria, nous avons pris la direction de la Corogne.
Il est 8h30 quand nous relevons l’ancre, tous deux surpris par la douceur de la température ambiante. Le soleil s’est levé difficilement ce matin et est à présent entièrement voilé. Le vent, quant à lui, n’a pas encore tourné et reste toujours de nord-est…
Renaissance, suivi de la SNSM espagnole qui sort quotidiennement ici, s’éloigne peu à peu de notre refuge de ces derniers jours. Au revoir Camarinas, on t’aura vu sous toutes les coutures je crois ; en long, en large et en travers ! Ah amusant, lorsqu’on cherche des infos sur toi, on tombe inévitablement sur plusieurs articles de blogs de voileux intitulés « Bloqué au port de Camarinas en attendant que le vent tombe/tourne… » :)
Une fois en mer, la houle s’avère être tout à fait et puis on est au sec ! Pas de brume, pas de pluie, peu de vent, le moteur ronronne…
Quelques milles plus loin, voilà le Cap Vilano qui fait son apparition. Son phare aurait apparemment été construit après un des nombreux naufrages de la côte qui aurait fait des centaines de victimes. Sympa le coin hein ? A ses côtés, on peut apercevoir les impressionnants champs d’éoliennes installés dans toute cette région continuellement balayée par les vents.
Une fois que le Cap fut dépassé, horreur la houle s’est mise à grossir, à grossir jusqu’à atteindre bien trois mètres de hauteur ! En plus de ça, elle est également devenue toute hachée comme à chaque approche de caps. Le vent s’est aussi amplifié jusqu’à force 4 à 5 et bien sur en pleine poire sinon ce s’rait pas drôle !
Connaissez-vous les embruns ? Ce sont ces paquets de mer qui vous sautent dessus à cause de la conjonction vent + vagues et qui vous trempent sournoisement.
Pour imager un peu tout ça, c’est juste comme s’il pleuvait horizontalement lol. Mais là, vu que Renaissance en a fracassé de la bonne vague, on a eu le droit à la totale : la pluie horizontale et sceaux d’eau de mer en pleine tronche. Bref, deux minutes après, nous étions trempés, bien salés et assez refroidis.
On n’a toujours pas de capote de roof, alors c’est un peu la cata à chaque fois qu’on rencontre houle + vent de face…
Moral un peu en berne, nous avons continué vers l’île de … La mer ne s’est pas calmée mais pas du tout, au contraire ! Le pire fut au niveau de la ria de Corme et de Laxe. Remuée dans tous les sens, je n’avais qu’une envie, c’était de gerber ! Mais Jean-Rémy ne s’est pas attardé sur mes nausées (pas empathique pour deux sous le type :) et s’est entêté à remonter envers et contre tout : vent, houle et courant ! Oui 1,5 nœuds contre nous en plus, c’était pas négligeable quoi… Je suis donc allée me poser avant de dégobiller partout laissant le m’sieur gérer. Puis, enfin, tout s’est apaisé. Sacrée région ! Faut vraiment aimer l’effet « machine à laver » lors des nav’…
Donc 50 milles après, nous voici à la Corogne. On a le choix : mouillage devant le port, nouvelle marina, vieille marina. Le mouillage, on renonce. Les fonds sont décrits comme super encombrés, au minimum l’ancre touchera le sol à 15 mètres de fond, et puis il est déjà 17h et faut qu’on chope un ship’ alors que l’annexe n’est pas encore gonflée et tout et tout… Nouvelle/ancienne marina ? Allé la prem’s… Voilà donc Renaissance tout fatigué amarré au ponton carburant de la nouvelle marina et servi par un guss francospagnol tout gentil. Quelle chaleur ! On s’est pelé en mer et voilà 30°C qui nous assomment ! On grimpe tout les deux au bureau pour les papiers mais Jean-Rémy est appelé pour bouger le bateau car un gros voilier arrive au niveau du carburant.
Je finalise donc la procédure habituelle pour avoir une place dans le port pendant que le capitaine amarrera tout seul et comme un chef Renaissance à la place désignée. On ne remerciera pas le gros pochtron frenchy juste à côté qui observait tout mais qui n’a pas eu l’idée de bouger pour aider…
Voilà donc la Corogne. C’est plutôt laid et tout étriqué. Beaucoup d’accessoire et peu d’essentiel. Nous avons du faire six ship’ bien éparpillés aux quatre coins de la ville pour trouver un guide de la côte cantabrique. Ils ne vendaient que des guides de la méditerranée. Mais ils en n’ont pas marre de ne penser qu’à ceux qui descendent au sud… Déjà qu’eux, ils ont le vent et le privilège de lire les guides Imray dans le bon sens ! Oui, nous on s’tape toujours le bouquin en devant commencer par la fin :) Bon courses faites, il est temps de rentrer. L’atmosphère est très lourde, il pleut par passades et le bateau est resté ouvert hum…
La Corogne, port niquel, accueil souriant et super agréable, marina toute propre, toute chic, toute bourge et ce sera pour nous tout de même dix euros de plus par nuit qu’à Camarinas ; soit 28 euros la nuit. Bizarre par contre de voir que plus des deux tiers des places du port sont vides. Idem à l’ancienne marina…
Bon sinon, à part le p’tit déjeuner, on n’a rien avalé de toute la journée alors il est grand temps d’aller manger. Ce soir, c’est carottes, patates et steack hachés. Et zut’, la poêle n’est pas lavée… :)
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