Nous voulions de l’eau, et bien on peut dire nous sommes servis !
Les grains ne cessent maintenant de se succéder…
Bienvenue en Dominique, pays très vert mais aussi très… pluvieux… :)
Qui ne devrait plus trop tarder ! Classée tempête tropicale, elle traverse en ce moment même la Martinique. On parle déjà de quelques dégâts, chutes d’arbres, coupures d’électricité… Par ici, le temps commence à se couvrir. Sommes en vigilance orange ; 60 nœuds grand max’ sont annoncés par les plus pessimistes. Quelques voisins s’activent encore pour tout ranger, d’autres étendent leurs linges. La VHF crachote ses BMS…
Pare-bat’ design n’est-ce pas ? ;)
Edit en soirée : Ça y est, Chantal s’éloigne maintenant en mer Caraïbe et prend la direction d’Hispaniola en se renforçant très légèrement. La Guadeloupe n’a pas pas ou peu ressenti ses effets périphériques par rapport à ce qui était prévu. Au port, rien n’a bougé. Pas grand chose quoi, quelques grosses rafales et un peu d’eau…
Aujourd’hui, nous sommes le 1er juin, date clé car c’est l’ouverture de la saison cyclonique du côté de chez nous. Pour expliquer un peu ce qui va nous tomber dessus ces mois prochains, j’ai décidé de faire un petit topo assez scolaire j’en conviens, sur les cyclones en atlantique nord…
Alors prêt à lire mon pavé ? :)
Tout d’abord kécecé ? Bah un cyclone, c’est une perturbation climatique caractérisée par des vents violents qui soufflent de façon circulaire autour d’un centre de basses pressions appelé œil. C’est aussi un terme général qui comprend les dépressions tropicales, les tempêtes tropicales et les ouragans (appelés typhons en Asie). Ces petites choses sympathiques sont classées en fonction de l’intensité des vents maximums établis…
Ainsi, on parle alors de DT quand les vents sont inférieurs à 63 km/h. Puis de TT, entre 63 et 117 km/h. Et enfin, au delà, on parle d’ouragan ! Ces derniers sont eux aussi classés en catégories selon leur puissance : de la classe 1 (gentil ouragan, oxymore !) à la classe 5 (le gros vilain méchant appelé super-cyclone !).
Je vous passe la description des mécanismes de formation mais plusieurs conditions doivent être réunies :
> une température élevée de la mer (minimum 26.5°C sur 50m de profondeur)
> un fort taux d’humidité
> des vents homogènes non cisaillés
> et enfin, la fameuse force de Coriolis pour engendrer le tourbillon…
Un phénomène cyclonique meurt avec à la disparition d’une de ces conditions.
On en trouve un peu partout sur le globe (Caraïbes, indien, pacifique…) mais ceux qui nous intéressent concernent le bassin atlantique nord. Classiquement, ils prennent naissance au large du Cap-Vert au niveau de la ceinture équatoriale (ZIC) sous la forme d’une onde tropicale (zone instable, nuageuse, pluvieuse…). La trajectoire habituelle de ces phénomènes est une parabole qui tend à suivre les alizés dominants tout en s’écartant de l’équateur. Donc pour nous, c’est est vers l’ouest puis nord-ouest au niveau de l’arc antillais puis nord, voire nord-est…
Mais comme chaque système a sa propre dynamique et que certains se veulent originaux, rien n’est jamais sûr concernant la trajectoire précise d’un cyclone même juste quelques jours avant…
Bassins de formation et trajectoires…
Les Antilles se situent en plein dans la zone à risque qui s’étend grosso modo des dernières îles du sud jusqu’aux Etats-Unis. A moins d’avoir une bonne raison d’y rester (le boulot en est-il d’ailleurs une ?), la sagesse voudrait qu’en bateau, on file se mette à l’abri plus au sud pour sortir du périmètre dangereux. Trinidad, Venezuela et autres… D’autant plus, que la saison cyclonique est clairement définie et s’étend de juin à novembre, avec une fréquence accrue à la fin de l’été quand l’eau est la plus chaude en août, en septembre et en octobre.
Alors bon avec tout ça, que faire et à quoi s’attendre si on fait le choix de rester aux Antilles ?
Il faut tout d’abord savoir que la puissance dévastatrice d’un cyclone concerne trois paramètres : le vent, la pluie et la mer.
Des vents violents soutenus peuvent évidemment occasionner de très gros dégâts, arracher les habitations ou même tiens, faire voler les bateaux… Les pluies sont aussi destructrices sinon plus, car ce sont elles qui sont la plupart du temps à l’origine des plus grosses dégradations et des pertes humaines (inondations, rivières en crue, glissement de terrains et autres…). Et enfin pour ce qui est du facteur mer, les cyclones sont à l’origine de vagues monstrueuses associées à une houle énergétique et à ce qu’on appelle la « marée cyclonique ». Elle se définie en fait comme une surélévation rapide et anormale du niveau de la mer, variant selon plusieurs facteurs comme la nature des fonds, Coriolis toujours, le vent, la pression atmosphérique…
Dans tous les cas, plus le baro tombe bas et plus l’eau va monter !
