Après ce mois passé à Cuba où les navigations se sont enchainées à bon rythme, nous aspirons maintenant à un peu de repos avant de nous mettre sur la route du retour. Cette dernière escale aura vraiment été sympathique même si nous avons du « bouffer du mille » en quelque sorte pour rester dans le timing. Nous regrettons de ne pas avoir passé plus de temps sur le sol cubain, deux mois auraient été l’idéal, voire même plus encore, tant cette île a beaucoup à offrir…
Nous sommes à présent aux Bahamas, énorme archipel de plus de 700 îles dispersées ici et là au beau milieu d’une grande piscine turquoise et peu profonde. Comme nous l’observons dès notre arrivée, l’eau est superbement translucide et la couleur de la mer est royale. Mais pour nous, cette escale sera avant tout un arrêt pratique, principalement dédié à la préparation du bateau… Nous ne souhaitons pas courir et après Bimini, je pense que nous rallierons directement Nassau, la capitale des Bahamas. Renaissance est lui aussi essoufflé et mérite qu’on le bichonne, surtout que nos dernières navigations n’ont pas été des plus douces. Bref, il y a un peu de boulot en perspective, le même que nous laissons trainer depuis Cuba ou bien avant…
Pour en revenir aux Bahamas, Bimini est en quelque sorte la porte d’entrée est de l’archipel car ce petit groupe d’iles est situé à une journée de mer de la Floride. On y trouve donc énormément de touristes américains, sous la forme de terriens qui vont dans les hôtels et dans les resorts, de voiliers en vadrouille, de pécheurs au gros qui profitent également de ce spot très réputé le temps d’un week-end par exemple… Ici, pas grand chose à faire sinon laisser le temps filer en profitant de la plage et du soleil radieux…
North Bimini
Nous faisons la connaissance des voiliers qui nous entourent, un couple de français (bonjour à vous si vous nous lisez ! :) qui ont opté pour une transat retour différente, un grand frère de Renaissance, un Westerly Conway de 1981, flottant pavillon suédois avec à son bord un couple adorable que JR ira dépanner, leur pilote auto étant devenu fou… Ainsi que deux voiliers américains, dont un avec deux bonhommes à bord passablement éméchés ces jours là mais qui nous feront également part avec grande gentillesse de leur expérience dans les eaux bahamiennes ! :)
Les 2 Westerly chez Weech’s Bimini Dock
Quelques jours plus tard, nous décidons de continuer notre bout de chemin et surtout de nous mettre en quête d’une voilerie. Priorité number one ! Qui urge parce que nous avons une déchirure sur la chute du génois, une autre rafistolée au niveau d’un coulisseau de la grand-voile, et à la dernière prise de ris sportive, idem, encore un bobo de plus au niveau de la chute de la GV… Bref, vous l’aurez compris, la case « voilier » est obligatoire avant de partir en transat.
Durant la semaine à venir, le vent va s’installer à l’est-sud-est, pile le cap pour rejoindre Nassau donc il est temps de partir avant de se retrouver coincer ici ! Il est 9h lorsque Renaissance se décolle du ponton aidé par tout le monde. Tant mieux car il y a du vent et beaucoup de courant, et la manœuvre nous faisait bien stresser. Nous reprenons le chenal et partons pour 6 milles avec vent et houle dans le nez avant de bifurquer à l’est. Le vent est de 12-15 nœuds de nord-nord-est virant progressivement sur deux jours à l’est-sud-est. Comme Nassau est à 120 milles de Bimini, faut se grouiller !
La navigation s’effectuera en deux bouts. La première partie nous fera traverser le Great Bahama Bank, grand haut fond de quelques mètres d’eau et qui s’étale sur environ 70 milles. La seconde nous placera en eau profonde pour les derniers 50 milles visant Nassau. Comme il n’est pas recommandé de traverser le Bank de nuit, il est conseillé de planter l’ancre n’importe ou et de reprendre sa route au lever du jour pour continuer en sécurité sur la passe du Northwest Channel Light… Problème, notre guide de navigation est trop pourri, et ne nous donne aucunes informations précises des profondeurs d’eau sur le Bank. On ne peut pas se fier non plus à OpenCPN. Mais grâce aux voisins, juste avant de partir, j’ai pu photocopier et faire des photos de leur ChartBook en relevant les waypoints intéressants. Je peste, c’est quand même pas normal de payer 70$US un bouquin de navigation et que ce soit tout bonnement impossible de naviguer avec ! Donc cher lecteur et futur navigateur dans les Bahamas, te poses pas de question, achètes directement les Chartbook Explorer. Au moins tu pourras faire avancer tranquillement ta quille dans l’eau turquoise sans craindre le pire !
La navigation sur le Bank a été sympathique malgré un prés serré serré et quelques bords. Renaissance filait bien dans 3 à 6m d’eau, bien qu’un peu déséquilibré avec un génois à fond et 3 ris GV pour soulager les blessures de la voile ! A la nuit tombée, nous nous sommes rapprochés des hauts-fonds des Berry Islands pour mouiller à leurs pieds en espérant qu’ils nous protégeraient du clapot levé par le vent. Mouillage au 25°33’22N, 78°11’88 sur fond de sable dans 4m d’eau. Un gros bateau à moteur était également mouillé à deux pas de nous, tout éclairé comme un sapin de noël et fort rassurant car l’endroit est énormément fréquenté la nuit, notamment par des vedettes rapides, des pêcheurs et des cargos ! Nous avons également illuminé Renaissance autant qu’on le pouvait, double feu de mouillage et feu de pont allumé puis avons regagner notre lit douillet.
La nuit fut assez agréable malgré un plan d’eau pas très plat, mais relativement courte puisqu’à 7h, nous étions déjà de nouveau en route. But : passer le goulet du Northwest Channel en prenant au nord du phare. Problème, pas de feu visible, gros stress car des « on-dit » de waypoint erroné, d’une vieille plateforme submergée et dangereuse, ainsi que des enrochements à proximité… Du coup, on est passé au ralentit et un peu au pif, tout en surveillant le sondeur et la couleur de l’eau à la proue du bateau. On a rien vu et au plus bas, il y avait encore 5m d’eau dans la passe. Ensuite, en quelques minutes, le sondeur a décroché : nous étions enfin en eau libre !
Comme le vent était là mais tranquille et la mer super calme, on s’est offert le luxe de tirer un long bord à la voile. Malheureusement nous faisions +20° par rapport à la route directe pour Nassau. Soleil grand et fort, quelques globicéphales sur la route… Quasiment une journée de navigation parfaite s’il n’y avait pas un cap à respecter… Dans l’après-midi, le vent a grimpé et a viré pas dans le bon sens, la mer s’est également levée et nous avons fini la journée d’une manière assez horrible. 1h30 de moteur face à la houle et au vent dans des creux bien formés ! Il était temps d’arriver…
Nous avons ensuite appelé le Nassau Harbour Control pour recevoir l’autorisation de rentrer dans le port, comme le préconisaient les guides de nav. Après une petite discussion durant laquelle ils nous ont demandé l’immatriculation du bateau, nous recevons le feu vert. Pratiquement engagé dans le chenal d’entrée, c’est un paquebot monstre qui s’avance vers la sortie… Euh ? Z’êtes sûr qu’on peut passer lààà ? Bah non forcément, sous l’oeil des pilotes, on patientera…
Le monstre…
Quelques instants plus tard, nous y sommes. Nous plongeons notre ancre dans la deuxième zone de mouillage, celle non officielle devant Atlantis au pied du premier pont, et savourons tout en baillant à s’en décrocher la mâchoire le fait d’être arrivés à destination… :)
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