Le lendemain de notre arrivée, nous partons découvrir les environs de la marina. Tout à proximité, nous avons deux petits supermarchés, quelques restos et bars, une boulangerie, un bowling, un vieil hôtel abandonné, un autre hôtel blindé de monde autour de la piscine mais avec un cybercafé près de la réception, ça c’est le grand luxe !
L’ambiance est ici assez particulière puisque nous avons l’impression d’être un environnement décalé et légèrement « sous surveillance ». Tout le long du quai, il y a plusieurs cahutes avec un bonhomme dans chaque qui semble guetter les allers et venues. L’entrée sur le site de la marina est également filtrée. Bref, première impression pas top. Surtout que la marina est en fait super loin de la Havane, à une vingtaine de kilomètres du vieux centre…
Comme nous aimerions visiter un tout petit peu le pays en toute autonomie, nous nous mettons en quête d’une voiture de loc’. Alors là bon courage ; ça a été très laborieux pour nous ! Comme il n’y a rien dans les parages, il nous faut rejoindre les grands hôtels à quatre ou cinq étoiles situés à plusieurs kilomètres de la marina. Nous ferons bien entre 7 et 10 km de marche sous une chaleur accablante et le nez dans les pots d’échappements pensant être parvenus à destination après chaque intersection. Mais non pas encore ! Pourtant j’avais des plans touristiques mais en fait, je me suis aperçue qu’il me manquait une partie de la ville mdrr… Oui, on aurait pu prendre le bus ou le taxi mais je pensais vraiment qu’on y serait rapidement. J’avais initialement tablé sur 3 raisonnables km ! Pff, tu parles !
Bon, arrivés à la première guitoune Cubacar, non non pas de voitures dispo, peut-être demain. Faudra revenir. Oh non, on ne prend pas les réservations… Allez voir un peu plus loin à l’hôtel machin. Non non désolé pas de voitures de libre mais demandez juste là-bas, peut-être que… Bah non plus. Tu rigoles, y’a bien 4 voitures qui attendent sur le parking ! Non, mais moi je loue juste pour 4 heures maximum… Voilà comment se mettre les pieds, le dos et la tronche en vrac. On a du visiter pas moins de 6 hôtels pour enfin dégotter une voiture, disponible tout de suite en plus, et pour pas trop chère ! 60 CUC par jour, ce sont peut-être là les prix les plus bas du pays (agence Via, hôtel Panorama). Bref, nous sommes repartis super heureux dans notre 307 bleue toute déglingo ! :)
Une bonne chose de faite ! Maintenant pour clôturer cette journée pourrie, nous partons à la recherche du bureau d’immigration pour en savoir plus sur le renouvellement de notre visa touristique. En effet, celui-ci est valable pour un mois et nous arrivons au terme de cette période. Il nous faut demander un prolongement et cela ne se fait pas à la marina, et ce, malgré la présence des officiels de l’immigration. Ce serait bien trop facile. Après une heure à tourner en rond devant un vieux panneau « Immigration » sûrement oublié là depuis l’époque où les bureaux ont déménagé… Nous trouvons enfin le lieu dit ! Une dizaine de personnes attendent. Les bureaux fermant bientôt, on nous dit de revenir le lendemain matin.
Lendemain matin donc, nous y retournons pour finir par rencontrer une dame qui nous explique qu’il nous faut aller acheter des timbres fiscaux dans une des « Banco Metropolitano ». Nous nous rendons donc dans la première : échec ! Plus possible… Nous rejoignons donc la seconde. Une vingtaine de personnes attendent devant l’entrée de la banque. Nous faisons la queue en demandant comme il est d’usage à Cuba « el ultimo » et poirotons… Quand vient notre tour et que le portier nous fait rentrer dans la banque, nous découvrons que les gens qui nous précédaient ne sont toujours pas passés et qu’il faut refaire la même queue mais ce coup-ci à l’intérieur, dans de confortables fauteuils moelleux disposés autour de tables basses sous la clim’ mdrr. Bon… Enfin une demi-heure plus tard c’est à nous ! On se fait limite engueuler par la dame parce que nous nous présentons à deux au guichet alors qu’il ne faut qu’une personne ! Oups euh ok ! Achat de deux timbres pour 25 CUC par personne.
