Archives du mois de novembre, 2009

Port Camargue – Sète, cette galère

Nous sommes mardi 10 novembre et aujourd’hui, nous prenons la mer direction Sète…
En fait, ça fait déjà quelques jours que nous attendions patiemment que le vent souffle moins et également du bon côté ! Ce jour, le vent s’est un brin calmé (tu parles) et le soleil devrait pointer le bout de son nez (bah voyons)…

Vers les 11 heures après avoir tout rangé et tout préparé, nous récupérons nos amarres et nous prenons la direction de la capitainerie afin d’y déposer la clé… C’est fait, allé en avant, le voilier se dirige à présent vers les digues pour sortir du port. Le vent souffle relativement bien, il fait froid et le temps est tout gris.

Et là, c’est le drame ! Le système de barre nous lache d’un seul coup en plein milieu de l’avant port ! La catastrophe, je me retrouve alors à essayer de stabiliser tant bien que mal le voilier en jouant avec le moteur pendant que Jean-Rémy plonge rapidement vers la cabine arrière pour voir ce qu’il se passe ! Il râle et jure en s’abimant les mains sur la chose. Moi, je ne comprend pas grand chose, un truc a bougé ? dévissé… Je me concentre juste pour que le bateau reste au milieu du bassin en faisant attention au vent. Après ce qui m’a semblé être une éternité, Jean-Rémy réapparait enfin et récupère la barre, enfin euh, le pilote automatique qui lui fonctionne plus ou moins. La barre est pour le moment hors-service.

Embruns dans ta poire

Nous revoilà tout près de la sortie du port, mené par un pilote automatique relativement handicapant du fait de son temps d’action qui s’avère être assez long. De plus, les vagues formées par un vent de 25 nœuds nous frappent brutalement de face et déstabilisent sans cesse la trajectoire du pilote. Jean-Rémy joue des boutons sur la commande automatique.
Le voilier zigzague dangereusement entre les deux digues. Les rochers se rapprochent, puis s’éloignent avant que ce soit ceux de l’autre côté qui semblent venir à notre rencontre. Pas croyants pour un sous, je crois qu’à ce moment-là nous avons tous les deux prié pour que ça passe ! Et c’est passé oui, mais sincèrement, pendant un bref instant, j’ai vu le voilier échoué sur une de ces digues…
A posteriori, je me demande vraiment pourquoi nous sommes quand même partis, sans barre. Cette situation aurait peut-être pu être dramatique et elle était un peu inconsciente.

Enfin, nous voici en mer. Le vent souffle maintenant plus fort et la mer est formée. Le voilier gigote tellement sur l’eau que nous décidons de mettre les gilets en sécurité. Un bout de génois seulement et nous filons déjà à 6 nœuds. Le voilier est un coup sur-toilé et un coup sous-toilé à cause des rafales qui vont jusqu’à 35 nœuds… Nous avançons alors à une vitesse variant entre 4 et 8 nœuds.

Le premier tiers de la navigation s’est plutôt bien passé, nous étions certes secoués mais toujours au sec donc le moral était là. Un soleil voilé nous accompagnait. Et puis ce fut l’anémomètre qui nous abandonna mais ce ne fut pas tragique en soi. A demi léthargique, je me sentais bien, je n’avais alors pas trop froid et je me laissais agréablement bercée par la houle. Nous étions au près serré et la barre remarchait à condition d’y aller molo.
Puis, c’est l’éolienne qui a fait des siennes. En effet, elle s’est mise tout d’un coup à hurler anormalement et à tourner à une vitesse inquiétante…

Le temps, le vent, la houle, tout ça s’est progressivement amplifié à notre grand désespoir. La mer est devenue toute hachée et le pont était trempé à chaque vague. La proue du voilier tapait dans les vagues avec bruit. Là, on a vraiment commencé à déchanter. Le froid nous grignotait malgré nos couches de vêtements. Les vagues se faisaient de plus en plus fortes nous arrosant froidement à chaque fois. Un bref allé-retour à l’intérieur du bateau signa pour moi le début des festivités. Après avoir dérapé dans la descente, j’ai la joie de dire bonjour aux nausées, sensation de mal-être, maux de ventre et d’estomac ! Et ni une ni deux me voici malade toute blafarde la tête au dessus de la cuvette ! Je suis vraiment pas bien et je maudis ce vent et surtout cette mer… A peine allongée dans le carré, les nausées m’assaillent de nouveau. Ça a duré un bon moment avant que poussée par Jean-Rémy, je réussisse à me trainer sur le pont. C’est horrible le mal de mer, j’avais l’impression que ça ne s’arrêterait jamais !
Tout est à présent mouillé, l’eau ruisselle sur les bancs du cockpit, le capitaine est à la barre, les mains et le visage bouffés par le froid. Chaque vague nous arrose gracieusement, nos jean’s sont trempés et nos pieds aussi.
Il fait trop froid, on grelotte, comme si nos tremblements pouvaient nous réchauffer mais je doute sérieusement sur cette possibilité. L’air et le froid me revigore peu à peu mais je reste faible.
Je m’imagine la chaleur d’une pièce chauffée et un bon repas chaud mais cette dernière pensée fait tressauter mon estomac. La fatigue nous gagne, et il faut dire que nous n’avons même pas pu manger un bout.

