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Toujours pendus à nos lassos

Bam !! Réveil brutal ! Le vent est fort, nous sommes à marée haute, ça bouge et le bateau vient de cogner violemment. Le quai en béton se rapproche et se s’éloigne, les amarres sont devenues trop longues.

Sur les autres voiliers, les bonhommes sont également dehors surveillant les va-et-vients de leurs bateaux qui touchent également. Il y a maintenant 3 mètres de houle dehors et des grains impressionnants se succèdent. Coup d’œil à la météo… Lequietio, bon ce ne sera pas pour aujourd’hui. En effet, ça va souffler toute la journée à 25 nœuds d’ouest, 30 en rafales, pluie et compagnie… De plus, l’entrée du port de Lequietio (encore un port de pêche, non de plaisance) n’est pas forcément praticable en cas de houle de secteur nord… La sagesse (ou le manque d’audace) nous fait donc rester à Bermeo jusqu’à demain.

Là tout de suite, je rêve de voir Renaissance entouré de plusieurs énormes pare-battages nous protégeant de ce mur trop agressif. Ce qui fait le plus peur, c’est que ce soit encore le portique qui touche hum…

Alors c’est quoi la bonne technique pour s’amarrer sur un quai fixe soumis aux amplitudes de marées sans retoucher sans cesse aux amarres ? Les vieillards du coin viennent nous voir pour nous dire que le bateau est mal amarré et que ça bouge beaucoup ici. Ils nous conseillent de rallonger nos amarres et de rajouter deux grandes gardes partant de l’échelle aux taquets avant et arrière du bateau… Oui mais on a pas ça, nos autres amarres sont trop courtes. En observant les barques juste derrière nous, on s’aperçoit qu’elles ont des amarres lestées d’un petit poids, comme Cyril a dit :) Ce qui permet de les tenir toujours proches du quai… Ensuite, les Glénans parlent de s’amarrer à hauteur de mi-marée genre sur les échelles, comme ça à marée haute ou basse plus de soucis. Bon ça ne marche pas pour le bateau voisin.

Comme on n’a rien de tout ça, on fait au mieux, reprenant un peu quand ça bouge de trop et que Renaissance veut embrasser le mur, lâchant un peu quand le vent tombe et que les deux se frottent…

Bermeo est le principal port de pêche de cette partie de la côte et toute la ville est tournée vers lui. Qu’en penser ? Après deux vadrouilles à terre, on trouve l’escale bof. Bon c’est vrai que le petit port de Zaharra est sympa mais bon… En même temps, il pleut, l’atmosphère est un peu déprimante et nos escapades restent à proximité du bateau. Alors peut-être avons-nous
loupé ce qui fait le vrai charme de la ville… En tout cas ici là, ça chlingue !

Port de pêche de Bermeo, amarrage quai ouest

Très joli panorama…

Roulé-boulé vers Bermeo

Y’a pas à dire, on dort définitivement mieux au port qu’au mouillage…

Bon, programme du jour : faire 20 milles pour atterrir à Bermeo s’ils veulent bien de nous. Les prévisions météo nous donnent du 15-20 nœuds de vent d’ouest, du 2-3 mètres de houle de nord-ouest et du ciel couvert.

Au réveil, on observe un brin de soleil et un peu de vent, le ciel étant bien moins chargé que la veille. En avant donc pour le ponton carburant de l’autre marina où la pompe fonctionnera sans soucis. Tiens, les mêmes voiliers sont toujours là et un a mouillé devant, là où nous étions il y a quelques jours. Maintenant Renaissance prend le chenal pour sortir du port et là… Une grosse
grosse houle se tient face à nous ! Aïe, on croise les doigts pour qu’elle soit moindre dehors.

Les 4 milles du chenal s’éternisent et enfin, nous passons les digues. En mer, le soleil est là, amen ! Bon question houle, elle s’avère être toujours aussi grosse mais plus longue donc tout à fait gérable youpi. Les voiles sont hissées. Par craintes des rafales qui balaient la zone, nous prenons des ris dans la grand voile plus génois enroulé. On avance pas mal, le bateau est content. Direction Machichaco, où comme d’hab’, à chaque cap, on se fera un peu chambouler.

