Cayo Largo pour quelques jours

Milieu de matinée, Renaissance se met en chemin pour rejoindre notre prochaine escale à 25 milles. Direction plein ouest, encore sous génois seul, en restant juste derrière la barrière de corail. Nous restons attentifs aux variations de couleurs de l’eau car là encore, nous naviguons avec très peu de profondeur sous la quille… Au moment de sortir par la passe, petit stress, nous nous retrouvons au près et à une allure un peu trop rapide pour nous mais ras, ça se déroule sans soucis ! Faut dire que nous sommes aidés par Frank (free cruising guide cuba) en plus du guide Imray, et ses waypoints sont pour le moment parfaitement exacts et rassurants pour les passages délicats. Nous retrouvons une houle qui nous ballotte pour les derniers milles menant à Cayo Largo. Deux cata, dont les australiens, nous suivent et nous arrivons à trois pour passer la ligne d’arrivée en même temps malgré des choix de nav et des bateaux différents. Ne sachant pas si nous devons aller directement à la marina présenter notre despacho aux officiels, ou si nous pouvons mouiller tranquillement pour la nuit, nous hésitons. Finalement, on se la fera en douce, mouillage discret devant Playa Sirena pour ce soir. On verra demain ! En plus, ils ne nous voient pas de la marina, en plus on a un dégât des eaux avec les chiottes arrières, en plus on pue (le bateau je précise, roooh) c’est une horreur mdrr ! :)

Arrivée donc au mouillage, oulala avec 0,80m sous la quille ! On n’a jamais mouillé dans si peu d’eau alors espérons que le fond ne remonte pas d’un coup juste à côté de nous… Autre surprise, nous sommes 6 voiliers à l’ancre ! Que de monde lol et nous retrouvons nos copains allemands perdus de vue depuis les BVI…
Nous passerons une très bonne nuit et le lendemain, au lieu d’aller voir les officiels, nous succombons au charme de l’endroit et préférons partir en vadrouille. Pas bien… mais l’endroit est tellement beau que nous souhaitons en profitez avant que les vacanciers déboulent. Et oui, Cayo Largo est en fait la base touristique des îles du sud. Quatre ou cinq hôtels de luxe tout inclus se partagent le littoral sud de l’île mais sont situés à plusieurs km de nous. La journée, des bateaux à moteurs ou des cata de charters basés à la marina les emmènent plonger, nager ou se promener sur les plages…

Bref, l’endroit étant encore désert, nous en profitons. La végétation se fait plus prononcée ici, principalement et étonnement composée de pins.
Le contraste du vert sapin, de l’eau turquoise et des plages blanches est superbe. Nous croisons nombres d’étoiles de mer, d’orphies bleutées se tortillant à la surface de l’eau, de tortues, d’échassiers, d’iguanes paresseux… Ce coin est drôlement beau !

Mouillage de Playa Sirena

Pinèdes

Un des nombreux iguanes (îlette au nord)

Falaises toutes blanches, de loin on dirait presque de la neige…

JR redécouvre les arbres !

En bordure d’îlot

JR se fait des nouveaux potes !

Un piaf de plage, pas très sauvage…

Autre type de végétation, un pied de palétuvier

Un dodu

Mouillage la Sirena

Diseuse de bonne aventure ?

Cayos de Dios

La houle devant progressivement virer sud-est, nous nous remettons en route dès le lendemain matin pour une petite virée d’à peine dix milles. Pénards, sous génois seul, nous naviguons juste au nord des cayes dans 3 à 8m d’eau turquoise parfaitement cristalline. La barrière de corail nous protégeant du plus gros de la houle…

Un peu plus tard, nous arrivons à destination et posons notre ancre par 3m de fond sur un patch de sable devant Cayo Sal. Ce petit îlot est du même acabit que le précédent, là encore complètement corallien et assez hostile. Mais ce coup-ci, il est totalement vierge et inhabité. Après un déjeuner léger, nous passerons le reste de la journée à vagabonder sur l’île, et également sous l’eau à observer la faune sous-marine.

Un peu plus tard dans l’après-midi, les australiens nous rejoignent au mouillage. Nous sommes deux voiliers dans cette petite anse entourée de corail. Plus de bateaux de loc’, plus de mouillage bondé, plus personne, plus rien… Nous nous sentons à des années lumières des petites Antilles et ça a du bon ! Quelle bêtise ç’aurait été de ne pas pousser plus loin…

Le lendemain, nous partons à la chasse à la langouste… mais après plusieurs heures, nous rentrons bredouilles et assez dépités ! Les grandes antennes sont restées cachées. Même sur la barrière à l’ouest de la caye, nous n’en avons pas vu alors que normalement, elles abondent dans cet archipel au sud de Cuba. Maigre consolation, nos voisins plus expérimentés et armés comme des professionnels rentrent également les poches vides ! Nous apprenons au passage qu’ils sont partis d’Australie depuis 7 ans et qu’ils comptent traîner encore un peu dans la Caraïbe avant de se rapprocher doucement de Panama… Pas mal de chemin !

