Un mois après notre arrivée, il faut bien nous rendre à l’évidence : il n’y a tout simplement pas de boulot pour moi à La Rochelle. Mais comment ça infirmière et au chômage technique !? Et oui malheureusement, les choses ne sont plus celles qu’elles étaient il y a encore deux ans. Aujourd’hui, et un peu partout en France, c’est la grosse galère pour trouver un poste. Et n’allez pas croire là que les services de soins se portent mieux ! Non non au contraire, il manque toujours autant de soignants, seulement maintenant les hôpitaux n’ont soi-disant plus les moyens d’embaucher. Et voilà pas qu’à présent les tous nouveaux diplômés se retrouvent à faire la queue chez pole emploi ! Bref, me voici donc contrainte d’élargir ma recherche…
Et c’est à Royan qu’on me fera une proposition, dans le cadre de l’ouverture d’un tout nouveau service à l’hôpital. Réintégration anticipée sur ma dispo ok et demande de mutation ok. Finalement, les choses se goupillent pas trop mal. Bon et bien reste plus qu’à déménager !
Le 16 septembre, Renaissance a profité de la journée pour parcourir la petite soixantaine de milles qui séparent La Rochelle de Royan. Pas beaucoup à raconter sur cette petite navigation ; peu de vent, beau temps, une mer très calme et plutôt verte, des petites méduses et des grosses par centaines…
Le bateau a trouvé une place en forfait hivernage et pour la suite, bah j’ai envie de dire : on verra bien ! Après quelques retrouvailles famille, Jean-Rémy s’est également mis en quête d’un futur boulot. Il devrait commencer d’ici quelques jours et moi dans quelques semaines. Donc, ça y est ; la machine est lancée… Il est temps de remettre en activité nos deux carcasses et nos méninges ! Pour tout vous dire, la reprise nous inquiète un peu et promet d’être folklo sachant qu’on n’arrive désespérément pas à émerger en temps normal avant les 10h. Mais cela va nous faire du bien et j’espère surtout, nous faire sortir de cette espèce de morosité qui nous colle à la peau depuis notre retour en France. Donc euh si vous avez un ou deux réveils qui traînent hein… :)
Sinon le matou va très bien. Elle s’est acclimatée sans problème à son nouvel environnement royannais et gambade tous les jours sur les pontons. Elle a également rencontré ses deux acolytes du Lot-et-Garonne lors d’une petite virée à la campagne… On se l’était imaginée cabriolant dans la nature et grimpant aux arbres en dégustant cette nouvelle liberté… Et non pas du tout ! Notre Yoda n’a pas vraiment aimé cette nouvelle sensation de l’herbe sur ses coussinets et n’est donc pas sortie souvent de la maison ! Fallait la voir tenter de marcher et de courir dans la verdure, tout en levant bien haut les pattes, pour toucher le sol le moins possible ! Bon, on s’est marré :)
Nouveaux copains !
A voulu gouter l’eau de La Rochelle avant de partir…
Que vous dire de plus ? Concernant le bateau, nous avons vendu tout plein de matériel qui ne nous aurait plus servi et nous avons peu bidouillé à bord. Pourtant, il y a bien des petites choses à faire mais la motivation nous fait défaut. Ah si, notre super chauffage re fonctionne et en fait… c’est déjà beaucoup ! :)
Nous voilà donc en Galice pour une dernière escale avant de clôturer définitivement notre périple de 2 ans autour de l’Atlantique !
Mais avant de replonger dans la réalité pour un bon moment, nous nous offrons quelques semaines de farniente dans une région que nous aimons et que nous connaissons déjà un peu puisque c’est la troisième fois que nous y trainons notre coque… Pour nous, c’est un super bassin de navigation avec de profondes rias aux plans d’eau bien abrités, partagé entre côte rocheuse, plagettes dorées, petits villages sympatoches et forêts d’eucalyptus. Seul hic, la température de l’eau ; quasiment glaciale par ici brrr ! :)
Notre premier jour en Espagne fut consacré au gros nettoyage de Renaissance pour pouvoir accueillir au mieux nos deux invités dès le lendemain. Pas mal de boulot, puisqu’il y avait autant à faire dehors que dedans !
C’est donc à quatre que nous avons quitté Vigo pour rejoindre Combarro dans la ria de Pontevedra juste au dessus. Vieux village pittoresque les pieds dans l’eau, le presque incontournable lorsqu’on visite la région ! Et puis, bah direction la péninsule de O Grove pour un mouillage tranquillou à proximité de San Vicente del Mar.
