Mayreau tout petit

Il fait nuit et mon cerveau est embrumé, j’ai passé une nuit trop pourrie à gueuler sur notre excitée de féline. Habituellement, elle a quand même la décence de bien vouloir attendre le lever du soleil pour commencer à nous escalader dans le but de sortir par le panneau de pont de la cabine. Tout en défonçant au passage la moustiquaire… Ses tentatives étant souvent ratées, elle retombe sur nous toutes griffes dehors alors malheur (et douleurs !) si nous ne sommes pas calfeutrés sous la couette… Mais voilà, là c’est autre chose. Notre Yoda a ses premières chaleurs ! Bon à 8 mois, fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre mais nous pensions en fait que nous serions déjà arrivés en Martinique et qu’on serait passé par la case « couic » du véto. Trop tard, c’est pour ici et pour maintenant ! Nous avions déjà un matou communicatif et pot de colle mais là c’est carrément l’horreur ! Pire qu’un gosse qui chiale, elle est maintenant capable de réveiller tout le mouillage… Aaah pourvu que ça ne dure pas trop !

Sinon, quelques bords toujours au près serré, un gros grain pluvieux plus tard, et nous voici sur la petite île de Mayreau, confetti tout vert d’à peine 3 km2. N’ayant pas du tout envie de faire du touche-touche avec les autres bateaux, nous boudons Salt Whistle Bay et décidons d’aller poser l’ancre devant Saline Bay. Nous y trouvons un vaste plan d’eau abrité et bordé d’une longue plage dorée. Sous l’eau, pas mal d’herbiers mais nous parvenons tout de même à planter notre pioche dans un patch de sable…

Saline Bay, c’est aussi le mouillage principal de l’île. Un gros paquebot croisière est également ancré là pour la journée et déverse en continu ses touristes qui envahissent alors bruyamment la plage pour un barbeuc géant. J’vous laisse imaginer le truc !

Ponton pêchou, ponton visiteur. Nous débarquons à terre pour une visite de l’île avec tout d’abord une bonne grimpette jusqu’au mini village situé tout en hauteur (seulement 250 habitants).

Un des restos du village…

Un coup d’œil sur l’église du père Divonne, ce bonhomme qui a solutionné le problème d’eau douce de l’île en lançant la construction d’un grand récupérateur d’eau de pluie collectif, et nous continuons plus au nord… Enfin, nous arrivons en bout de sentier et une jolie vue sur les Tobago Cays s’offre à nous.

Archipel de cinq îles désertes entourées d’une grande barrière de corail, c’est un peu le joyau des Grenadines… Impossible d’y passer à côté. La décision est prise ; demain, nous irons y tremper notre quille ! :)

Plus joli après les grains…

A Chatham avec les tortues

Après une toute petite nav’ bien sympa, nous arrivons en fin de matinée dans la grande baie de Chatham sous le vent de l’île. On y découvre là un sssuper mouillage comme on les aime. L’ancre est jetée dans 5m d’eau translucide à proximité d’une jolie plage. Le décor est tout sympa ; nous sommes entourés de hautes collines toutes drues de végétation bien dense. Ces dernières par contre nous gratifient régulièrement de bonnes rafales mais le fond de sable est de très bonne tenue ici.

La vie sous-marine est particulièrement riche dans le coin et nous apercevons nos premières tortues barbotant à la surface près de nous. Marrant également de les voir sous l’eau en train de brouter placidement les herbiers…

Le coin est vraiment reposant et puis, chose assez rare pour être signalée, nous ne sommes pas nombreux au mouillage. Nous décidons donc d’y rester un peu plus que prévu histoire d’approfondir notre découverte de ce petit pays sauvage. Nous partons faire de jolies plongées sur la pointe nord où les poissons abondent. Et même dans les rochers à proximité des bateaux, le fond corallien réserve de très belles surprises… Oh le banc de calamars pailletés !

Marre du poulet caribéen, j’ai décidé de pêcher avec un morceau d’espadon décongelé ! Qui ne tente rien, hein… Et à la nuit tombée, hourra on a une touche ! Tout contente, j’appelle JR pour lui dire de faire chauffer la poêle et je me précipite vers la ligne pour la remonter. Malheureusement, si y’a bien un poisson qu’on ne voulait pas, c’était bien celui là… Un diodon (ou poisson porcépik) se dandine tristement au bout de l’hameçon et se gonfle apeuré. Bon, bah ce soir ce s’ra finalement des œufs !

