Cinq jours déjà que nous sommes sur Sao Vicente. Juste avant, nous avons jeté l’ancre sur l’île déserte de Santa Luzia mais malheureusement nous y avons subi un vent à décorner les bœufs ! Rafales à 40 nœuds en permanence, nous n’avons pas osé rejoindre le rivage, ni explorer l’environnement sous-marin… Et par une journée d’harmattan (vent chargé de sable ocre venant d’Afrique), avec donc une visibilité très réduite, nous avons entrepris de rejoindre Mindelo par le nord de l’île.
Nous avons passé quelques jours au mouillage, puis un, puis deux puis finalement trois jours au port, bien plus pratique pour les préparatifs du bateau. Mindelo est une grande ville, on y trouve pratiquement tout ce qu’on a besoin (ou presque). Ainsi nous avons enchainé corvées d’eau, d’avitaillement, de gasoil, les lessives, le remplissage de nos bouteilles de gaz, le nettoyage du boat, les formalités de sorties…
Marina et mouillage de Mindelo, Yoda y a fait son second plouf !
Si ça peut servir aux suivants :
Remplissage de nos bouteilles Butagaz cubes chez Enacol avec l’embout qui va bien, 8 euros les 6kg. Faut compter quelques jours…
3 laveries dont une en self-service, magique !
Clé 3G pour le net, c’est rentable pour tout le Cap-Vert…
Une boulangerie délicieuse, un supermercado relativement bien achalandé où on trouve même de la viande, marché aux poissons et 2 marchés fruits/légumes…
Chez l’allemand : 30euros/jour pour Renaissance. L’eau est en plus ! Petit ship à côté de la marina.
L’annexe quand on est au mouillage est à laisser au ponton Fishing prêt de la vedette de secours. On laisse quelques pièces en remerciement. Sinon, c’est 4 euros/jour au port !
Dans les rues de la ville…
Et puis voilà, J-1, on y est ! Fin de notre aventure capverdienne ; nous en garderons des souvenirs sympas même si je pense que nous n’avons fait qu’effleurer le pays. Le bateau est maintenant plein à craquer et nous sommes sur le départ… Cap à l’ouest !
Nous prévoyons de rejoindre l’île de Tobago, juste en dessous de Grenade, et ensuite de remonter tranquillement l’arc antillais. 2100 milles sont au programme, soit 15-20 jours de mer olé ! C’est avec un peu d’appréhension mais aussi avec beaucoup d’impatience que nous devrions larguer les amarres demain en fin de matinée… Ça fait tout bizarre de se dire que ça y est, que c’est notre tour quoi ! Depuis le temps qu’on en parle de cette fameuse transat’ hein…
Donc souhaitez-nous belle mer et surtout bon vent !
A la prochaine, de l’autre côté de l’atlantique… :)
Une tite pensée pour Barbe Roots et pour Contre-temps, que les ennuis techniques sont venus ennuyer. On se rejoint là-bas !
En route pour se dégourdir les gambettes ! Nous partons à l’assaut d’un des nombreux canyons de Sao Nicolau. Nous contournons l’école du village pour nous trouver un passage entre les porcheries… Surprise, la piste sablée stoppe net. La balade consistera donc à remonter le lit d’une rivière en sautant de cailloux en cailloux !
Au fur et à mesure que nous pénétrons dans le canyon, nous sommes engloutis par les hautes falaises. Partout, des bébés biquettes discutent ou braillent pour appeler leur mère… La couleur ocre de la roche contraste fort bien avec le vert presque exubérant des quelques rares arbres rencontrés en chemin.
Chalut !