Trois horreos de Combarro, séchoirs sur pattes
Le lendemain, on ne perd pas de temps, cap sur Muros ! Un peu de brume matinale au départ puis grand soleil et quelques dauphins sur la route pour le plaisir de tous. Par contre, plus on se rapproche du Cap Finisterre, et plus le vent actuellement de nord-nord-est se fait fort. C’est donc au port et au chaud pour quelques jours que nous attendrons une accalmie qui nous permettra de continuer notre route vers le nord. Là, nous avons rencontré notre voisin de ponton. Marrant c’est un voilier parti le même jour que nous et en même temps de Terceira aux Açores et qui est arrivé également le même jour que nous en Galice !
Dans les ruelles de Muros
Dernier mouillage à l’est de Playa de Llagosteira, caché du vent derrière la Punta Sardinero, avant de remonter la fameuse Costa del Muerte. Là, nous avons choisi de patienter un jour de plus pour passer le Cap Finisterre avec pétole plutôt qu’avec vent dans le nez !
Cap Finisterre ! Tranquille et ensoleillé ! On y va !
Enfin, après une dernière nav de 70 milles, nous avons rejoint la Corogne le 1er aout pour y relâcher nos invités qui repartiront vers la Normandie. Surprise à notre arrivée de voir que la marina A Coruna est bien remplie ! Apparemment la météo n’a pas été sympathique ces derniers temps et beaucoup de voiliers sont en attente pour descendre vers le sud… Ils leur faudra patienter encore un peu ; demain le temps se gâte, une dépression se ramène donc vent de secteur sud…
Quant à nous, depuis on flâne, on glandouille, on profite. On visite La Corogne, finalement beaucoup plus jolie et sympa que dans nos souvenirs ! Pas mal de vieux monuments et de rues piétonnes que nous avions zappés lors de nos précédentes vadrouilles. Et surtout, surtout, on apprécie nos derniers moments de liberté… C’est une drôle d’impression que de se sentir à la fin du voyage en voyant tous ces bateaux qui commencent le leur. Ça y est, me voilà nostalgique snif. D’ici peu, c’est le retour à la réalité et les questions existentielles viennent régulièrement me tarauder quand la nuit tombe et que le sommeil tarde à venir. Arriverons-nous à nous recaler dans quotidien ? Comment va se passer la transition ? Ou va-t-on se poser ? Bref, les interrogations habituelles que tout le monde se posent quand une page de vie se tourne… :)
Jr aux pieds de la Tour d’Hercule, le plus ancien phare au monde…
Bon aller vite fait, deux mots comme promis sur l’octroi de mer !
Pour tout vous dire, je voulais pondre un article super complet après avoir bien potassé la question mais malheureusement, vu que nous n’avons plus le net à la marina, c’est beaucoup plus compliqué d’avoir accès aux informations !
(Bon je me confesse, ça m’arrange aussi un petit peu parce que tout ce qui est législation, ce n’est trop pas mon truc et le sujet me file vite la migraine. Du coup, après avoir suffisamment procrastiné, je me lance comme ça avec les deux trois notes que j’ai sous la main. J’espère donc ne pas trop dire d’âneries… ;)
Alors parlons-en de cet octroi de mer !
C’est en fait un très très vieil impôt qui concerne uniquement les départements d’outre-mer, donc la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion. C’est une taxe qui s’applique sur tous les produits importés (y compris de l’UE ou de la France métropolitaine) mais également sur les productions locales.
Le but étant de favoriser les produits locaux par des exonérations ou des réductions de l’octroi de mer par rapport aux mêmes produits importés…
Elle est perçue par la douane au profit des collectivités locales. C’est ainsi la première recette fiscale des communes.
Donc concrètement, cela touche… et bien tout ! La bouffe du supermarché (cette fameuse vie chère), les produits divers de consommation, la pièce chez le ship qu’il vous manque et qui vous fait de l’œil, le colis que vous vous faites gentiment envoyer de métropole et aussi… le bateau sur lequel vous avez débarqué ici ! Et oui !
A savoir que seules les embarcations voulant squatter un peu l’île sont concernées. Bateau de passage, tu n’auras donc pas à raquer (sauf tes 3 euros de clearance, normalement gratuite, mais comme « Oui mais c’est pour l’ordinateur » hein…)
Alors légalement, si l’équipage ne travaille pas à terre, il est maintenant possible de rester 18 mois sur l’île après avoir déclaré son entrée et fait sa clearance douanière. C’est le régime de l’admission temporaire qui permet de ne pas payer les taxes en vigueur. Une fois ce délai passé, soit tu paies, soit tu sors « du pays » une journée, genre une virée en Dominique, et tu refais ton entrée au retour. Là c’est comme neuf, c’est reparti pour un tour de 18 mois sans soucy ! Et français ou pas, c’est pour tout le monde la même chose.
