Ah qu’il était temps ! Grand aprèm ensoleillé pour une navigation pépère histoire de se remettre dans le bain. On n’attendait plus que le retour du lazy bag. De nouveau à sa place, un rapide aller-retour en haut du mât finit d’installer liens, réflecteur radar et protections de barres de flèches. Une petite vérification des coins et des recoins du bateau, et nous sommes prêts. Nous larguons les amarres, oulà qu’elles sont toutes sèches et bien rêches celles-là… Faut dire que ça fait un bon moment maintenant que Renaissance ne s’est pas dégourdi la coque.
En mer, y’a bien du monde ! De toutes manières, il y a toujours du monde à Hendaye le week-end, en particulier quand il fait beau. Nullement inquiétés par la houle, si petite soit elle, nous retrouvons peu à peu nos marques. Au début, mes yeux cherchent un peu ce qu’ils devraient voir mais petit à petit ils y parviennent… (Euh elle ne m’a pas l’air très compréhensible cette phrase !?) M’enfin, j’me comprends !
Tous ces bateaux, ça s’croise et ça se recroise dans tous les sens et la majorité sont à la voile malgré les… 5-10 nœuds de vent présents ! Oui Pépère la navigation je vous disais… On piétine un peu, on recule et ah ça y est on avance malgré cette brise assez irrégulière.
De retour dans la baie, on opte pour choisir un nouvel emplacement au ponton sud. Renaissance s’éloigne ainsi un petit peu plus de Tr°bord, de ses colonies d’hommes grenouilles et de ses poufs en mal de reconnaissance. Le tout étant trop sonore et trop présent.
Voilà, le voilier est maintenant seul au ponton loin des navettes de plongées et loin des ouvriers, amen ! Bon à présent, il est l’heure d’aller chasser la mouche…
Mardi 16 mars, huit couches de vêtements plus tard, nous larguons les amarres !
En route pour le port de Gruissan qui nous attend à une vingtaine de milles du Cap.
Il fait relativement beau et bon. Les prévisions météo annonçaient un faible courant d’air du sud / sud-est. En fait, nous avons eu la chance d’avoir un agréable 15 noeuds de vent en somme assez régulier sur la journée… Cela nous a donc permis de naviguer à la voile plus des trois quarts du chemin. La mer était parfaitement sage et très confortable. Ce n’est qu’en fin de journée que le ronron a commencé à se faire entendre.
Nous sommes arrivés de nuit sur Gruissan, au grand dam du capitaine qui a alors perdu toute sa zenitude, s’en prenant nerveusement à toute chose qui avait le malheur de se trouver dans les parages et bondissant sur la grand-voile qui refusait de s’affaler rapidement ! :) Bon il est vrai qu’il était assez tendu d’essayer dans la pénombre de reconnaitre l’entrée du port en cherchant les cardinales, de repérer la zone de conchyculture, tout en scrutant l’eau afin d’éviter de passer sur des filets ou des casiers balancés partout et qui bien évidemment ne se faisaient remarquer qu’au tout dernier moment… Rouge, vert, on y est ! C’est dans un silence de plomb que nous avons remonté le chenal qui nous menait au port, chenal très peu profond signalé par plusieurs feux relativement espacés. Pas de soucis mais comme le bouquin l’indique, c’est peut-être mieux d’arriver de jour pour la première fois…
Allez on se décontracte, le bateau est amarré devant la capitainerie. On peut maintenant aller se mettre au chaud et puis manger car nous sommes affamés. Bonsoir Gruissan !
Hier, belle journée ensoleillée…
On en a donc profité pour quitter Sète !
Après tout, plus rien ne nous rattachait à ce port et on commençait à en avoir marre. L’ambiance, l’environnement… Bref un petit raz-le-bol qui nous pesait. On retiendra tout de même la gentillesse des gens de la capitainerie et leur accueil sympathique. Au niveau du travail, tout va pour le mieux puisque mon contrat à l’hosto s’est achevé plus tôt que prévu et puisque Jean-Rémy a également terminé le sien quelques jours après moi. Libres, nous avons pris la mer alors toute plate, à peine froissée par quelques rares risées. Dès que nous sommes sortis du port et les voiles au vent, nous avons été tous les deux surpris par le silence et par le calme. Impression bizarre sur le coup… En fait, nous nous étions jamais rendu compte que le port était particulièrement bruyant mais faut croire… Un petit vent nous a permis de naviguer à la voile quelques temps, puis plus rien ! Le moteur a donc été démarré quand le périple a commencé à vraiment s’éterniser et que la température s’est rafraichie.