Sachant tout ça ; l’idéal maintenant c’est de se trouver un abri permettant d’amoindrir ces trois paramètres. Traditionnellement, les bateaux vont se cacher dans un « trou à cyclone », un petit lagon dans la mangrove… Le bateau est à l’abri le nez dans les palétuviers, toutes les ancres sont l’eau et une toile d’araignée est tissée avec les amarres reprises dans les arbres. Protection du vent et amorti. De plus, si le goulot de ce lagon est assez long et étroit, il offrira également une bonne protection contre la mer…
Côté Guadeloupe, rien de tout ça !
Les deux endroits réputés abrités sont la rivière salée et le lagon bleu de la marina Bas du Fort. Seulement, les ponts de la rivière sont inutilisables et désormais fermés. Quant au lagon, sa protection est toute relative…
Certes le risque mer est minimisé puisque nous sommes dans un lagon, à l’intérieur d’une marina, elle-même en dedans d’un port de commerce. On est finalement un peu « loin » de la mer… Mais qui dit marina, dit aussi grand nombre de bateaux (et pas toujours préparés), commerces et habitations aux toits de tôles qui peuvent s’envoler et surtout : pontons non construits pour encaisser un méchant cyclone ! La marina n’engage pas d’ailleurs sa responsabilité s’il y a de la casse…
¦ Tiens petite question à dix balles : vaut-il mieux des pontons en dur (quai en béton) qui vont se retrouver sous l’eau et faire péter les amarres ou des pontons en souple (catways comme ici) qui flottent mais qui sont bien plus fragiles et qui s’arrachent… ? Alors ? Kifkif, c’est le bateau qui trinque de toute façon… ¦
Avant la construction de la marina, lorsqu’il y avait moins de monde et que l’endroit était un mouillage dans la mangrove, alors là seulement, on pouvait peut-être parler de trou à cyclone pour le lagon bleu… Et encore que, les fonds de vase y seraient de très mauvaise tenue !
Sur les îles proches de la Guadeloupe, on compte quelques abris. Rien en Dominique. Il faut viser la Martinique ou Antigua, ce qui revient à faire … milles minimum. Sachant que la trajectoire d’un cyclone est toujours imprécise et qu’il peut y avoir une marche d’erreur de plusieurs centaines de milles, tenter de fuir au dernier moment n’est pas toujours la bonne solution. Envisager de descendre beaucoup plus bas genre Grenade… à la moindre alerte est illusoire car on n’ferait que ça pendant toute la saison. Alors autant rester là-bas, dans le sud, une bonne fois pour toute !
Donc voilà, vous l’aurez compris, on est bon pour croiser les doigts et les orteils (!) en priant pour que la Guadeloupe soit épargnée cette année, qui selon les météorologues sera assez active.
Évidemment, nous suivons quotidiennement la météo dans le secteur (voir la liste des sites consultés plus tard) et nous surveillons ça de près. J’ai également fait une check-liste pour préparer le bateau en cas d’alerte et nous avons déjà commencé à le mettre à poil.
Pour ce qui est de l’assurance, c’est finalisé. Nous sommes couvert en tous risques + cyclone. Pour info, la prime d’assurance annuelle chez ANP pour Renaissance s’élève à 2333 euros. (Axa monde avec exclusion cyclonique nous prenait 1600 euros).
La procédure pour souscrire à ce contrat est semée d’embûches et est assez longue. Ça nous a pris deux mois facile en les relançant… Obligation de posséder un téléphone satellite ou une balise 406, un buzzer sur la pompe de cale automatique, un gréement changé ou au moins révisé… Ils ont même pris contact sans nous en informer avec notre expert pour le questionner sur le bateau. Surprise quand ils nous ont demandé si le deuxième collier WC était en place. Hein… !? Dans notre rapport d’expertise, aucune note de ça ! Bon passons… Une bonne chose de faite tout de même.
Et puis voilà, que dire de plus sur le sujet… Et bien peut-être que nous avons bien conscience de prendre un risque mais que comme tout le monde ici, on essaie de relativiser en se disant que 1/ les gros vilains ne se forment pas tous les ans et que 2/ il faudrait vraiment ne pas avoir de pot pour qu’il nous passe pile au dessus la tête…
Sur ce, souhaitez-nous quand même une bonne saison 2013 ! ;)
(et bravo, si vous avez tout lu !)
Ayant eu pas mal de mauvais échos sur Marigot Bay, on passe et on décide d’aller direct sur Rodney Bay. Navigation de quelques milles seulement avec un vent hyper changeant ! Alternance de grosses rafales et de pétole, variation de 60° sur la direction du vent… Ah c’est pas vraiment stable par ici !
Star Clipper sous voiles…
Là, on découvre une grande baie protégée par Pigeon Island où nous pouvons nous poser sur ancre devant le chenal qui mène à la grosse marina de Sainte-Lucie, point d’arrivée de l’ARC. Comme à la Soufrière, nous captons un petit Wifi qui aurait du me permettre de mettre le blog à jour si je n’avais pas été aussi flemmarde ! :)
Grosses villas amerloc sur la marina, avec les deux chiens de garde et l’abri pour jet-skis…
Sinon, pas grand chose par là. Gros hôtels en bord de mer… Nous attendons la meilleure fenêtre météo pour rejoindre la Martinique sans se faire secouer.
Ah et devinez quoi ! On reçoit enfin les radios françaises et ça, c’est cool :)
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