Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ! Aah nous venons de passer 24 heures horribles en terme de navigation. On n’a pas eu du tout ce qui était annoncé. Près serré directement en partant du mouillage ! Obligé de longer au plus près toutes les cayes des Jardins de la Reine et de tirer quelques bords au large. Bon avec 8 nœuds de vent réel, c’était encore potable !
J’ai mis deux lignes à l’eau, Poulpy Prairie et Poulpy Charles (du nom de son créateur, le dernier de la lignée) et c’est une pseudo réussite ! En très peu de temps, je remonte une carangue à raie bleue et un barracuda tous les deux de bonne taille. Malheureusement, nous n’avons aucunes données sur la présence de ciguatera ou non au sud de Cuba. Notre Imray précise que les barracudas de la cote nord sont toxiques tandis que ceux du sud seraient considérés comme sains. Bon sous réserve qu’ils ne soient pas trop gros. Par précaution, nous relâchons nos deux prises et nous préférons d’abord aller à la pêche… aux infos. Je remets mes lignes à l’eau car nous espérons tout de même toucher un thon, une bonite ou une coryphène, que nous savons sains. Mais malheureusement aucuns de ceux la ne se présenteront ! Poulpy Prairie disparaîtra même dans les profondeurs snif. Sûrement une prise trop grosse pour nous…
A la nuit tombée, nous sommes tout près de Cayo Breton et le vent se fait de plus en plus fort et s’oriente en plein dans notre poire ! On se retrouve alors à devoir tirer des bords avec 30 nœuds de vent sous 2 ris GV avec un mini bout de génois devant. Mais c’est quoi ce bordel ! Grosses rafales, courant à contre, la mer qui gonfle, le bateau qui tombe avec fracas dans les creux, une nuit noire, de grosses masses nuageuses au loin, bref on fait ce qu’on peut… J’avoue que je commençais un peu à avoir la frousse moi là… Et puis dans l’obscurité, avec les démons de la nuit, tout est majoré. Les bruits, la mer, le vent qui hurlait, brr… Alors on a espéré très fort que ce ne soit qu’un grain passager mais ça a duré un max et le ciel était finalement trop étoilé pour que ce soit ça. On ne réussissait pas non plus à savoir comment allait le bateau, s’il souffrait encore trop toilé, ou si au contraire il nous manquait un peu de voile pour avancer… On ne remontait pas du tout au vent et on a même tiré un bord attention à… 160° ! Aahaaah la loose ! :) On s’est même dit que si ça continuait comme ça ou si ça empirait, on se devrait se mettre au portant et tant pis pour le chemin à parcourir. (Oui ou à la cape mais on ne l’a jamais fait encore) L’atterrissage de nuit et avec autant de vent sur un des proches cayos entourés de récifs ne nous semblait pas envisageable…
Bon, on n’sait pas trop pourquoi, un peu après les 3h du mat’, poum tout a cessé en moins de dix secondes. On a récupéré nos 10 nœuds de vent d’est-nord-est, et du coup, on s’est retrouvé au près pas trop serré et sur le bon cap pour rejoindre Cienfuegos en direct ! Ouf, tout va mieux comme ça.
Nous avons accueilli le petit matin au moteur car le vent qui nous a causé tant de soucy durant la nuit s’est volatilisé. Doucement, nous nous rapprochons de Cienfuegos. A vrai dire, pas pressés d’y parvenir trop vite, car les formalités d’entrée sont à faire en arrivant. L’idéal serait en fait d’arriver en fin d’après-midi, histoire que les officiels lassés de leur longue journée aient envie de faire ça vite et soient pressés de rentrer chez eux ! :)
A 20 milles de l’arrivée, nous récupérons du vent, mais encore trop ! La mer moutonne et c’est reparti pour un tour. 25 nœuds dans la poire ! Cuba, ça se mérite ?
Enfin, vers les 15h, nous pénétrons dans le chenal menant à la grande grande baie de Cienfuegos. Nous suivons le balisage et les alignements destinés aux plus gros et contournons l’île de … Plus que quelques milles à présent ! Nous sommes lessivés, 24h de navigation plus crevante que les trois derniers jours passés en mer !
Chenal d’entrée de Cienfuegos, le ton est donné !
Petit village (Perche ?) les pieds dans l’eau en bordure de l’entrée
Dans la baie, petite mer intérieure, toujours autant de vent. Nous espérons que cela se calmera une fois sur place. Nous touchons au but. On s’active à préparer pare-battages et amarres ainsi que manette du guindeau ne sachant pas si nous allons d’abord mouiller ou devoir faire une manœuvre de quai.
Finalement Renaissance rejoindra la dizaine de bateaux au mouillage car le vent souffle toujours autant. JR sautera dans l’annexe direction les officiels afin de se présenter et voir la marche à suivre…
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