Aussi, si tu veux faire du bizness en revendant des biens fraîchement importés, tu dois payer ! Cela signifie donc que tu ne peux pas débarquer sur l’île et mettre en vente ton bateau sans t’acquitter de l’octroi de mer calculé sur la valeur de celui-ci.
Ensuite, prenons le cas de l’équipage qui compte refaire sa caisse de bord en suant sous le soleil antillais (hé, mais c’est nous !) Alors là, c’est banco, faut payer la taxe ou au choix, devenir fraudeur. Le montant à leur donner correspondrait à environ 10% de la valeur du bateau (octroi de mer + octroi de mer régional), c’est juste énorme quoi !! Et encore plus en Guyane…
Heureusement, il existe une petite astuce légale qui rend un grand service aux fauchés qui veulent bosser ici et qui leur permet ainsi de ne pas payer d’octroi de mer.
Il faut savoir qu’il suffit tout simplement de déménager son domicile de la métropole vers les Antilles ! En effet, la loi prévoit que les marchandises importées dans le cadre d’un déménagement bénéficient d’une franchise d’octroi de mer. Pour pouvoir effectuer ce changement d’adresse, il faut normalement passer au minimum 6 mois et 1 jour sur l’île.
Donc voilà, sachant ça, il ne reste plus qu’à se trouver une adresse (facile, celle de la capitainerie !) et à réunir la paperasse demandée, donc :
– L’attestation de la mairie de départ prenant en compte le changement d’adresse
– Pour le déménagement fiscal, une copie de la lettre faite pour les impôts (je crois qu’en plus on paie moins d’impôts sur le revenu ici)
– Les papiers du bateau
– Les passeports
– L’inventaire complet des biens importés (dont un super magnifique voilier tiens !), daté, signé et en double exemplaire
– La clearance d’entrée
– La dernière facture du port (?)
– Le droit annuel de navigation (sommes exonérés car vieux rafiot… mais toujours magnifique, si si… ;)
Avec tout ça, nous nous sommes présentés au bureau de douane une heure avant la fermeture des locaux, et en une demi-heure, bah c’était bouclé ! Bidon… On repart de là avec un mini tampon qu’on présentera lors des futurs contrôles. Ils vous demandent également si vous souhaitez changer votre port d’immatriculation : truc inutile et pas obligatoire !
En contrepartie, on s’engage à ne pas vendre le bateau (et normalement tous les autres biens importés inscrits sur l’inventaire) pendant une période d’un an… (= déménagement, pas bizness’)
Attention, certains agents intermédiaires demanderaient une grosse somme (plusieurs centaines d’euros) pour faciliter et accélérer les démarches et la paperasse. Grosse arnaque car ces formalités sont gratos et vraiment rapides…
Selon radio-ponton, les meilleures manières de se faire attraper en cas de défaut de paiement d’octroi de mer, c’est d’afficher un joli panneau « A vendre » sur son bateau ou le mettre en vente sur internet… C’est de dépasser le délai des 18 mois autorisés (ils ont les clearances)… Mais c’est aussi de se faire balancer par un c*n de voisin qui sait trop de choses… Apparemment, ça arrive.
Nous nous sommes déjà fait contrôler deux fois par la douane au ponton mais avec le tampon magique, ça passe tout seul…
Côté courrier postal
Pour se faire envoyer des colis, il ne faudrait pas dépasser les 30 euros de marchandises et un certain poids afin d’être pratiquement sur d’éviter de se faire coincer par la douane et d’être obligé de payer l’octroi de mer. Ces 30 euros prennent en compte la valeur douanière des objets envoyés ainsi que les frais de port. Au delà, c’est la loterie… Certains transporteurs (DHL et Cie…) seraient particulièrement contrôlés et vous facturent des frais de traitement supplémentaires si contrôle douanier il y a. D’où l’intérêt d’essayer de se renseigner avant de choisir un mode de livraison lors d’une commande sur internet par exemple…
Comme la TVA est moindre ici, il faut penser à demander à payer les factures en HT. Ah ! Et la mention « cadeau » inscrite sur le colis permettrait également d’être exonéré de taxes…
–
Voilà, stop, j’en dis pas plus. A savoir qu’il me manque pas mal d’infos pour tout comprendre. Par exemple, c’est quoi encore que cet octroi de mer régional ? Apparemment une autre fiscalité qui se rajouterait au premier octroi de mer dans certains cas… !?
Et pour finir, si vous vous voulez carrément éviter tout ça, débrouillez-vous pour monter sur Saint-Martin ou sur Saint-Barth’. En effet, en plus de ne pas connaître la TVA, ces deux îles ne sont évidemment pas soumises à l’octroi de mer…. (monde merveilleux des bisounours !)
