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Cap sur l’archipel des Cannareos

Hop hop hop, nous sommes sur le qui-vive depuis 7h patientant le temps que le port et ses employés s’éveillent. 10h, les pleins sont faits et enfin la guarda frontera nous remet notre despacho pour la prochaine destination : Cayo Largo… Nous nous grouillons de larguer les amarres de Cienfuegos et mettons cap au sud-ouest pour les prochains 50 milles de mer. Renaissance se pare de toute sa voilure car le vent ne semble pas très établi pour l’instant. Nous filons comme ça un petit moment avant de nous retrouver engluer dans une zone sans vent et complètement brouillonne. La houle a perdu la boule ! Elle est multiple et nous attaque de tous les côtés, sympa. Le bateau se fait terriblement bringuebaler. Peut-être sommes-nous dans une zone où les courants se rencontrent ou s’inversent, je ne sais pas. Ce que je sais pas contre, c’est qu’on doit vite se dégager de là, surtout qu’un peu plus loin devant, la mer moutonne ! Le génois est enroulé, le moteur est démarré mais la grand-voile claque. Un peu l’impression de se prendre des coups dans le bide à chaque claquement… Nous serrons fort les dents le temps de rejoindre la zone de vent et dix minutes plus tard, le génois est renvoyé. Ça y est nous sommes de nouveau à la voile et stable. Enfin euh, plus ou moins stable, en fait autant qu’on puisse l’être aux trois quarts arrières avec une bonne houle et un vent un peu timide !

En milieu d’après-midi, nous nous faisons doubler par un cata australien qui prend contact avec nous par VHF. On a croisé son capitaine ce matin juste avant de quitter le port et savons maintenant que nous faisons même route. Car comme eux, nous visons finalement la toute première île.

Sous bonne escorte

Aïe, nous remarquons que notre grand-voile présente maintenant une blessure de guerre ! C’est au niveau d’un des coulisseaux, assurément une zone de faiblesse, que la voile s’est déchirée sur une dizaine de centimètres. Va falloir recoudre ça lorsque nous aurons un peu de temps. Et ensuite visiter une voilerie aux Bahamas (?) ou aux Bermudes si notre réparation de fortune tient un tant soit peu la route. En attendant, tachons de la préserver au maximum…

Le soleil descend sur l’horizon de plus en plus rapidement au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la caye la plus proche. Course contre la montre pour arriver avant l’obscurité surtout que nous savons que 1) la caye n’est pas à la position indiquée sur la carte, et que 2) deux grosses patates de corail dangereuses car affleurantes se situent en plein milieu du mouillage ! Cool, heureusement Renaissance continue à filer à plus de 5 nœuds… Bon bateau que tu es !

18h, nous contournons très largement le récif situé au nord de Guano Del Este avant de poser l’ancre près de nos collègues australiens par 8m de fond de sable et d’herbes. Nous visualisons très bien les patates de corail localisées vers le phare et effectivement, ya carrément moyen de se faire gros bobo avec…

Guano Del Este est une caye faite entièrement de corail, à la végétation pauvrette et surmonté d’un phare puissant en forme de fusée qui date des années 1970. Sur l’île, vivent deux ou trois gardiens qui se relaient pour remonter le mécanisme régulièrement. De l’autre côté, une plage dont nous apercevons l’extrémité et qui permet de débarquer sur l’île. De par son orientation, le mouillage est souvent réputé rouleur mais grâce à la houle principalement d’est que nous avons en ce moment, nous y passerons une très bonne nuit ! :)

Ça a l’air un peu tristounet comme ça… mais en vrai, ça a du charme !

La tuile en partant

Déjà cinq six jours que nous sommes à Cienfuegos, il est grand temps de quitter la civilisation pour découvrir les petites plages et l’eau turquoise des cayes du sud.
Mais avant ça, nous devons rejoindre la marina pour un plein d’eau, de gasoil et pour récupérer notre despacho de sortie.
Il nous aura fallu poireauter pratiquement une journée entière avant que le ponton carburant se libère, et encore, à moitié. Les pare-battages et les amarres étaient en place depuis un moment. Il ne restait plus qu’à y aller. Dès que la place fut libre, nous nous sommes grouillés de relever l’ancre pour atteindre le ponton. Mais là gros souci : impossible de remonter les dix derniers mètres de chaîne et de ramener l’ancre au bateau ! Mais impossible de chez impossible, chaîne tendue à la verticale ! On a tenté de rallonger et de reprendre la chaîne selon différents axes mais rien à faire… Pas le choix capitaine râleur, tu dois plonger et aller voir ce qui se passe là dessous ! L’eau est maronnasse sur un fond de vase et le soleil n’est plus bien haut dans le ciel. Heureusement, le vent est encore calme. Quelques minutes plus tard, Jean-Rémy remontera avec le verdict : la chaîne a fait un tour mort autour d’un gros bloc de béton, le genre de truc qui servait peut-être de lest à un ancien corps mort. Pire, la verge de l’ancre est engagée sous le bloc dans le sens contraire à notre traction, la chaîne passant en dessous, puis au dessus, puis en dessous… Ce bazar arf !