A la sortie, nous consultons notre montre et remarquons que ce n’est pas la peine de retourner à l’immigration puisque les bureaux sont fermés à présent ! On remet ça à lundi maintenant, aaah j’adoooore la paperasse…
L’après-midi, nous partons flâner dans la capitale et découvrir quelques uns des très nombreux monuments de la vieille ville classés au patrimoine mondial selon l’Unesco ! Nous errons dans les rues et dans les parcs, découvrant peu à peu la Havane et l’ambiance animée de ses quartiers. Il y a du monde partout et c’est avec plaisir que nous déambulons ici et là… Beaucoup de vieilles bâtisses tombent en ruines mais l’effort et là, et les échafaudages ne manquent pas pour leur redonner fières allures après une bonne restauration…
Quelques images maintenant !
Paseo de Marti
Catedral de San Cristobal de la Habana
Vielles bagnoles
Le capitole, copié mais plus grand que celui des américains !
Rassemblement de coco taxis : drôles de scooters à trois roues en forme de noix de coco !
Pharmacie et droguerie Taquechel stylée !
Dans une des rues de la Habana Vieja
Clin d’œil d’une école de Miramar
Edifice Bacardi
Palacio de los Capitanes Generales et … :)
Aujourd’hui, changement de plan ! Finalement, nous décidons de rejoindre directement la marina Hemingway sans passer par Cayo Levisa. Une seule traite car le vent est un peu plus orienté nord et moins fort que les jours prochains. De plus, cela nous fera gagner quelques jours sur le planning…
Cap donc sur la Havane située à 100 milles de Cayo Jutias. Départ vers les 12h pour ne pas y arriver de nuit. Navigation encore à serrer le vent pour gagner quelques précieux milles à la voile sur une mer tranquille. Malheureusement, Renaissance fera au final pas mal de moteur surtout avec la nuit venue qui a fait déguerpir le vent. On lui en aura mit des heures à monsieur Volvo depuis que nous sommes dans les Grandes Antilles…
Fonce Renaissance ! Promis, on prendra soin de toi à l’arrivée !
Le temps se couvre, pff…
Super méga coucher d’soleil, même pas réhaussé la saturation !
6h30, l’horizon commence doucement à s’éclairer. Peu à peu, nous distinguons les formes et les contours de la côte que nous longeons depuis la veille. Nous devons nous forcer à ralentir la cadence car un courant favorable nous pousse plus vite que prévu à destination. Ce qui n’est pas un mal puisque nous découvrons que le plan d’eau dans la zone est miné de bouées et de filets de pêche ! Slalom de bon matin entre ces innombrables obstacles que nous devinons parfois au tout dernier moment…
Peu de temps après un difficile lever du soleil, nous nous présentons dans le chenal d’entrée conduisant à la marina. C’est étroit mais bien balisé avec deux hauts fonds de chaque côté. Les prudents éviteront une arrivée de nuit…
Amarrage temporaire au quai de la guarda pour les formalités. Le gus est relou et ne fait aucun effort pour comprendre notre espagnol un peu rouillé par cette nuit sans sommeil. Après avoir fouiné cinq minutes dans le bateau pour voir ce qu’il pouvait bien nous taxer, il demandera à JR un cadeau. Tiens, deux bières dégueu et on se barre de là…
Place 247 ! Aller zou, Renaissance vient se poser contre le quai de la marina aidé par deux marineros très gentils. Le chef du port vient alors à bord pour nous faire signer le contrat d’amarrage et termine en nous demandant… une propina. Rrrr ouai bah non, propina plus tard quoi !
Z’abusent. Bon donc ici la place est à 0,50 CUC par pieds par jour + eau et électricité en sus…
Il est 10h, nous mangeons un bout et partons rejoindre rapidement les bras de Morphée, tout comme Yoyo ! :)
Quai des formalités, vivement que ça soit fait !
Le vent ayant tourné, la houle aussi, il est temps de reprendre la mer. Pour cela, nous empruntons la passe de la Cucana pas aussi évidente que nous le raconte le bouquin. D’ailleurs, nous l’aurions tenté de nuit la dernière fois (c’était l’option 1 rappelez-vous), et bien il y aurait maintenant l’épave de Renaissance comme balisage ! Normalement, nous devions passer au sud d’une baraque à pêche tout en suivant un certain cap. En fait, notre route passe exactement sur la baraque qui n’est plus, il n’en reste qu’un pieu dangereux dépassant de 10 cm hors de l’eau… Parfait pour déchirer une coque hum.