Les oiseaux sont également en grand nombre et Yoda ne sait plus du coup où donner de la tête ! Partagée entre les p’tits sternes braillards, les grosses frégates voleuses (seul oiseau marin qui ne sait pas nager et qui se contente donc de piquer le poisson dans le bec des autres !), les fous qui plongent à pic et les goélands plutôt discrets, voilà notre matou qui ne cesse de faire des allers-retours sur le pont en leur couinant après ! On se marre ! C’est son petit piaillement de frustration ou de chasse qu’elle nous fait partager lorsqu’elle aperçoit une mouche par exemple…

Frégate, les grands V du ciel…^

Colibri ! Bravo JR pour la photo ! :) (Pour une fois que tout n’est pas flou :))

Sinon à terre, pas grand chose et tant mieux. Plusieurs resto-barbeuc se disputent la plage et les quelques plaisanciers de passage qui veulent manger de la langouste. Loin de ça, nous partons en forêt pour une jolie balade sur les hauteurs de la baie et sur la côte nord d’Union… Bref Chatham Bay, c’est un endroit tout nature et tout cool qu’on aime beaucoup ! :)

Mouillage de Chatham Bay

« Petite » « cabane » au bord de l’eau

Allélouya ;)

Pause découverte

Dès le lundi, nous sommes partis à l’aérodrome pour faire nos formalités d’entrée et pour virer notre pavillon jaune. Le costaud monsieur qui rigolait pas avec ses doigts pleins de bagouz’ (mode rappeur US) nous a soulagé de 70 $EC (35/pers). On nous avait prévenus ; les clearances sont de plus en plus chères en remontant l’arc antillais…

Les jours suivants, ce fut balades et découverte de cette île surnommée parfois « Petite Tahiti » à cause de son relief élevé et accidenté. Nous sommes d’abord monté jusqu’au Fort Hill qui domine la baie. Là haut, une aire de pique-nique et quelques vieux canons rouillés mais surtout une superbe vue sur tout le mouillage et sur le joli dégradé de ses eaux turquoises…

Mouillage de Clifton… PM et PSV tout au fond, Palm Island à gauche !

Happy Island…

Quelques vadrouilles par ci par là, notamment pour rejoindre Ashton, le deuxième village de l’île. Le chemin frôlant la mangrove, nous nous sommes encore fait bouffés le soir venu par des nos-nos assoiffés ! Faut vraiment que je pense à mettre du répulsif dans not’ sac avant de partir vagabonder les prochaines fois…

Une jolie rencontre en chemin : un iguane vert fluo !

Et puis, il y a aussi la barrière de corail coté Newland’s Reef à explorer. Petite plongée sympa mais sans plus, je crois qu’on devient difficiles… Marrant, ce reef compte deux petits îlots assez singuliers. Le premier appelé Green Island est unique est son genre puisque c’est la seule île qui ne compte qu’un seul habitant. Et puis, plus au sud, on trouve Happy Island, îlette entièrement construite à la main par un bonhomme motivé à coups de sable, de conch (coquillage), de cocotiers…

Green Island, éh mais c’est la couverture du Patuelli !

Clifton, c’est aussi un mouillage pas toujours tranquille car au cœur de l’action ! Les boys boat, pas chiants, parcourent toute la journée la baie à fond en slalomant entre les bateaux. Ils accueillent chaque nouveau qui se présente en lui proposant la location d’une bouée de corps-mort. Et puis y’a les départs et les arrivées au mouillage. Y’a les discrets et ceux qui s’la racontent, genre j’arrive à fond, je mouille n’importe où et n’importe comment mais j’m’en fou j’ai un gros bateau. Et alors là, tu croises très fort tes doigts pour qu’ils ne se mettent pas à côté de toi… Le salut entre bateaux, connaissent pas. Voilà c’est souvent animé et parfois bruyant quoi… Et puis quand y’a les ferries qui se ramènent, n’en parlons même pas ! :)

Boys boat ou le comité d’accueil…

Vaut mieux pas être dans le chenal, ça prend de la place ces trucs là !

Bref, gavés de tout ça, nous levons l’ancre demain pour rejoindre Chatham Bay. Cette grande anse tout à l’est d’Union nous tend les bras…

Union, un joli nom

Après une courte navigation sympa au près et un passage attentif entre Punaise et Morpion – cet îlot de sable riquiqui avec son parasol très apprécié des foules -, nous sommes arrivés sur Clifton Harbour.

Ce joli port naturel est protégé par une grande barrière de corail et possède aussi un petit reef en son centre. Deux possibilités, on mouille soit devant le village, soit dans le bleu plus à l’est. Mais en cette journée de samedi, c’est littéralement bondé ! Bateaux de loc’, bateaux de charter… Tant bien que mal, nous réussissons à trouver une petite place vers les pontons, place provisoire seulement car nous sommes un chouya trop dans le chenal. Une épave rouillée affleure juste de l’autre côté. Pas glop…

Le lendemain, mouvement de foule, le mouillage commence à se vider. Nous en profitons pour remouiller plus à l’écart du chenal tout en mettant plus de chaine. Rassurés quant à notre tenue, nous partons faire un saut en ville. Nous découvrons Clifton, petite bourgade sympathique, animée et colorée.

Fallait bien ça…

Très touristique aussi ! Union est en effet une base pour la plaisance dans les Grenadines sud… Deux petites marinas proposent des places au ponton. Boutiques souvenirs, resto et bars en pagaille. On trouve aussi deux, trois boulangeries et pleins de mini-markets plutôt bien achalandés. Des jolies paillottes sur la place principale vendent fruits et légumes colorés. C’est beau, c’est exotique, ça sent les tropiques… Mais c’est surtout méga cher ouai ! Surtout pour des trucs à moitié pourri hum… :)

Ou le biz’ness avant tout…