Après avoir essayé de multiples choses pour nous dégager de là en un seul bout, nous sommes contraints de couper nos dix premiers mètres de chaîne. Mais juste avant, nous avons croché un mousqueton + une amarre sur la tête de l’ancre et repris le tout sur un des taquets de devant. Là, nous avons alors donné plein gaz en marche arrière plusieurs fois en tirant comme des tarés sur l’amarre. Rien n’y faisait. Mais au bout de la sixième fois et alors que nous allions abandonner et partir sans notre ancre, enfin, je sens un à-coup et il s’avère que nous reculons sur le Amel de derrière ! Miracle ! Le mousqueton a pété ? Non non ! C’est bien notre Delta qui remonte au bout de l’amarre et les premiers mètres de chaîne suivent ! Youhou ! Bon c’est pas que mais on y va maintenant à ce ponton carburant !? Cinq minutes plus tard, nous sommes devant la pompe mais évidemment la capitainerie est à présent fermée héhé. Pas d’eau non plus, il faudra patienter jusqu’à demain 8h pour faire les pleins. Ce qui ne nous arrange pas vraiment puisque nous avions prévu de partir très tôt demain pour rejoindre les îlots du sud-ouest situés à 50 milles de nous et que l’arrivée de jour est vivement conseillée, sinon obligatoire ! Bon, patience…

JR remettra l’ancre à sa place sur le guindeau et du coup, nous ne possédons plus que 50-60 mètres de chaîne au lieu des 60-70 initiaux. (Je ne sais plus trop exactement) Ce qui n’est pas bien grave et largement suffisant. Les mouillages avec plus de dix mètres de fond étant finalement très rares. Pour l’ancre et dans le pire des cas, nous avions toujours notre ancienne CQR amarrée au fond d’un coffre prête à prendre le relais si besoin…

Un orin n’aurait été d’aucune utilité sur ce coup. En fait, au mouillage de Cienfuegos, les bateaux bougent pas mal autour de leur ancre. Le matin, le vent vient de terre, l’après-midi de mer. Effet de brise thermique en puissance du au relief et aux montagnes de la sierra de l’Escambray toute proche. De plus, il y a quelques jours, nous nous sommes pris un énorme grain ! Le truc de 40 nœuds a duré facilement une petite demi heure et a pris tous les voiliers par surprise. Les tauds volaient, les derniers bateaux arrivés dérapaient, des trombes d’eau s’abattaient sur nous… La folie je vous dis pas ! Et un peu la frousse avec les éclairs qui zébraient le ciel et le tonnerre qui grondait. De plus, ça a levé un vilain et gros clapot qui arrivait jusque dans la marina. On voyait les mats danser et les bateaux sauter. Je pense qu’il y a eu plusieurs équipages qui ont du avoir quelques sueurs froides, les quais étant fixes et en béton bien agressif… Tout ceci a donc sûrement contribué à nous emmêler et bloquer un peu plus la chaîne autour du bloc.

Ah et si vous passez dans le coin, éviter donc les ennuis en posant votre ancre très loin de la position (faut que je complète) ! :)

En deux bouts, mais yes on a tout remonté !

Cienfuegos dans le nez

Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ! Aah nous venons de passer 24 heures horribles en terme de navigation. On n’a pas eu du tout ce qui était annoncé. Près serré directement en partant du mouillage ! Obligé de longer au plus près toutes les cayes des Jardins de la Reine et de tirer quelques bords au large. Bon avec 8 nœuds de vent réel, c’était encore potable !

J’ai mis deux lignes à l’eau, Poulpy Prairie et Poulpy Charles (du nom de son créateur, le dernier de la lignée) et c’est une pseudo réussite ! En très peu de temps, je remonte une carangue à raie bleue et un barracuda tous les deux de bonne taille. Malheureusement, nous n’avons aucunes données sur la présence de ciguatera ou non au sud de Cuba. Notre Imray précise que les barracudas de la cote nord sont toxiques tandis que ceux du sud seraient considérés comme sains. Bon sous réserve qu’ils ne soient pas trop gros. Par précaution, nous relâchons nos deux prises et nous préférons d’abord aller à la pêche… aux infos. Je remets mes lignes à l’eau car nous espérons tout de même toucher un thon, une bonite ou une coryphène, que nous savons sains. Mais malheureusement aucuns de ceux la ne se présenteront ! Poulpy Prairie disparaîtra même dans les profondeurs snif. Sûrement une prise trop grosse pour nous…

