C’est à Terre-Neuve que tout commence : Fleur de passion, la goélette de ses rêves, là, devant lui, solide, le vrai bateau de pêche de 9,50 m, le vieux gréement dont rêvent tous les marins ! Coup de foudre.
Début d’un roman de mer ? Non : d’un roman d’amour. Et de haine. Avec la plus capricieuse, la plus infidèle, la plus vacharde des maîtresses. Flirts, menaces, scènes de ménage… rien n’y manque.
Pour son malheur. Et pour notre plus grand bonheur de lecteur. Car Fleur de passion a du tempérament. Rétive comme bourricot aux douceurs comme aux menaces, pourquoi diable s’obstine-t-elle à reculer quand on veut la faire avancer ? Sans même parler de son obstination…
A couler ! Remise à neuf, calfatée, bichonnée, rien n’y fait : elle coule. Mais tous les malheurs ont une fin. Enfin, c’est ce que veut croire notre amoureux transi. Huit ans. Huit ans de galères, d’espoirs fous, d’échecs retentissants. Huit ans pour qu’enfin la têtue soit matée. Et que Farley Mowat entreprenne de quitter sa côte natale pour recevoir l’accueil qu’il imagine déjà triomphal, à l’exposition de Montréal. Ce sera bien sûr sa suprême humiliation… Le bateau qui ne voulait pas flotter : un classique de la mer, un chef-d’œuvre de l’humour.
Un livre brillant et complètement hilarant, oui aller un fou-rire toutes les dix pages pour nous ! Ses nombreux déboires et ses désillusions sont tout simplement irrésistibles… :)
D’ailleurs, devant celles-ci, tous les proprio de bateaux ne peuvent que relativiser. Bref, un bouquin plein d’auto-dérision et qui sent bon le rhum !
Engagé, controversé et fervent défenseur de la cause animale, un des bateaux de la flotte de Sea Shepherd Conservation Society a été renommé le Farley Mowat en son hommage…
Septembre. Voilà déjà un an que nous avons atterri par ici et que la coque de Renaissance flotte dans les eaux d’Hendaye. Quelques mois bien au chaud dans le port, d’autres plus frais sur bers, et puis ces derniers passés à moitié dans la Bidassoa…
Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes si nous étions certains de notre « place »… Enfin si on peut appeler ça comme ça. La question du moment étant de savoir où nous allons passer l’hiver 2011 hum… Permettront-ils à Renaissance de rejoindre ses congénères sur les pontons abrités ? Ou vont-ils au contraire nous contraindre à rester en dehors, isolés sur ce ponton sud ?
Et bien, après un très bref entretien avec Grand Chef, il s’avère que le port d’Hendaye est et restera plein pour cet hiver… Et pourtant, il y a quelques mois, ce n’était pas cette version qui nous vous avait été contée… Une histoire de bateaux au mouillage à SanSé qui doivent rentrer à Hendaye pour l’hiver… Mais l’année dernière, c’était la même non !? Bon ok, de toute façon, rien ne sert de discuter, on n’a pas le choix et puis on l’sait bien qu’on l’embête. « Ah ça y’est vous partez ? » Qu’on s’entend dire à chaque fois que nous le croisons. Et bien non haha !! L’hiver sera basque et le printemps aussi na !
Toute cette histoire nous fait un peu rager. Bien entendu, nous avons conscience que nous n’avons pas fait les démarches pour obtenir une place au port comme attendu. Il aurait fallu prévenir, il aurait fallu demander avant de se pointer directement, il aurait fallu s’inscrire sur leur idiote fameuse liste d’attente, il aurait fallu s’attendre à un refus catégorique… Certes.
Et puis à côté de ça, vous vous promenez sur les quais et vous observez qu’une partie des bateaux présents sont dans un triste état, en décrépitude totale, une énorme couche de crasse recouvre le pont, certains sont en vente, d’autres pourrissant littéralement sur place… D’autres ont encore bonne mine mais à la vue de la salade d’algues qui a colonisé la coque et les œuvres vives, vous vous dîtes que ces malheureux n’ont pas du voir l’océan depuis longtemps. Bateaux ventouses… Bon alors pourquoi ces abandonnés sont-ils encore là ?
Pourquoi encombrent-ils inutilement le port ?
Pourquoi ces proprio désintéressés payent le prix fort en restant à flot alors qu’à sec, ils s’en sortiraient peut-être mieux ?
A-t-on plus de « raisons » qu’eux d’obtenir cette place au port si convoitée ? Bah oui, très égoïstement je le pense…
Et puis, la Liste d’attente… Elle est affichée au bureau de la capitainerie, j’y ai jeté un coup d’œil par curiosité. C’est une quinzaine de bateaux du même gabarit que Renaissance qui patientent déjà pour obtenir une place… Notre projet étant de rester dans les parages un an, ou un peu plus (ou bien moins, car rien n’est encore véritablement défini) et ce à partir de maintenant, ce système est complètement inadéquat. Combien de places se libèrent par an ? Une, voire deux, aller une et demi ? Donc au mieux, dans dix ans, ce sera notre tour en considérant bien sûr que les privilèges, passe-droits et autres magouilles n’existent pas dans le milieu nautique…
Il aurait fallu s’y prendre plus tôt ? Moué sauf qu’au collège, je n’imaginais pas encore vivre à bord d’un voilier…
Bon revenons à nos oignons, quelles solutions peuvent alors être envisagées pour pallier au manque de place dans les ports de plaisance ? Petit dossier qui nous parle en autres de la mise en place de passeports régionaux favorisant ainsi la mobilité des embarcations de port en port, création d’une liste d’attente nationale, suspension des contrats des bateaux-ventouses, réhabilitation de certains sites industriels, création de nouveaux ports (en adéquation avec la préservation du littoral ?), aménagement de ports à sec, faciliter la location de bateaux, ou encore attendre le décès des papy-boomers… :)
Pointe Sainte-Barbe, Saint Jean de Luz
Alors que côté méditerranéen tout c’était bien passé, on se rappelle même de Gruissan qui nous avait proposé une place à l’année avant même d’arriver, bah c’est aujourd’hui et ici que nous sommes confrontés à ce problème de ports saturés… Bon ç’aurait pu être pire, genre pas même de ponton sud ! Dans ce cas, la question de mettre Renaissance au mouillage serait peut-être pertinente.
Moué, encore que pour obtenir le droit de mouiller dans la baie, bah y’a aussi une liste d’attente pardi…
Chose certaine donc, nous ne pouvons pas traîner trop longtemps dans le coin. Été prochain je pense, va bien falloir bouger !
C’était ma colère du jour. Mais aller hauts les cœurs, nous avons un bout de catway et une borne électrique à jetons qui fonctionne quand il fait beau ! Cet hiver donc, nous serons aux premières loges pour être balayés par l’Haize Hegoa, un vent qui selon les croyances populaires… rendrait fou ! On vous tiendra au courant… :)
Mer de gadoue, Erromardie
… Le temps de la réconciliation !
Hendaye playa, avec et sans effluves de sardines grillées :)
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