Après un peu plus de la moitié du chemin, catastrophe : le vent se casse littéralement la g*eule ! Il souffle maintenant au portant à 5-7 nœuds, trop peu pour pousser notre coque. Les voiles ne tiennent pas, sans cesse déstabilisées par le mouvement de la mer. Et voilà qu’on se retrouve au moteur, soleil voilé avec houle de traviole ! Là, ce fut dur dur car Renaissance était bien secoué. Encore une bonne heure à tenir avec nos estomacs barbouillés… Soulagement, nous virons pour rejoindre Bermeo qui se dessine peu à peu devant et houle au cul, ça va toujours mieux !

Dans le chenal… Pas encore en mer !

Vagounette…

Le voilier est maintenant dans le port cherchant où aller se poser. Des bateaux de pêche et d’autres embarcations trainent ici et là, la plupart sur bouées. Nous visons au pif un tout petit catway dans le coin sud là-bas mais finalement, des français viennent nous interpeler et nous invitent à venir nous mettre derrière le long du haut quai en béton. On leur lance les amarres les plus longues que nous ayons, leur présence facilite beaucoup l’amarrage car nous sommes presque à marée basse. Ici point de capitainerie, le quai est gratuit ! Il faut juste faire attention de ne pas trop s’avancer afin de ne pas gêner les bateaux de pêche qui pourraient rentrer on ne sait pas quand. Dans le port, trois autres voiliers français sont également là, deux attendant que le vent leur permette de voguer vers l’ouest. On se dit qu’on n’est pas mal ici et que l’abri est bon…

C’est fou le nombre d’enfants qui trainent sur le port, tout un paquet qui sautent, qui pêchent, qui nagent, qui jouent… Par deux fois, ils viendront nous voir pour savoir si nous restons à cette place pour la nuit. Dans un castillan (?) basque anglais, deux d’entre eux nous feront comprendre que nous les gênons un peu car c’est un très bon lieu de pêche là juste sous le projecteur. Arf…
Mdrr ! Nous reculerons le bateau à marrée haute les laissant à leurs habitudes. Effectivement le soir venu, ils sont bien une vingtaine de petits pêcheurs assis sur le quai juste devant nous. Et comme dit JR, « on en aurait fait des malheureux en restant là-bas »… :)

Port de Zaharra

 


« La dernière vague, le dernier souffle »    

   Les premiers pêcheurs sont déjà là !

Mouillage à Bilbao

La mer ayant suffisamment remonté, nous prenons la sortie du port de Zumaia pour filer vers l’ouest. Oh mais que vois-je ? Soleil et petit vent sont des nôtres !

Renaissance voit ses voiles hisser et semble apprécier ces conditions de nav’. Nous sommes au près et marchons entre 3 et 5 nœuds. Il fait bon, nous ne ferons que dix milles comme ça. C’est vers Lequeitio qu’Eole nous a lâchement abandonné nous obligeant à démarrer le moteur.

Aujourd’hui, nous voulions atterrir à Mundaca pour mouiller à l’entrée du fleuve (qui mène à l’historique ville de Gernika) pensant être un tant soit peu abrités de la houle. Malheureusement, une fois sur place et après avoir contourné le petit îlot d’Izaro, nous réalisons avec dépit que nous ne serons absolument pas à l’abri pour la nuit. La houle nous suit et les vagues vont se fracasser devant. Arf, il nous reste la possibilité d’aller mouiller devant le village d’Elanchove mais cela obligerait Renaissance à faire demi-tour pour aller poser son ancre dans de la roche au pied du Cap Ogono, bof. Nous choisissons de contourner le Cap Machichaco et sa terrible réputation.

Nous filons au moteur droit sur Bilbao, escale normalement prévue pour le lendemain, et c’est maintenant la course pour arriver avant que le soleil ne se couche. Déjà l’horizon prend des teintes rosées… Le voilier croisera encore pleins de Physalia Physalis, vous savez ces espèces de méduses qui n’en sont pas, qui ont des « tentacules » super irritantes de plusieurs dizaines de mètres et qui font du coup fermer la plage d’Anglet… La côte est toujours aussi splendide et les petits pêcheurs sont nombreux par ici. Nous nous saluons tout le long du chemin. Faut vraiment que nous achetions un pavillon basque…


Le soleil descend toujours et il commence à faire frais. Enfin, droit devant, nous apercevons les cheminées de Bilbao ainsi que plusieurs cargos mouillés à l’entrée. Les nuages feront une petite apparition et nous permettront d’observer un très joli coucher de soleil. Je suis ravie, le capitaine un peu moins ! Les cargos et l’obscurité sont suffisants pour qu’un brin de stress pointe le bout de son nez. Zen, c’est grand, ce devrait être bien éclairé (peut-être un peu trop hum).