Les virages se succèdent sans fin et l’ensoleillement commence à baisser. On croit être arrivé au bout mais non, la rivière serpente de plus belle. Nous découvrons alors des murets qui servaient autrefois pour la culture en terrasse. Les terres remplies d’herbes folles semblent abandonnées depuis bien longtemps… Par contre, nous nous interrogeons un bon moment sur ce petit muret, en partie détruit, qui court sur une partie du versant sud avant de percuter ! Mais bien sur ! C’est une levada (ou du moins ses vestiges) comme on en trouve à Madère. L’eau était probablement acheminée jusqu’au village en contre-bas. Les sources sont nombreuses en altitude mais la côte est dépourvue d’eau. Quel boulot cela a du être de construire ces canaux d’irrigation…
Plus loin, le canyon se creuse considérablement. On se dit que la rivière qui coulait ici devait être sacrément grosse pour s’imprimer autant dans la roche… Afin de ne pas être coincés ici à la nuit tombante, nous nous résignons sagement à rebrousser chemin. Nous aurions pu continuer ainsi jusqu’au petit village de Hortelao, au pied du Monte Gordo…
Après une courte et agréable navigation de nuit, nous voilà maintenant sur Sao Nicolau ; l’île la plus rurale et la plus authentique du Cap-Vert car elle est restée à l’écart des circuits touristiques. De forme allongée, elle est soit-disant « raisonnablement montagneuse » mais son plus haut sommet, le Monte Gordo, volcan primitif, culmine tout de même à plus de 1300m. C’est donc un tout autre paysage capverdien que nous découvrons là. Canyons encaissés, vallées, et même verdure et humidité… Et ce, même si le versant sud de Sao Nicolau, où se trouve le mouillage principal, est bien plus aride que la côte nord.
Au petit matin, nous plantons notre pioche devant le village de Tarrafal ; port de pêche et de commerce de l’île. Devant nous s’étend une courte plage de sable noir, réputée pour sa qualité et pour ses vertus thérapeutiques. Peu de vent sur le mouillage actuellement, la quinzaine de voiliers présents barbotent paisiblement sur leurs ancres… Nous trouvons place à proximité du brise-lames, en croisant les doigts pour ne pas gêner les manœuvres du gros ferry qui débarquerait ici une fois par semaine. On verra bien hein !
Mouillage de Tarrafal et plage noire, iode et titane bons pour les rhumatismes…
Contraste entre architecture rurale (maisonnette plein pied à gauche en pierre et toit en bois/paille) et les nombreux autres bâtiments en ciment, à peine finis, sans toiture, ni peinture…
Nous débarquons d’abord sur la plage puis directement au quai des pêcheurs où là nous sommes accueillis par tout un groupe de gosses « gardiens d’annexe » qui proposent/imposent leurs services. Petite rémunération facile, c’est donc à celui qui choppera l’amarre en premier ! Première confrontation de ce type, nous en sommes un peu décontenancés… Dans la rue, ils nous appellent « Capitaines » et des gamins tous jeunes se proposent même pour aller gratter notre antifouling bien toxique sous la coque ! Arf, et l’école !? Et pourtant, et pourtant… Le Cap-Vert a un des meilleurs taux d’alphabétisation de l’Afrique de l’ouest. Mais soucy : grosses disparités car scolarité obligatoire mais payante…
Sur l’île, tous les bestios ont été importés. On croise une multitude de biquettes, souvent accompagnées de leurs petits, qui broutent placidement mais qui ne se laissent pas approcher. Aux odeurs, on reconnait sans difficultés les porcheries éparpillées sur les hauteurs de la ville. Et chaque soir, bonhommes mais surtout femmes vont et viennent pour les nourrir en portant le plus souvent la bassine de bouffe sur la tête… Pas mal de vachounettes aussi ! Et trois poules ! Et… Y’a le mystère des moutons sacrés, bêtes ou précieuses ou fragiles devant être parquées et cachées du regard des gens derrière de hautes grilles/tôles… Voilà, j’arrête avec mes descriptions animalières, c’est la campagne quoi ! :)
Tout au bout là-bas, un grand hôtel pas fini mais déjà à l’abandon…
Gamins pêcheurs qui eux ont le coup de main !
