Sous une bonne étoile

Carriacou est la plus au sud et la plus grande île des Grenadines, cet archipel si convoité qui ne compte pas moins de 32 îles. Courtes navigations, vents réguliers, eaux cristallines, plages de sable blanc et cocotiers en pagaille en ont fait un véritable paradis de la plaisance… Difficile donc de trouver un coin pénard !

Sur les conseils des copains, nous partons mouiller sur Saline Island. Faut voir l’endroit ! Nous découvrons là une petite crique peu profonde sur une île inhabitée protégée par une grande barrière de corail. Mais ce mouillage ne se révèle être pas si facile avec 25 nœuds de vent, un fort courant dans le chenal, la présence d’un bateau de pêche, le manque de profondeur dans la baie et notre sondeur qui bug ! Bref, nous mouillons un peu en retrait par 10m d’eau. Les pêcheurs partis, nous sommes en train de savourer le calme et la beauté de l’endroit quand devinez pas qui qui s’pointent ? Les Glénans ! Arf ! :)

Joli coin et eau couleur Canard VC

Heureusement, ils repartent rapidement après un plouf collectif.

Nous décidons de remouiller un peu plus à l’intérieur de la baie afin de ne pas subir les renverses de courant. 3m de bleu turquoise sous la quille et une deuxième ancre en place, vérification sous l’eau, tout semble ok !

Nous partons vagabonder sur cette petite île dépeuplée. Mais très vite, nous nous rendons compte qu’elle n’est pas si déserte que ça et que ses habitants sont très affamés ! Moustiques et nos-nos (méchants moucherons tropicaux suceurs de sang dont les piqures grattent encore des semaines après) s’en donnent à cœur joie et nous bouffent de toute part ! (Quelle idée d’être aller marcher en maillots de bain…) Fin de la balade ! Nous voilà, tous les deux en train de cavaler vers la plage, sautant par dessus les épineux, en tentant de se souvenir du chemin parmi les broussailles… :)

Classe, non ?

Saline et mangroves, paradis des vampires !

Histoire d’apaiser toutes nos piqures, nous sautons à l’eau pour une baignade rafraichissante. Mouai, un peu déçus par les fonds…

Il aurait peut-être fallu aller sur la barrière de corail de l’autre côté mais le fort courant nous en a dissuadés. Première fois que je me sens en difficulté dans l’eau, à m’épuiser en nageant de toutes mes forces, en ne parvenant qu’à faire du surplace…

Où est passé notre antifouling ? >

Oh, une serpentine !

Péripétie et coup de stress nocturnes ! Vers 22 heures, le vent a tourné au nord-est nous poussant plus à l’intérieur de la baie. Le GPS, que nous avions allumé en précaution, confirme que nous sommes en train de nous rapprocher de la plage et donc que notre ancre arrière n’a pas tenu… Coup d’œil au sondeur : 0,3m ! Oula, il est grand temps de quitter l’endroit, le safran ne doit pas être loin de toucher… Et puis, il reste encore une heure avant la marée basse. Pour couronner le tout, un gros grain arrive, il pleut et les rafales se font de plus en plus violentes. En catastrophe, nous remontons nos ancres et prenons le chenal dans la nuit noire. Cap sur Tyrell Bay !

Heureusement que nous avions senti le truc avant, et que le bateau était donc rangé et prêt à partir…

Arrivés à Tyrell Bay, nous redoublons de prudence. La zone est envahie de casiers/filets/bouées que je parviens difficilement à distinguer grâce au projecteur. Nous trouvons une zone libre entre les autres bateaux et balançons l’ancre. Ouf !

La pression peut maintenant retomber…

Et, le lendemain au réveil, nous remarquerons que nous ne sommes vraiment pas loin d’une bouée entourée de filin. 10m bâbord peut-être hum…

En route pour Carriacou

Dernière escale à Grenade : Saint Georges, sa capitale. Nous mouillons devant … car il n’est maintenant plus possible de se mettre à l’ancre dans le lagon. La faute aux deux marinas qui occupent pratiquement tout l’espace disponible, surtout avec ce méga-ponton pour maxi-yatchs à moitié vide… Du coup, nous sommes un peu plus éloignés de la ville et moins protégés de la houle mais heureusement ce temps-ci, le mouillage ne roule pas d’un pouce. Nous profitons du supermarché situé sur le port pour refaire un gros avitaillement. Après 6 mois de voyage, nos réserves sont au plus bas et nous commençons à manquer de produits de base… Bien pratique le petit ponton juste en face de celui-ci ! Sitôt la bouffe dans les sacs, sitôt dans l’annexe et sitôt à bord !

Les quais du Carénage

Yatch Club, la tendance est donnée

Nous finissons aussi par dégoter dans le ship d’à côté l’ampoule à leds qu’il nous manquait tant pour le feu de mouillage, alélouïa…

Triste mine…

Nichée entre les collines, Saint Georges est une ville animée aux rues pentues et étroites. C’est l’effervescence en cette fin de journée. Les ferries débarquent leurs passagers, tout le monde se promène dehors et les voitures ou mini-bus roulent à fond et klaxonnent à tue-tête comme à leur habitude…

Le lendemain de bonne heure, nous avons quitté Grenade et entrepris de rejoindre l’île de Carriacou. Navigation d’une trentaine de milles pas vraiment agréable puisque ce fut moteur sous le vent de Grenade, et puis près serré pour la remontée avec pas mal de vent… Nous avons du tirer quelques bords mais sans réussir à remonter suffisamment. On a donc du finir au Volvo qui peinait contre le vent et contre le courant.