A la nuit tombée, nous sommes tout près de Cayo Breton et le vent se fait de plus en plus fort et s’oriente en plein dans notre poire ! On se retrouve alors à devoir tirer des bords avec 30 nœuds de vent sous 2 ris GV avec un mini bout de génois devant. Mais c’est quoi ce bordel ! Grosses rafales, courant à contre, la mer qui gonfle, le bateau qui tombe avec fracas dans les creux, une nuit noire, de grosses masses nuageuses au loin, bref on fait ce qu’on peut… J’avoue que je commençais un peu à avoir la frousse moi là… Et puis dans l’obscurité, avec les démons de la nuit, tout est majoré. Les bruits, la mer, le vent qui hurlait, brr… Alors on a espéré très fort que ce ne soit qu’un grain passager mais ça a duré un max et le ciel était finalement trop étoilé pour que ce soit ça. On ne réussissait pas non plus à savoir comment allait le bateau, s’il souffrait encore trop toilé, ou si au contraire il nous manquait un peu de voile pour avancer… On ne remontait pas du tout au vent et on a même tiré un bord attention à… 160° ! Aahaaah la loose ! :) On s’est même dit que si ça continuait comme ça ou si ça empirait, on se devrait se mettre au portant et tant pis pour le chemin à parcourir. (Oui ou à la cape mais on ne l’a jamais fait encore) L’atterrissage de nuit et avec autant de vent sur un des proches cayos entourés de récifs ne nous semblait pas envisageable…

Bon, on n’sait pas trop pourquoi, un peu après les 3h du mat’, poum tout a cessé en moins de dix secondes. On a récupéré nos 10 nœuds de vent d’est-nord-est, et du coup, on s’est retrouvé au près pas trop serré et sur le bon cap pour rejoindre Cienfuegos en direct ! Ouf, tout va mieux comme ça.

Nous avons accueilli le petit matin au moteur car le vent qui nous a causé tant de soucy durant la nuit s’est volatilisé. Doucement, nous nous rapprochons de Cienfuegos. A vrai dire, pas pressés d’y parvenir trop vite, car les formalités d’entrée sont à faire en arrivant. L’idéal serait en fait d’arriver en fin d’après-midi, histoire que les officiels lassés de leur longue journée aient envie de faire ça vite et soient pressés de rentrer chez eux ! :)

A 20 milles de l’arrivée, nous récupérons du vent, mais encore trop ! La mer moutonne et c’est reparti pour un tour. 25 nœuds dans la poire ! Cuba, ça se mérite ?

Enfin, vers les 15h, nous pénétrons dans le chenal menant à la grande grande baie de Cienfuegos. Nous suivons le balisage et les alignements destinés aux plus gros et contournons l’île de … Plus que quelques milles à présent ! Nous sommes lessivés, 24h de navigation plus crevante que les trois derniers jours passés en mer !

Chenal d’entrée de Cienfuegos, le ton est donné !

Petit village (Perche ?) les pieds dans l’eau en bordure de l’entrée

Dans la baie, petite mer intérieure, toujours autant de vent. Nous espérons que cela se calmera une fois sur place. Nous touchons au but. On s’active à préparer pare-battages et amarres ainsi que manette du guindeau ne sachant pas si nous allons d’abord mouiller ou devoir faire une manœuvre de quai.

Finalement Renaissance rejoindra la dizaine de bateaux au mouillage car le vent souffle toujours autant. JR sautera dans l’annexe direction les officiels afin de se présenter et voir la marche à suivre…

A Boca Chica !

C’est après 35 milles terriblement houleux que nous avons débarqué dans cette petite marina de la côte sud de la République Dominicaine, toute proche de Santo Domingo la capitale. Navigation pourrie, inconfortable, sous un soleil de plomb avec très peu de vent. A l’arrivée, ça y est, nous nous prenons du 20 nœuds plein sud mais il est déjà temps d’enrouler car nous nous approchons du chenal menant au port industriel. La houle rentre plein pot et ça déferle sévère à proximité de l’îlette La Piedra. Nous étions précédés par un petit catamaran roots qui je pense n’avait pas de cartes marines car il se rapprochait dangereusement de la barrière de corail qui encercle la marina. Nous passons devant et ouvrons la route. En contrepartie, nous bénéficions de leur appel VHF à la marina (équipage espagnol, parfait) pour les prévenir de leur (notre) arrivée. Echange de bon procédé ! Derrière La Piedra, la mer se calme et un pilote du port nous rejoint car il y a peu de fond et c’est assez régulier que les bateaux touchent et restent plantés dans le sable en tentant de rejoindre les pontons. Nous passons devant une marina privée, le Yatch Club et sommes enfin devant la marina ZarPar. En fait, pas de souci de profondeur d’eau, et deux bouées rouges permettent de contourner le banc de sable du milieu. L’eau y est turquoise, c’est drôlement beau mais pouah que de vent ! Nous loupons en beauté notre manœuvre d’appontement et le nez du bateau racle contre le bois. Et une balafre de plus, une !

