Cuba est la plus grande île des Antilles avec près de 110 000 km2 de terres et près de 1200 km de côte sur la longueur. Il faut également noter qu’elle possède plus de 1600 îlots pour la plupart encore vierges et inhabités, éden pour la navigation, et qui sont regroupés en quatre archipels principaux. Au carrefour de l’Atlantique, de la Caraïbe et du golfe du Mexique, Cuba occupe une position stratégique, à deux pas des Etats-Unis le grand ennemi, des Bahamas, d’Hispaniola, de la Jamaïque, des Cayman…
Au centre et sur la côte sud de l’île, se trouve la ville de Cienfuegos, surnommée la Perla del Sur, que nous sommes partis découvrir peu de temps après notre arrivée. Le malecon, le prado, le centre historique classé au patrimoine mondial par l’Unesco, le parc José Marti… Cienfuegos est une ville sympathique, aérée et super propre. Malgré la chaleur, nous avons pris plaisir à nous balader dans les différents quartiers. Une petite glace faisant bien l’affaire sur le chemin du retour ! Pas de choix de parfums, mais à Cuba tu ne fais de toute façon pas le difficile et qu’importe ; on s’est régalé ! :)
Le club nautique, très chic !
Travail de fer forgé, très courant sur les devantures des maisons
Nous avons aussi découvert les moyens de transports cubains : bicy taxi, roulotte avec cheval, taxi officiel ou non, scooters souvent électriques, vieilles bagnoles américaines, bus et vieux camions à benne… Beaucoup sont contraints de circuler à pieds, de faire du stop ou faire des queues interminables devant les stations de bus, donc tout ce qui peut rouler est recyclé et mis à contribution.
Moyen de locomotion un peu d’un autre âge
(normalement réservé aux cubains, et oui ya des trucs pour touristes et des trucs pour cubains !)
Après plusieurs jours en mer, nous nous mettons également en quête d’avitaillement. Pas si facile à Cuba ! Déjà, il faut comprendre leur système monétaire. Il y a les pesos convertibles, les CUC indexés sur le dollar US, pour les touristes, les produits manufacturés et l’économie étrangère. Puis les pesos non convertibles ou la moneda nacional pour les cubains et les produits de base. Sans certitude, 1 CUC = 25 pesos et du change peut se faire dans les banques, dans les hôtels et dans les cadecas…
Palacio de Valle, Punta Gorda
Après la révolution, la libreta ou le carnet d’alimentation a été instauré afin que tout cubain quelque soit sa résidence ou son niveau social, puisse avoir accès aux produits de première nécessité comme le riz, la viande, le poisson, le sucre, les produits d’hygiène… Véritable symbole d’égalité entre tous. Malheureusement, maintenant et après la chute du bloc de l’Est qui a grandement contribué au déclin économique de l’île, ce système social alimentaire ne fonctionne plus. A présent, les denrées sont rationnées et insuffisantes, les arrivages très irréguliers, la qualité médiocre. Beaucoup de produits ont été retirés de la libreta ; plus de savon, de dentifrice, de brosses à dent, de détergents, de papier toilette, de lessive… Tout ce qui ne se trouve plus dans les bodegas grâce à la libreta s’achète dorénavant dans les agromercado au prix fort et en CUC. Parallèlement à ça, un énorme marché noir s’est développé où pratiquement tout ou presque peut se trouver discrétos dans la rue.
Dans une rue de Cienfuegos…
Bicy taxi sur le malecon !
Le salaire moyen d’un cubain est d’environ 19 CUC, soit grosso modo 450 pesos. Avec un pouvoir d’achat si faible, beaucoup n’ont donc pas les moyens d’accéder aux produits qui leur font défaut. Les inégalités se creusent ainsi bien vite entre les plus riches qui ont accès aux pesos convertibles et les autres… Deux monnaies pour une société à deux vitesses.
Sans compter d’autres aberrations… Par exemple, les eaux cubaines regorgent de langoustes. Mais celles-ci sont interdites de consommation aux cubains et uniquement destinées à l’export ou aux touristes ! La consommation de bœuf est également illicite… De toute manière, pratiquement tout appartient à l’Etat, les terres, les moyens de production et la main d’œuvre.
Beaucoup se trouvent obligés de cumuler les emplois ou de trouver des petits boulots plus ou moins légaux, en faisant chauffeur taxi clandestin par exemple… Pas d’autre choix, c’est la débrouille, le système D, le recyclage aussi.
Pour cause d’embargo américain, on ne trouve pas tout à Cuba même si le pays développe des partenariats économiques avec d’autres pays, l’Amérique du Sud, l’Europe, la Chine…
Pour nous qui disposons de la monnaie forte, le choix pour l’avitaillement est certes restreint mais avec tout de même de quoi se nourrir. A Cienfuegos, on achète assez facilement, du moins selon les étals, des œufs, du pain, du lait, du poulet, du cochon, ou les deux mélangés… Il faut faire plusieurs magasins pour espérer se constituer quelques provisions car ils ne possèdent pas les mêmes articles. Avec celui de la marina, la station service et l’agro un peu plus loin, nous regarnissons un peu les placards du bateau… Pour les légumes, il y a plusieurs tiendas en centre ville où alors mieux, on a la chance de tomber sur un vendeur ambulant. Une règle d’or à Cuba est d’acheter tout de suite, car demain, il n’y aura peut-être plus rien dans les stocks…
Avec cette dictature de velours et liberticide (tout opposant au régime notamment, censure des médias…), l’inefficacité du système économique et un blocus américain toujours en cours depuis 1962 !, on comprend aisément que la vie ici est loin d’être rose. Mais peu à peu, très lentement, les choses évolueraient-elles ? Par exemple à présent, les cubains sont autorisés à avoir un passeport et ont le droit d’acheter un billet d’avion (2013), de se connecter à Internet grâce à l’ouverture de plusieurs salles de connexion à travers le pays (2013), de posséder un téléphone portable et un ordinateur personnel… Certains diront là que ce n’est que du bluff, les prix restant prohibitifs pour n’importe quel cubain et qu’il faut toujours une autorisation avant de quitter le pays et que cela ne peut se faire qu’en avion, mais tout de même, ça bouge un peu… Et le changement, bah c’est ce qu’on leur souhaite de mieux.
NB : Deux points positifs tout de même : la santé et l’éducation sont les deux grandes réussites du socialisme cubain ; accessibles à tous et complètement gratuites. Il n’y a qu’à voir l’espérance de vie moyenne et le taux d’alphabétisation. Efficaces ! Le niveau sanitaire cubain est parfois même supérieur aux pays plus développés malgré des difficultés réelles, les moyens du bord, le manque de matériel et de médicaments… alors que l’embargo US ne doit normalement pas concerner ces derniers…
Palacio de Gobierno, parque José Marti
Sur le Prado
Façades décrépies mais habillées et colorées…
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