Nous sommes maintenant au moteur et nous filons droit vers le port de Sète.

Le temps parait s’éterniser.

Edit 2014 : Histoire de cowboys ! Aujourd’hui, on aurait fait demi-tour illico, et puis 25 nœuds au près avec un temps pourri, on est bien loin de la plaisance ! Remarquez nos pare-battages et les amarres qui trainent… C’est un peu du n’importe quoi. De toute façon, le mal de mer était lié au fait que j’avais la trouillasse !

Un voilier maison

Etat des lieux fait, remise des clés ok, caution récupérée… J’abandonne maintenant le petit appartement qui m’a accueillie pendant mes trois ans et demi d’études. Je tourne ainsi une page. Ca fait toujours bizarre de quitter ce qui a été son chez-soi, j’en suis un peu mélancolique. Et pourtant, Arles, ses rues étroites, son Rhône et surtout la promiscuité que j’avais avec mes voisins ne me manqueront pas…

Faut dire que c’est une toute nouvelle aventure qui m’attend ; celle de vivre avec Jean-Rémy à bord du voilier ! Bref, faire de ce bateau un sympathique chez-nous ; un petit cocon bercé sur son plan d’eau. Même si personne ne m’a rien dit, je crois que mon entourage a pensé que cette idée de vivre à bord était un peu farfelue, et ils n’ont peut-être pas tord à près tout ! Quel intérêt peut-on trouver à quitter la sécurité et le confort d’une habitation pour aller se carapater dans un bateau riquiqui tout comme des associaux anti-conformistes ? Riquiqui… Et étouffant, et humide et qui gigote sans cesse ! Haha allez donc savoir… :)

Pour ma part, je n’ai qu’une hâte, c’est de rejoindre le loubard dans son antre avec mes trois cartons. Je m’y vois déjà, tous les deux vivant d’amour et d’eau fraîche, naîve utopiste que je suis ! Résider sur son voilier offre certains avantages (le premier étant financier, faut pas s’leurrer…) mais aussi certains inconvénients. Celui qui vient directement à nous, c’est le fait de ne plus avoir d’adresse postale. Nous nous sommes donc arrangés pour rester chacun domicilié chez nos parents, ces derniers auront donc la tâche de récupérer lettres et courriers et de nous tenir informer de l’urgence de ces derniers…

Bientôt nous rejoindrons Sète, lieu premier de ces nouvelles pérégrinations ! A partir de là, nous serons donc des espèces de vagabonds en bateau, des marginaux de pontons, des manouches flottants ou simplement une pomée accompagnée d’un hirsute qui ne sait pas trop dans quoi elle met les pieds…

 

Oh et puis appelez-ça comme vous l’voulez… :)

 

Recherches qui ont permis de trouver cet article :

  • voilier maison

Trève de discussions, ce sera Sète !

Un petit temps d’absence… Alors quoi de neuf ?

Dernièrement, nous étions un peu paumés il faut le dire. Où aller se poser avec le bateau ? Comment ça allait se magouiller pour que chacun de nous deux puisse trouver un travail dans les environs du port qui nous accueillerai ? Est-ce qu’on allait trouver ? Un boulot pour Jean-Rémy, un boulot pour moi, une place de port pour le voilier… Trois impératifs qui pour un temps semblaient difficilement associables.

Et puis, tout s’est plus ou moins débloqué au fur et à mesure qu’on émettait diverses hypothèses quant à notre devenir. Jean-Rémy fut rappelé par son ancien patron pour un chantier de deux ou trois mois au cap d’Agde. Il commence la semaine du 23 novembre (héhé finito la glandouille !) et donc Gruissan attendra donc un peu. Pour ma part, les derniers examens avant l’obtention du diplôme se sont plutôt bien déroulés malgré une période de stress terrible. Maintenant, je dois encore attendre le 30 novembre pour que les résultats officiels soient enfin affichés à Arles. Donc en vacances je suis pour le moment ! Mais point de répit mdr ! Il faut prévoir la suite, démarcher les hôpitaux de la région afin de voir quels postes ils proposent. J’ai ainsi contacté le petit hôpital d’Agde qui ne proposait rien de très emballant donc finalement je suis embauchée à l’hosto de Sète début décembre pour un poste d’infirmière en médecine, cool ! L’idéal serait que je ne fasse que la période d’essai là-bas, soit environ deux mois et demi…


Quant au bateau, nous avions appelé le port de Sète pour avoir la possibilité d’une place de deux ou trois mois au port ; ce qui fut finalement accepté ! Ouf ! Grand soulagement pour moi qui commençait très largement à m’inquiéter en imaginant tous les ports des alentours pleins ! Bon ok Sète, c’est bof mais c’est pour pas longtemps. Donc voilà, tout est plus ou moins réglé pour une petite période. Plus tard, nous envisageons toujours / peut-être d’aller à Gruissan qui d’ailleurs, suite à notre vadrouille de la dernière fois, nous avait rappeler pour nous dire qu’il y avait une place au port qui nous attendait… Hum, toujours valable dans trois mois ?

Voilà ! Les choses prennent forme tout doucement…

Et puis Renaissance barbote toujours à Port Camargue en attendant que le vent veuille bien diminuer juste un peu afin que nous puissions rejoindre ce nouveau port et cette nouvelle petite vie par la même occasion…