Certes nous avons mieux dormi mais ce n’est pas encore ça ! Cela reste assez difficile d’accorder sa pleine confiance au mouillage sur ancre. Est-elle bien crochetée malgré le coup de marche arrière après l’avoir balancée à l’eau ? Sommes-nous sur du sable, du caillou ou de la roche ? Si le bateau tourne, l’ancre va-t-elle bouger ? Avons-nous mis suffisamment de chaîne ? Autant d’interrogations qui resteront sans réponses jusqu’au lendemain matin… Et pas de quoi être rassurés.
Aujourd’hui, voilà Renaissance amarré sur corps mort devant le joli village de Cadaquès. Nous étions partis pour jeter l’ancre à Port Lligat, juste de l’autre côté, afin de pouvoir aller visiter un peu. Cadaquès y étant tout près à pied et Dali y possédant sa fameuse villa. Mais niet ! A midi, plus une seule place, un monde fou !
Tant pis, nous paierons donc 50 euros la bouée ; ce qui nous permettra d’abandonner le voilier en toute sérénité. Nous débarquons à côté de Playa del Ros en annexe pour une balade dans cette ville blanche et en pierre. L’occasion de faire trois courses et de manger les traditionnelles tapas. Nous ne sommes pas les seuls touristes, ni les seuls français ; à tous les coins de rue, l’envahisseur est là ! :)
La nuit sera calme et nous dormirons d’un sommeil profond. NB : Nous avons remarqué que sur de nombreux bateaux espagnols, l’équipage est exclusivement féminin ou masculin et qu’ils sont tous au moins une dizaine à bord des voiliers ! Ainsi, on ne pourra oublier la très remarquée arrivée au port d’un groupe de jeunes, pavillon pirate hissé, chantant à tue-tête et plongeant de tous les côtés ! La fiesta quoi :) Naturellement, ils seront invités à se mettre juste à côté de nous… Et on n’oubliera pas non plus le réveil matinal le lendemain matin. 7h30, voilà la Mano Negra, Ska-P et Manu Chao qui résonnent dans toute la baie ! Un autre voilier, un autre groupe de festifs… :)
Bon, autant le dire tout de suite, cette première nuit fut difficile et très peu reposante. Ah ce premier mouillage sur ancre !
Jean-Rémy a passé toute la nuit dans le cockpit a somnolé par petites périodes passant le reste du temps à surveiller le bateau et le vent. Ce dernier a changé à maintes et maintes reprises de direction. On a eu le droit à de bonnes rafales de tramontane, bref du vent de Nord-Ouest ; le seul que Cala Tabellera ne nous coupait pas ! Le GPS n’a pas arrêté de sonner nous prévenant que l’ancre chassait. Or, l’ancre n’a jamais chassé mais bon. Perso, j’ai un peu plus dormi, moitié dans le carré et moitié au lit !
Je ne vous parle pas non plus des dizaines de moustiques assoiffés de sang qui rodaient dans le coin, ni de la chauve-souris qui aurait pu tous les bouffer mais qui se cognait dans le portique et dans la bôme du bateau… Encore une pas douée celle-là ! Le petit matin a été tout doux, plus un souffle d’air, une eau miroir, les rayons du soleil qui vous réchauffent en douceur, le Silence.
Bref, la tranquillité même ! Et ce paysage pleins d’aspérités à observer… Vaisselle à l’eau de mer, micro-douche de cinq litres maxi, gonflage de l’annexe, ballade in the calanque et sur la plage de galets, repas au grand air ; on se fait doucement à ce nouveau mode de vie. Le temps quant à lui, n’est pas terrible. Pendant la majeure partie de la journée, le ciel est resté très chargé et l’humidité est pire que poisseuse. Vers les 13 heures, nous avons levé l’ancre pour un autre mouillage, à quatre milles plus loin.
Cette traversée fut rapide mais naz’ : vent et houle de face, moteur, tiens 15 noeuds dans ta poire, des creux, du monde sur l’eau, ciel gris et menaçant. Cala Culip, notre abri pour la nuit, se trouve toujours côte nord du Cap Creus. Elle est moins accueillante que la précédente et nous avons du balancer quatre fois l’ancre pour parvenir à quelque chose de plus ou moins satisfaisant.