Tout comme eux, nous trouvons l’endroit fort sympathique et passons une deuxième nuit dans ce petit havre de paix…

Une des nombreuses aigrettes

Lagon de la côte nord, attention sables mouvants (d’après JR) !

La compagnie arrive !

Renaissance au mouillage de Cayo Sal

A la découverte de ce qui se cache dessous !

Nombreuses carangues, un peu trop familières à mon goût

Peut importe où nous trouvons, nous avons toujours au moins un barracuda qui rôde autour de nous. Inquiétant car prédateur à grandes dents !

Cap sur l’archipel des Cannareos

Hop hop hop, nous sommes sur le qui-vive depuis 7h patientant le temps que le port et ses employés s’éveillent. 10h, les pleins sont faits et enfin la guarda frontera nous remet notre despacho pour la prochaine destination : Cayo Largo… Nous nous grouillons de larguer les amarres de Cienfuegos et mettons cap au sud-ouest pour les prochains 50 milles de mer. Renaissance se pare de toute sa voilure car le vent ne semble pas très établi pour l’instant. Nous filons comme ça un petit moment avant de nous retrouver engluer dans une zone sans vent et complètement brouillonne. La houle a perdu la boule ! Elle est multiple et nous attaque de tous les côtés, sympa. Le bateau se fait terriblement bringuebaler. Peut-être sommes-nous dans une zone où les courants se rencontrent ou s’inversent, je ne sais pas. Ce que je sais pas contre, c’est qu’on doit vite se dégager de là, surtout qu’un peu plus loin devant, la mer moutonne ! Le génois est enroulé, le moteur est démarré mais la grand-voile claque. Un peu l’impression de se prendre des coups dans le bide à chaque claquement… Nous serrons fort les dents le temps de rejoindre la zone de vent et dix minutes plus tard, le génois est renvoyé. Ça y est nous sommes de nouveau à la voile et stable. Enfin euh, plus ou moins stable, en fait autant qu’on puisse l’être aux trois quarts arrières avec une bonne houle et un vent un peu timide !

En milieu d’après-midi, nous nous faisons doubler par un cata australien qui prend contact avec nous par VHF. On a croisé son capitaine ce matin juste avant de quitter le port et savons maintenant que nous faisons même route. Car comme eux, nous visons finalement la toute première île.

Sous bonne escorte

Aïe, nous remarquons que notre grand-voile présente maintenant une blessure de guerre ! C’est au niveau d’un des coulisseaux, assurément une zone de faiblesse, que la voile s’est déchirée sur une dizaine de centimètres. Va falloir recoudre ça lorsque nous aurons un peu de temps. Et ensuite visiter une voilerie aux Bahamas (?) ou aux Bermudes si notre réparation de fortune tient un tant soit peu la route. En attendant, tachons de la préserver au maximum…

Le soleil descend sur l’horizon de plus en plus rapidement au fur et à mesure que nous nous rapprochons de la caye la plus proche. Course contre la montre pour arriver avant l’obscurité surtout que nous savons que 1) la caye n’est pas à la position indiquée sur la carte, et que 2) deux grosses patates de corail dangereuses car affleurantes se situent en plein milieu du mouillage ! Cool, heureusement Renaissance continue à filer à plus de 5 nœuds… Bon bateau que tu es !

18h, nous contournons très largement le récif situé au nord de Guano Del Este avant de poser l’ancre près de nos collègues australiens par 8m de fond de sable et d’herbes. Nous visualisons très bien les patates de corail localisées vers le phare et effectivement, ya carrément moyen de se faire gros bobo avec…

Guano Del Este est une caye faite entièrement de corail, à la végétation pauvrette et surmonté d’un phare puissant en forme de fusée qui date des années 1970. Sur l’île, vivent deux ou trois gardiens qui se relaient pour remonter le mécanisme régulièrement. De l’autre côté, une plage dont nous apercevons l’extrémité et qui permet de débarquer sur l’île. De par son orientation, le mouillage est souvent réputé rouleur mais grâce à la houle principalement d’est que nous avons en ce moment, nous y passerons une très bonne nuit ! :)

Ça a l’air un peu tristounet comme ça… mais en vrai, ça a du charme !