Pêcheurs (à la voile) dans la passe de la Cucana
En fois en mer, nous nous mettons à la voile toujours sous génois seul, car vent léger et trop derrière pour le moment. Renaissance avance bien sur une mer plus potable que rencontrée ces derniers jours. Je crois voir quelque chose d’inhabituel sur l’eau à quelques centaines de mètres de nous, peut-être une grosse gerbe d’eau… Oui ! Cool ! Ce sont nos premières baleines qui s’éclatent à sauter hors de l’eau ! Il était temps et on espère bien en recroiser (de loin hum) autour des Açores…
A la tombée de la nuit, nous sommes au niveau du premier Cap (la pointe ouest en comporte trois), le Cabo Corrientes. La lune est des nôtres et nous longeons le littoral et ses phares.
Encore une fois plus nous remontons, et plus nous gagnons en confort à bord, la houle passant derrière nous…
Au petit matin, nous doublons le Cabo San Antonio, point le plus à l’ouest de Cuba. Il fait doux, la mer est calme et tout va bien. Encore quelques milles et nous commençons à distinguer quelques constructions sur la côte.
Renaissance suit le balisage menant à « la marina » de Los Morros qui est en fait un simple quai en béton dans un coin complètement perdu. 8h30, des pêcheurs sympathiques attrapent nos amarres et nous voilà donc à présent sur la côte nord de Cuba !
Arrivée du bonhomme très gentil de la guarda, remplissage de la paperasse… Nous souhaitons faire un peu de gasoil et nous mettre au mouillage. Il nous faudra revenir demain au ponton pour récupérer notre despacho avant de partir.
Nous avons poireauté toute la journée à attendre le pompiste qui devait venir à midi. On l’a vu débarquer à 14h pour nous dire qu’il reviendra à 18h… Arf. Bon et bien, nous passerons finalement la nuit au quai ! Nous y faisons la connaissance des pêcheurs avec qui nous discutons un moment et qui nous troquerons discrétos quelques langoustes contre une bouteille de rhum. Leur bateau est un des derniers en bois et leur rafiot très bien entretenu est un papy de 70 ans ! (Les suivants sont en ferro-ciment et les derniers en plastoc). Ils nous racontent leur pêche et offrent à Yoda des espèces de sardines… Mais se marrent devant notre snobinarde qui ne mange que du poisson cuit ! Un autre voilier nous rejoint un peu plus tard au ponton, un vieil américain sorti tout droit d’un vieux film et une italienne, qui ont du se dérouter suite à un problème moteur alors qu’ils partaient des Etats-Unis pour Panama. Ils sont cool et nous bavardons avec plaisir avec eux…
Le soir, nous irons nous balader rapidos au milieu des nonos dans le parc naturel de Gua… et acheter quelques victuailles dans la mini épicerie du port.
La nuit sera agitée. Un petit vent de nord a encore levé un sale clapot et Los Morros est complètement ouvert au nord. Nos deux voiliers sautent et tirent sur leurs amarres contre le gros quai en béton.
Bon, il est temps de récupérer notre despacho et de partir pour trouver un meilleur abri. Une chose est certaine, nous garderons en souvenir la gentillesse de tous les employés de ce mini port du bout du monde…
Renaissance à la marina de Los Morros
Nous quittons ensuite notre joli mouillage pour rejoindre un des catways de la marina de Cayo Largo. Un petit coup de nord étant annoncé avec houle virant sud-ouest, puis ouest, puis nord… Nous craignons peut-être à tord de ne pas être super protégés en restant à l’ancre. De plus, nous voulons en profiter pour nettoyer un peu le bateau et tenter de recoudre la grand-voile.
Pour rejoindre les pontons, les bateaux calant plus d’1m50 doivent emprunter le chenal nord qui ne pose pas de problème puisque qu’il est bien balisé. Nous trouvons une place facilement, car pas grand monde dans le coin hormis quelques cata de loc et les bateaux d’excursions.
Nous rencontrons ensuite le personnel de la marina. Comme il est d’usage, un bonhomme de la guarda et un autre du port montent à bord pour remplir leurs formulaires. Ils reprennent nos identités, les infos du bateau, gardent avec eux notre feuille de route (despacho)… et nous annoncent du très mauvais temps pour le lendemain. Pourtant nos fichiers grib n’annoncent pas plus de 20 nœuds… Nous soignons notre amarrage et on verra bien !