Des rochers à fleur d’eau vus au dernier moment et non mentionnés dans le bouquin, trop près du voilier voisin, trop prêt des cailloux… On recommence ! Maintenant, ça semble pas mal et ça tient. Nous sommes cinq au mouillage. Un couple de vieux sur un voilier, trop zen qu’on connait de calanque précédente. Des British sans peurs mais tous bien harnachés sur un beau voilier. Et puis, deux bateaux moteurs espagnols… Voilà pour ce jour !
En espérant que la nuit soit meilleure :)
Demain, nous passons le Cap Creus > Cadaquès – Port Lligat ? (M’excuse pour les fautes d’ortho, pas le temps de me relire ! :)
Nous avons choisi la plus grande cala du Golfe de Ravener pour mouiller cet après-midi et cette nuit. C’est également celle qui nous offrait la plus grande protection contre le vent de sud-est annoncé.
Le paysage est sympa comme tout. La Costa Brava ou la « côte sauvage » est particulièrement jolie car elle est toute bordée de falaises rocheuses qui tombent à pic dans de profondes calanques…
L’eau y est bien bleue et très limpide. Il y a ainsi de nombreux mouillages. A nous juste de les choisir selon leurs orientations et selon le vent prévu. Nous avions peur que ces petits coins tranquilles soient blindés de monde (Ah ces touristes !) mais en fait, nous ne sommes que quatre bateaux au mouillage. Super ! Bon faut dire que lorsque nous sommes arrivés, bah les autres
partaient… Brume, vent, ciel lourd, les gens s’en vont… Un brin inquiétant de débarquer dans ces conditions hum ?
Nous mouillons l’ancre par 12 mètres de profondeur un peu à l’écart des autres voiliers.
C’est ici que nous passerons la nuit. Normalement, nous serons abrités du vent car la cala est ouverte par le nord. Espérons que nous ne soyons pas obligés de nous réveiller en catastrophe parce que le mouillage n’a pas tenu !
T’as bien mis l’alarme sur le GPS ?
Et c’est parti !
Nous avons largué les amarres ce matin à 6 heures abandonnant Gruissan pour le lever du soleil, tous les deux un peu anxieux. Les 6 nœuds de vent matinaux nous ont obligés à démarrer le moteur pour attaquer cette première traversée. La mer était parfaitement plate. Alors quand enfin Renaissance a retrouvé ses voiles, ce fut un pur régal. Le vent tournait au fur et à mesure que les miles passaient, le voilier a ainsi fait toutes ses allures : du vent arrière au prè.
Nous avons croisé peu de monde sur l’eau, juste deux oiseaux et trois mouches. Le soleil, lui, était bien là, et nous cuisait sous toutes les coutures !
La brume a également fait quelques apparitions soudaines mais la plus impressionnantes fut bien celle qui nous accueilla lorsque nous sommes arrivés au niveau du Cap Creus. En effet, nus n’étions plus qu’à deux ou trois miles de notre destination, une petite calanque, qu’on n’apercevait absolument plus rien aux alentours. La côte avait tout simplement disparue. Coup de flip’ accompagné de rafales Force 5 ! Pour moi, qui m’étais assoupie dans le cockpit, en laissant le bateau filé sous voiles et sous grand soleil, je peux dire que le réveil a été brutal mdrr ! Nous n’avions pas vraiment envie d’arriver dans des cailloux inconnus et indistincts pour chercher où poser l’ancre…
Et puis, aussi vite apparue, aussi vite disparue. Peu à peu les contours du littoral se sont redessinés et prudemment, le voilier s’est avancé dans le Golfe de Ravener qui regroupe en fait sept petites calas.
En quelques mots : 46 miles en 10 heures dont 5h30 à la voile, de bons coups de soleil, une nav’ agréable au possible, un premier mouillage à l’ancre pour ce soir ?
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