Bref, petit bilan de cet après-midi : 11 miles en 4h30 de navigation bien fraîche ! Nous sommes arrivés vers 18h au port du Cap d’Agde avec le soleil couchant et après avoir été repris par la police pour n’avoir pas indiqué le port d’attache du voilier !
Petite escale dans le port qui a vu barboter Renaissance dans l’eau pour la toute première fois ; il y a maintenant un peu plus de 10 mois… Prochaine étape : Gruissan !
NB : Pour la prochaine vadrouille en mer, il va falloir penser à investir des des polaires bien chaudes et dans des lunettes de soleil car grelotter en se cramant les yeux c’est pas le top !
Mais elle est où cette saleté de port !? C’est encore loin ?
Jean-Rémy me montre du doigt l’entrée du port et nous devons enrouler la trajectoire du voilier pour rentrer côté ouest. Nous sommes frigorifiés, tremblant de partout, mais véritablement soulagés d’arriver enfin à destination. On va pouvoir se sécher, se changer, se réchauffer et manger un bout. Mais point de réjouissances trop rapides ! Il nous reste encore une épreuve et non des moindres. Nous devons d’abord trouver le port de plaisance, s’amarrer, puis filer à la capitainerie afin de voir si nous devons bouger le bateau vers un autre emplacement… La fatigue et le froid me font douter sur mes capacités à pouvoir faire tout ça.
Le voilier s’avance tranquillement dans le port croisant quelques gros bateaux de pêche. Nous sommes à présent hors de portée du vent qui semble être tombé d’un coup. Nos yeux cherchent la capitainerie qui se dessine alors un peu plus loin devant nous. Ok, la voici, mais par contre, où devons nous nous amarrer ? Les quais sont super hauts ; les taquets d’amarrage sont énormes et ne conviennent pas pour un petit voilier comme le nôtre. Nous nous avançons afin de voir de l’autre côté. Idem. Tant pis, on se pose là, le long de ce quai désert surement réservé aux bateaux de pêche mais on n’en a pas pour longtemps. Tout en douceur le voilier vient se caler contre un gros pneu qui serre de pare-battage au quai. Nous prenons quelques minutes pour virer nos vêtements trempés qui nous collent poisseusement. Au sec ou presque, ça va déjà mieux ! On saute à terre, en route ! Euh… une barrière de plus de 2m se dresse devant nous, nous faisons le tour…
Deuxième et dernière barrière ! Nous sommes coincés sur le quai mdrr ! Donc après une petite escalade, nous voici dans la capitainerie face à un monsieur qui nous explique que nous ne sommes pas au bon endroit et que lui, il gère le port de pêche. Arf, les idiots, on aurait pu s’en douter. Il nous fait appeler la capitainerie du port de plaisance, rendez-vous au ponton C en bas du phare.
Après avoir remercier monsieur et après avoir encore sauter une barrière, nous remontons à bord et prenons la direction du port de plaisance. Il se situe en fait bien plus à l’entrée, nous ne l’avions pas vu… situation qui peut être explicable par la nuit tombante. Ponton C ? Pas de ponton C mais un ponton 6 avec de la place pour les visiteurs. Deux essais vains avec des cailloux qui se rapprochent, puis une réussite avec une pendille à fixer à la proue… Heureusement que cette barre incertaine a tenu, sinon nous courrions à la tragédie. Nous y sommes !
La capitainerie est maintenant fermée, nous nous présenterons plus tard. Le voilier se branche, et commence tout doucement à se réchauffer. A son bord, nous sommes deux carcasses heureuses d’être arrivées et vidées d’énergie. Nous allons pouvoir nous reposer puis nous remplir la panse. Et puis Morphée nous attend… Quelle journée !
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