La tuile en partant

Déjà cinq six jours que nous sommes à Cienfuegos, il est grand temps de quitter la civilisation pour découvrir les petites plages et l’eau turquoise des cayes du sud.
Mais avant ça, nous devons rejoindre la marina pour un plein d’eau, de gasoil et pour récupérer notre despacho de sortie.
Il nous aura fallu poireauter pratiquement une journée entière avant que le ponton carburant se libère, et encore, à moitié. Les pare-battages et les amarres étaient en place depuis un moment. Il ne restait plus qu’à y aller. Dès que la place fut libre, nous nous sommes grouillés de relever l’ancre pour atteindre le ponton. Mais là gros souci : impossible de remonter les dix derniers mètres de chaîne et de ramener l’ancre au bateau ! Mais impossible de chez impossible, chaîne tendue à la verticale ! On a tenté de rallonger et de reprendre la chaîne selon différents axes mais rien à faire… Pas le choix capitaine râleur, tu dois plonger et aller voir ce qui se passe là dessous ! L’eau est maronnasse sur un fond de vase et le soleil n’est plus bien haut dans le ciel. Heureusement, le vent est encore calme. Quelques minutes plus tard, Jean-Rémy remontera avec le verdict : la chaîne a fait un tour mort autour d’un gros bloc de béton, le genre de truc qui servait peut-être de lest à un ancien corps mort. Pire, la verge de l’ancre est engagée sous le bloc dans le sens contraire à notre traction, la chaîne passant en dessous, puis au dessus, puis en dessous… Ce bazar arf !

Après avoir essayé de multiples choses pour nous dégager de là en un seul bout, nous sommes contraints de couper nos dix premiers mètres de chaîne. Mais juste avant, nous avons croché un mousqueton + une amarre sur la tête de l’ancre et repris le tout sur un des taquets de devant. Là, nous avons alors donné plein gaz en marche arrière plusieurs fois en tirant comme des tarés sur l’amarre. Rien n’y faisait. Mais au bout de la sixième fois et alors que nous allions abandonner et partir sans notre ancre, enfin, je sens un à-coup et il s’avère que nous reculons sur le Amel de derrière ! Miracle ! Le mousqueton a pété ? Non non ! C’est bien notre Delta qui remonte au bout de l’amarre et les premiers mètres de chaîne suivent ! Youhou ! Bon c’est pas que mais on y va maintenant à ce ponton carburant !? Cinq minutes plus tard, nous sommes devant la pompe mais évidemment la capitainerie est à présent fermée héhé. Pas d’eau non plus, il faudra patienter jusqu’à demain 8h pour faire les pleins. Ce qui ne nous arrange pas vraiment puisque nous avions prévu de partir très tôt demain pour rejoindre les îlots du sud-ouest situés à 50 milles de nous et que l’arrivée de jour est vivement conseillée, sinon obligatoire ! Bon, patience…

JR remettra l’ancre à sa place sur le guindeau et du coup, nous ne possédons plus que 50-60 mètres de chaîne au lieu des 60-70 initiaux. (Je ne sais plus trop exactement) Ce qui n’est pas bien grave et largement suffisant. Les mouillages avec plus de dix mètres de fond étant finalement très rares. Pour l’ancre et dans le pire des cas, nous avions toujours notre ancienne CQR amarrée au fond d’un coffre prête à prendre le relais si besoin…

Un orin n’aurait été d’aucune utilité sur ce coup. En fait, au mouillage de Cienfuegos, les bateaux bougent pas mal autour de leur ancre. Le matin, le vent vient de terre, l’après-midi de mer. Effet de brise thermique en puissance du au relief et aux montagnes de la sierra de l’Escambray toute proche. De plus, il y a quelques jours, nous nous sommes pris un énorme grain ! Le truc de 40 nœuds a duré facilement une petite demi heure et a pris tous les voiliers par surprise. Les tauds volaient, les derniers bateaux arrivés dérapaient, des trombes d’eau s’abattaient sur nous… La folie je vous dis pas ! Et un peu la frousse avec les éclairs qui zébraient le ciel et le tonnerre qui grondait. De plus, ça a levé un vilain et gros clapot qui arrivait jusque dans la marina. On voyait les mats danser et les bateaux sauter. Je pense qu’il y a eu plusieurs équipages qui ont du avoir quelques sueurs froides, les quais étant fixes et en béton bien agressif… Tout ceci a donc sûrement contribué à nous emmêler et bloquer un peu plus la chaîne autour du bloc.

Ah et si vous passez dans le coin, éviter donc les ennuis en posant votre ancre très loin de la position (faut que je complète) ! :)

En deux bouts, mais yes on a tout remonté !