L’entrée dans le port de Bilbao, ah qu’on s’en souviendra !

« Alerte AIS, route de collision avec Cargo », « Alerte AIS, route de collision avec cargo »… A l’entrée du chenal, se trouve la digue ouest bien visible et à l’est, la deuxième digue est submergée. Son extrémité est repérée par un feux rouge qui vient tout juste de s’allumer posé sur un blocos en béton. Certains bateaux prennent le raccourci  et passent sur la digue invisible. Peut-être y a-t-il assez d’eau ? M’enfin, on ne va pas tenter le diable. Nous nous engageons donc dans le chenal poursuivis de loin par un cargo. Le souci c’est que ça va vite ces trucs là. Une fois les digues passées, la sirène du cargo retentit ! Aïe ! Nous maintenons Renaissance coté est, il fait presque nuit. Le cargo arrive et klaxon à plusieurs reprises. Renaissance se pousse encore un peu plus laissant le passage libre. Encore cinq coups de klaxon, il ne nous comprend pas ?
Çafait flipper tout ça. Nous sommes maintenant à moitié sortis du chenal, heureusement qu’il y a encore 25 mètres de profondeur… Et ça continue, le cargo se rapproche et continue de râler furieusement. Et puis, devant nous apercevons l’autre voilier qui se tenait à l’extrême ouest du chenal virer devant le cargo toutes voiles dehors ! Il passera juste devant le monstre avant de ressortir du port. Enfin, la bête se taira et enfin, un remorqueur déboulera pour l’aider. Ce n’était donc pas nous qui gênions ses manœuvres… C’est extrêmement soulagés que nous le vîmes disparaître dans une darse.

Nous continuons notre route. Des feux scintillent de toutes parts et la marina de Getxo met un temps fou à apparaitre. Nous y sommes. Le choix de mouiller devant la marina ou d’aller au ponton s’offre à nous. Marina/Mouillage/marina… ? Marina ! Non Mouillage ! Renaissance s’avance tout doucement et nous sondons les fonds. 1m, 1m10, 1m30… Aller hop ! L’ancre est
jetée. Il est minuit passé, le temps est humide, le vent n’est plus, on a la dalle, on s’arrête donc ici pour aujourd’hui… Mais la question reste entière, a-t-on toujours le droit de mouiller, ici, juste devant le ponton d’accueil de cette marina tout en bénéficiant de l’abri de ses digues ?

Espèce de guirlande électrique qui change de couleur sur la digue !

Escale à Zumaia

La nuit à Getaria s’est bien passée, le voilier entre son mouillage et le corps mort n’a pas trop bougé.

Le temps est maussade, il brouillasse… Pas de soleil pour aujourd’hui et vent d’ouest nord-ouest à 8 nœuds au départ puis plus grand chose.

Nous quittons la petite plage de l’ensenada de Malkorbe pour rejoindre le port de Zumaia. En effet, pour cette nuit sont prévus 20-25 nœuds de nord ouest avec la pluie qui va bien. Nous serons bien mieux au ponton que sur ancre, surtout que les mouillages abrités ne sont pas nombreux par ici.

Nous sortons les voiles mais le vent se casse la figure, ce qui ne nous permet pas d’aller bien loin. Quelques milles plus loin, nous faisons route vers la plage de Santiago avec de virer à tribord pour pénétrer dans le chenal menant au port. Ce petit bout de chemin est agréable et c’est sous les yeux des passants que nous découvrons peu à peu le paysage qui se dessine devant nous.
Pas de souci avec la barre des 1,5m à l’entrée, nous sommes presque à marée haute, ni avec le courant annoncé car la mer monte encore. Zumaia est entourée de montagnes et le port est très bien protégé. Tout comme Hendaye, il est situé dans une baie naturelle formée par l’embouchure du Rio Urola.

Le tarif d’une nuit pour Renaissance sera de 35 euros ; certes pas donné donné mais c’est une bonne escale et l’accueil est sympa comme tout… Quelques bateaux français sont également là mais nous ne croiserons pas grand monde.

Voilier amarré, on saute à terre pour aller se balader dans la ville et ce sera trempés que nous rentrerons au bateau. Et oui il pleut toujours…