Le Cap-Vert est réputé pour ses eaux très poissonneuses et pour être ainsi un bon spot de pêche sportive. En effet, chaque jour, les pêcheurs du coin ramènent de très belles prises. Parmi celles-ci, thons énormes, espadons, marlins bleus tant convoités et parfois même… squales ! Parlons-en, paraîtrait qu’il n’est pas rare que ces requins viennent rôder dans le mouillage une fois la nuit venue attirés par les restes de poissons près du port… Paraitrait aussi qu’une fois, on en a vu un de plus de deux mètres juste à côté des bateaux en journée. Et paraitrait même qu’un plaisancier se serait fait bouffer les mains au mouillage en vidant un poisson… Mouai. C’est ce qui se raconte par là ! Radio Ponton adore ces histoires-là… :)
Toujours est-il qu’en voyant quotidiennement des mômes, pas plus grands que trois pommes, ramener avec facilité plusieurs poissons d’affilés, et bien j’ai eu envie d’essayer ! Hop, j’attrape une ligne plombée ainsi qu’un hameçon. Au bout, j’essaie d’y faire tenir un morceau de poisson-volant séchant sur le pont depuis deux jours. Et à l’eau le bazar ! Peut-être un coup de pot mais c’est une réussite ! 1er jour : cinq petites carangues, 2ème : un joli baliste et pour finir : un moche carrelet ! Classe ! Tiens et on a eu aussi la chance de découvrir le mérou rouge ou Garoupa (très miam) sur Contre-temps, « petit cata » (hein ? :) également au mouillage… Salut au passage aux basques du sangria vert ! ;)
Nos diners…
C’est en début de soirée que nous parvenons sur Boa Vista après quelques milles d’une mer encore un peu houleuse. Ronde d’une trentaine de km de diamètre, elle est la plus orientale des îles du Cap-Vert. L’obscurité tombant peu à peu, nous mouillons parmi les autres bateaux déjà présents bien que nous soyons en fait super méga loin du rivage. A peine posés, la VHF grésille ! On retrouve Copain Barbe Roots qui est tout devant wé ! Le lendemain, nous re-mouillons en essayant de nous approcher un max. car le mouillage se situe non pas devant la plage mais au sud du petit ilot de Sal-Rei. Plus loin, des récifs et des hauts-fonds ne nous permettent pas de poser l’ancre. Y’a donc pas mal de chemin à faire en annexe pour rejoindre le village…
Devant Sal-Rei
Ici, le décor est sympa ! L’eau est d’un bleu émeraude que l’on peut facilement imaginer cristallin pendant l’absence de vent ou de houle. Les plages somptueuses et quasi désertes sont d’un blanc immaculé et s’étendent à perte de vue. Et puis il y a aussi les dunes et les palmiers qui font qu’on parle souvent de Boa Vista comme d’ « un morceau de Sahara posé sur l’atlantique », d’une beauté vierge…
Autre type de paysage
A terre, c’est calme et pépère. En même temps, il y a beaucoup moins d’habitants sur Boa Vista que sur Sal par exemple, qui en plus est plus petite. Les gens sont tranquilles et souriants. L’île, autrefois prospère (sel, chaux, coton…), survit maintenant grâce à un peu d’élevage, de pêche et surtout grâce au tourisme. Elle compte au moins cinq grands hôtels, et pas des tous petits riquiquis non, mais des grands complexes avec une grosse capacité d’accueil, qui forment en fait, aux dires de certains, carrément des petites villes. Pas mal de sénégalais ont immigré sur cette terre à la recherche d’un travail et il n’est pas rare de se faire aborder en français, notamment par les vendeurs de souvenirs « No Stress » :) Sinon, le portugais et le créole capverdien demeurent pour nous assez mystérieux…
Plage du nord et mini-dunes
Nous partons à terre pour plusieurs petites balades. Lorsque le vent souffle, c’est régulièrement que débarquons avec l’annexe complètement trempés par les vagues. Mieux vaut donc y aller direct en maillot de bain ! L’eau est bonne et certaines fois, nous avons eu la chance de croiser des tortues qui barbotaient paisiblement devant nous…
Émeraude !
Promenade de Sal-Rei jusqu’à la plage du nord (côte de Boa Esperança) où se trouve la fameuse épave du Cabo de Santa Maria, navire espagnol échoué en 1968 qui faisait alors route vers le Brésil.
Épaves… de Tortugas
(maintenant protégées mais autrefois manger pour leur vertu aphrodisiaque !)
Ah oui, il faut signaler qu’un nombre étonnement élevé de navires firent naufrage sur Boa Vista. En effet, pendant les périodes de crise et de famine dues à la sècheresse, les habitants induisaient en erreur les bateaux au moyen de faux phares et les faisaient s’échouer afin de s’approprier leurs biens. « Le malheur des naufragés aurait ainsi contribué à la survie des populations de Boa Vista. »
Le retour fut assez difficile par les dunes sous un soleil cuisant et crevés, nous sommes enfin parvenus dans la palmeraie remplie d’ânes qui jouxte le village.
Fin de notre escapade sur Boa Vista. Nous levons l’ancre cet après-midi pour naviguer de nuit afin de toucher Sao Nicolau au petit matin… A plus !
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