Note pour la prochaine fois : sortir le foc ! Faut voir la tronche de notre génois enroulé ! Tu m’étonnes qu’on ne remonte pas avec ce sac…

Arrivés à Tyrell Bay, nous découvrons encore un mouillage apprécié des plaisanciers donc bondé. Nous nous faufilons entre les autres bateaux afin de pouvoir mouiller. L’ancre est posée par 5m de profondeur et la nuit tombe peu à peu.

Ce soir au diner, c’est thon fraichement pêché ! :)

Direction Hog Island

Nous sommes revenus sur nos pas pour nous avancer dans Clarke’s Court Bay qui fut auparavant le port principal des navires transportant épices et rhum. L’endroit est très grand et offre pleins de possibilités de mouillages. Nous finirons par poser l’ancre côté Est de Hog Island tout près du pont qui la relie maintenant à Grenade. On est content, la mangrove nous entoure et c’est super calme.

Vue sur l’îlette Hog Island et notre mouillage

On flâne dans les environs.

Balade dans le village tout éparpillé de Woburn, un p’tit verre à la marina WC qui font également boucherie (!) et minimini-market où on trouve entre autres du chocolat produit dans le nord de Grenade… Et puis ensuite, deux superbes baignades dans les récifs avec murène tachetée, langoustes et premier barracuda aperçus !

< Bestiole sortie d’son trou !

Circonvolutions d’un corail cerveau

Débarcadère pour Woburn

Mini-marina cachée dans la nature

Deux jours après, c’est retour à Prickly pour faire un plein de flotte (150L pour 10EC) et une tentative d’avitaillement dans un magasin au niveau de l’artère commerciale. Bof, genre de Métro, qui vaut le coup si vous êtes 20 à bord… On en repartira tout de même avec de la confiture de muscade et de goyave du pays, Grenade étant le plus gros producteur de noix de muscade… A tester donc ! :)

A Grenade

Après une nuit en mer, nous sommes arrivés jeudi matin sur Grenade dans la petite baie de Saint David’s Harbour. Mouillage calme, sympa mais avant tout stratégique puisque nous venons y faire nos formalités d’entrée. Malheureusement, cela se révèle vite impossible ici, et de toute façon il n’y a pas non plus de cash-machine pour retirer des sous et payer le visa…

A Saint David’s Harbour, pas grand monde…

Balade dans la campagne environnante !

Grenade est une jolie île bien verte, assez grande et possédant un peu de relief. Sa côte sud est particulièrement remarquable car elle est faite d’une succession de baies profondes offrant de nombreux mouillages super bien abrités. C’est là, en autres, que pas mal de bateaux hivernent durant la saison des cyclones. Parmi ces baies, la plus courue est celle de Prickly, l’Anse aux Épines, que nous rejoignons dès le lendemain.

Vaste mouillage protégé, c’est La planque du coin. Alors lorsqu’on découvre l’endroit pour la première fois l’endroit, on a un peu un haut le cœur en apercevant la forêt de mâts qui se dresse devant nous.

Une bonne cinquantaine de bateaux au moins…Cherchez l’intrus !

On s’avance, et puis finalement, ça le fait, on n’est pas si touch-touche que ça avec le les voisins… Chantier, ship, resto, laverie, marina, gaz, bus, y’a de tout ici… Ceci expliquant cela. Et puis c’est aussi un port d’entrée où nous nous mettons en règle en un temps record, les deux officiels (douane et immigration) étant blasés mais très efficaces ! Prix du visa : 66EC$ (50+8/pers.) ; dollars caribéens que nous avons pu retirer à la Blue Machine sur l’artère commerciale derrière le chantier…

Après les grains du matin…

Sinon sur les rives, c’est grosses baraques américaines et hôtels pas encore trop laids.

En débarquant en annexe au nord de la baie, on tombe sur un des deux grands ships de la région. Bien achalandé, on y trouve tout pleins de trucs et il faut se raisonner pour ne pas trop cramer entre l’achat nécessaire et celui qui ne l’est pas vraiment.

Bref, on repartira avec un peu de matos de pêche, un nouveau manche à air (l’autre étant passé par dessus bord) et avec un répartiteur de charge annoncé intelligent qui doit, selon le capitaine, améliorer grandement la charge de nos batteries. Et aussi pavillons de courtoisie pour Grenade et Saint-Vincent car nous n’avons pas le tissu à bord pour les confectionner. Celui de Tobago a été fait en transat’, moche de près mais nickel de loin avec des coutures faites à la Super-glue… Parce que coudre avec fil et aiguille était vraiment trop gerbant en mer :) Sinon pour les prix, c’est en duty-free en présentant sa clearance mais au final, c’est kifkif avec ceux pratiqués en France. Bref, faut pas y aller !

Parmi les nombreux bateaux anglais et amerloc au mouillage, on a retrouvé quelques français fréquentés de l’autre côté, cool. Et puis, bah envie d’autre chose.
Nous avons donc levé l’ancre peu de temps après et sommes partis à la recherche d’un coin plus pépère…