Très méchant grain de la veille !
Nous sommes restés deux jours au ponton. Le temps de recoudre à moitié la voile (dur, nos aiguilles se cassent les unes après les autres…) et le temps de retrouver un peu de vie sociale ! Nous voilà renouant le dialogue avec les autres humanoïdes, ça faisait un bail. Nous rencontrons un couple de jeunes qui comme nous entreprennent la transat retour cette année après un rapide passage aux Bahamas, un couple plus âgé qui naviguent depuis 7 ans dans les environs et qui vont hiverner à la Havane, l’équipage français du cata de loc’ juste à côté de nous qui nous dit être déçu par Cuba et d’autres encore… allemands et anglais ! Dernier coucou aussi à notre bateau copain allemand qui découvre que Yoda a bien grossi depuis Madère et qui passe Panama, très bonne route à vous !
Concernant la météo pff ! On a bien pris 20 nœuds de nord, mais rien qui puisse être qualifié de mauvais temps…
Nous en avons profité pour visiter « le village » complément dédié au tourisme mais les installations restent discrètes et finalement assez bien intégrées dans le décor. Restaurant, bar snack, scène de concert, petites boutiques de souvenirs, centre de plongée, ferme aux tortues… Dans le petit magasin de la marina, nous faisons quelques emplettes et oh luxe suprême, y trouvons même du beurre doux et du miel cubain ! Nous commandons également quelques kilos de patates et de tomates, seuls légumes et fruits disponibles…
La trentaine de mouettes qui stagnent sur les pontons nous poussent à repartir assez vite. Deux jours passés à les entendre gueuler sans interruptions, l’horreur ! Yoda était au début surprise et intriguée par ces oiseaux brailleurs puis comme nous, totalement lassée à ne plus vouloir sortir dehors… Au revoir tout le monde, nous payons le port (0.80 CUC par pieds par jour, plus cher que prévu, idiotie de ne pas demander avant !) et récupérons notre despacho avec comme nouvelle destination officielle Los Morros. Mais bien évidemment pleins d’arrêts officieux prévus en cours de route…
Chenal d’accès à la marina, balisage surtout utile la nuit ou avec ciel chargé !
Le premier étant Cayo Rosario que nous rejoignons après 28 milles d’une mer encore bien désordonnée mais qui nous a fait l’honneur de s’aplatir au fur et à mesure que les heures s’écoulaient. Nous sommes (presque) arrivés par mer plate, le top. La passe ici est parfaitement bien balisée et ne présente aucun problème. Nous avons mouillé derrière Cayo Rosario pour la nuit et la journée suivante, nous avons rejoint la caye juste en face de l’autre coté du chenal, Cayo Cantilles, dans le but de dire un bonjour aux gardiens et de visiter la station biologique… Malheureusement, le vent n’a pas baissé comme prévu. Du coup, nous sommes restés à bord coincés par le clapot sans trop oser débarquer en abandonnant Renaissance au vent de l’île. Surtout que son abord corallien n’est pas des plus accueillant… On le sentait pas trop, alors tant pis pour la visite ! La météo est toujours reine !
Après une deuxième nuit cachée derrière la mangrove de Rosario, Renaissance a repris la mer pour atteindre la barrière de corail située tout au sud de Cayo Mathias à … milles. Une grosse houle de sud-est nous a malmené durant toute la navigation, c’était vraiment trop pourri !
Par contre, nous avons pêché notre deuxième barracuda grâce à Poulpy Charles et celui-là, pas de doute, il va bien passer à la casserole. La côte sud de Cuba n’étant que très très peu touchée par la ciguatera, pas de risque à manger ce genre de poisson. Attention au nord, c’est le contraire ; il vaut mieux s’abstenir si on ne veut pas perdre ses dents et ses cheveux…
Et un barracuda !
Sacrées ratiches ! Il nous a même bouffé l’épuisette…
Touchant au but, nous n’avons pas voulu tenter la passe est du reef qui est non balisée et avons préféré faire le grand tour par l’ouest. A ce moment là, nous nous demandions vraiment si la barrière de corail allait suffisamment nous protéger de la houle…
L’ancre est descendue par 3m d’eau sur fond de sable et d’herbes. Et verdict, nous y avons passé une superbe nuit bien à plat, assez loin du récif pour ne pas entendre toute la nuit les vagues qui venaient s’y fracasser…
Pêchou de Cayo Mathias…
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