Recherches qui ont permis de trouver cet article :
- https://voyage-de-renaissance fr/lespratiques/loctroi-de-mer/
- Liste immatriculation bateau en dominique antille
Comme prévu, on a demandé à la capitainerie de changer d’emplacement et s’il était possible d’avoir une place au lagon bleu. Requête tout de suite acceptée puisque le port est actuellement loin d’être plein.
Bref, Renaissance a rejoint son nouveau p’tit coin et en plus, nous sommes maintenant sur catway. Fini le collé-serré avec les voisins, et surtout les places sont méga larges. L’environnement est très calme et tout le monde semble se connaître. Un tiers de bateaux à moteur, un tiers de voiliers habités et un autre de voiliers plus ou moins désarmés pour la saison…
A côté de nous, il y a un dériveur avec à bord… 3 toutous ! Euh… Bon, renseignements pris, ça ne devrait pas poser de souci avec Yoda qui d’ailleurs, passe maintenant de longues heures à les observer… Et puis, comme ils ont également la maison ici, ils ne sont en fait pas souvent là. En face, il y a aussi Bouboule, un labrador noir que notre matou adore et avec qui ça se passe bien sauf bien sûr quand elle tente de lui piquer son bout de pain ! Elle a également fait connaissance avec les deux chats qui traînent sur le ponton. Un jeune rouquin qui a des idées derrière la tête et qui squatte souvent notre bateau… Et avec le deuxième qui lui est un gros pacha beaucoup moins sympathique ! Mais quelle vie sociale hein ?
Le souci, c’est qu’madame fait sa maline devant les copains et se retrouve à la flotte après avoir escaladé le portique des voisins ! Et hop un premier bain de mer dans le lagon ! Ensuite, ça s’éclate à chasser le crabe ou ça veut grimper sur des cata-immeubles et plouf encore le chat…
Heureusement, nous étions là à chaque fois pour la remonter. Du coup, on la laisse vagabonder mais tout en gardant un œil sur elle et parfois, elle porte une petite longe. Oui bon, je sais un chat c’est fait pour aller se balader et faire ses affaires tranquille pénard… Mais on s’déculpabilise en se disant qu’on préfère cent fois ça à un chat noyé. Et puis tout ça c’est nouveau, les pontons, le port, les chiens qui, non, ne sont pas tous des copains, les caddies, les passants à qui elle réclame toujours une caresse… Une vraie petite star à la « coquetterie dans l’œil »… Les dernières fois qu’elle a vu le bateau au port sont loin ! A Hendaye, avant le départ, elle était tout bébé et n’arrivait même pas à grimper sur les banquettes. A Mindelo, bah elle est tombé à l’eau et n’a plus trop fait l’andouille après. Au marin, elle était possédée par ses chaleurs et ne nous quittait pas d’une semelle…
On espère seulement qu’elle va prendre un peu d’expérience et également conscience que non, les Chats ne se penchent pas sur l’eau à raz le ponton pour aller voir ce qui se trame dessous et que non, ils ne sont pas non plus toujours à la recherche du point de vue le plus haut et le plus inaccessible ! :)
Alors, ça remet les idées en place ?
Sinon, les choses ont bien avancé. Le nouveau pataras est en place. L’assurance, c’est ok. La franchise d’octroi de mer, c’est fait. Je reviendrai là-dessus un peu plus tard…
Nous sommes maintenant fin juin et sur les bateaux, les gens commencent un peu à s’activer pour les déshabiller. Nous avons suivi le mouvement, et les voiles sont rangées, l’éolienne, le radar et les petits panneaux solaires aussi. On a aussi investi dans de nouvelles amarres…
Un bout du lagon
Je n’ai toujours pas trouvé de boulot malgré mes mails, coups de tel et CV redistribués.
Je pensais au départ que c’était le fait que mon adresse soit à la marina, plus le fait que je n’ai pas travaillé depuis un moment, et plus le fait que mon CV ne soit pas trop le reflet d’un parcours stable… qui me discréditaient. Mais en fait, il s’avère que les établissements de soins en Guadeloupe ne vont pas très bien (ex : CHU, CHBT, une solution ?…). Conclusion, il n’y a pas, ou peu d’embauches. Et puis je pense que s’il y a besoin, la préférence va d’abord à l’embauche « locale »…
Voilà faut donc que je trouve à m’occuper et vous allez me dire que sur un bateau, ça tombe bien, les occupations ne manquent pas. Et c’est vrai ! Mettre le blog à jour (2 mois de retard pfff), couture, peinture, grand lessivage, et autres trucs bien ch*ants qu’on repousse toujours au lendemain n’attendent que moi.
Aaah.. Laissez-moi juste le temps de retrouver et d’organiser ma motivation et promis, je m’y mets… :)
Et moustiques, tenez-vous bien, je passe à l’offensive !
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