Enfin amarré au ponton carburant, c’est une dizaine de personnes qui nous tournent autour. Nous ne savons pas qui est qui mais le bonhomme de la marina parle un peu français et tente de nous expliquer ce qui va se dérouler. Nous passons à la phase pas sympa des formalités d’entrée. Joyeux bordel ou tout le monde nous parle en même temps et où on essaie de suivre du mieux qu’on peut mais nous sommes complètement dépassés. Un se tire avec les papiers du bateau, un autre avec nos passeports, un autre encore avec notre VHF portable parce que la sienne ne marche plus… Deux bonhommes montent à bord, un pour le contrôle de drogue et un autre à la mine patibulaire et en uniforme de la Marina de Guerra. Fouille ou plutôt fouillette du bateau, quelques placards ouverts… et contents, ils nous tapent deux barres chocolatées et s’en vont en jetant les emballages à la mer… Direction maintenant la capitainerie où là nous nous prenons un bon coup de massue quand la gentille dame de l’accueil nous annonce avec un grand sourire que ça fera juste 180 $US uniquement pour l’entrée ! Ohoh non mais dis moi que j’hallucine. 180 $US ! Là, je commence à faire un peu la gueule quand elle nous dit que c’est obligatoire partout en République Dominicaine, blabla, baratin… et elle aussi du coup, elle perd également son sourire, surtout quand on lui demande pourquoi, et qu’on lui dit qu’on comprend pas du tout… Normalement et officiellement, nous devons payer uniquement 63 $US pour l’entrée. 43 pour le bateau et 10 par personne pour la carte touristique. Alors oui, je sais bien qu’en République Dominicaine, les autorités sont particulièrement corrompues, aiment beaucoup les dessous de table mais là quand même… C’aurait été 100 $US, nous aurions probablement raqué sans trop poser de questions. Mais là je trouve que c’est abusé surtout comment la chose est présentée. Bref, de toute façon, nous ne possédons même pas cette somme à bord et bien sur, ils ne veulent que du cash. Nous expliquons au gentil et arrangeant bonhomme de la marina qu’on ne veut pas et qu’on ne peut pas payer le triple du vrai prix et… étonnement, après une petite discussion, ça passe ! Direction maintenant l’immigration pour régler la somme due donc de 63 $US, tampons sur les passeports et retour au bateau, c’est fi-ni. On est satisfait, on s’en est pas trop mal sortis mais n’osons pas crier victoire trop vite. Et oui, y’aura encore la sortie à faire…

A savoir que les frais d’entrée dans le pays varient énormément selon le port dans lequel vous vous trouvez. Chacun fait à sa sauce. Le plus cher serait apparemment Lupéron au nord… Attention de bien récupérer les visas touristiques et le visa du bateau sinon vous êtes bons pour repayer dans le port suivant. Ensuite à chaque changement de port, il faut demander un despacho de sortie et en refaire un à chaque arrêt. Normalement c’est gratuit, mais en pratique ça tourne souvent entre 10 et 20 $US. La combine consiste donc à demander un despacho pour un port assez loin sur la route, et s’arrêter mouiller où bon nous semble en prétextant un problème mécanique, un besoin de repos… avant de rallier le port en question.

Bon à part ça, la marina est clean bien qu’un peu chère. Comme la plupart des autres bateaux de voyage, nous choisissons donc de prendre un corps morts (une dizaine de disponibles) pour la somme de 18 $US par jour, avec eau gratuite et accès aux commodités. Wifi gratos aussi. Machines à laver plus qu’abordables…

Marina ZarPar tout confort…

Sur bouée, c’est parfait…

Nous partons vadrouiller dans les environs et découvrons Boca Chica, petite station balnéaire peut être un peu glauque où plusieurs grands complexes hôteliers ont été construits. Sa plage principale est très réputée notamment pour les habitants de Santo Domingo qui viennent s’y prélasser le week-end. Par contre, nous n’y traînerons pas nos tongs après la tombée du jour car Boca Chica est aussi connue pour ses chaudes nuits, sa prostitution et ses trafics en tout genre… Nous avions choisi d’atterrir ici car nous voulions poser le bateau dans une marina le temps de se promener sur l’île. Et puis, nous ne voulions pas côtoyer les milliardaires et le monde fabuleux de Casa De Campo…

La plage de Boca Chica… Juste à droite, le port.

Le long de la plage…

Vente de tableaux à Boca Chica