Archives du mois de janvier, 2014

L’île nature

46 km de long, 25 de large, une terre recouverte à 60% de forêt humide, une chaîne de volcans escarpée, près de 365 rivières, une bonne trentaine de cascades, un lac bouillonnant, une vallée de la désolation, de nombreux sentiers de randonnée dont le récent WNT (Waitukubuli National Trail) long de 185 km, divisé en 14 segments qui sillonnent l’île du sud au nord en reprenant de très très vieilles traces réaménagées… Sans compter la flore et la faune…
La Dominique est une île sauvage et réellement enivrante !
D’ailleurs, bien consciente de ses atouts, elle tend principalement vers un tourisme vert respectueux de l’environnement et sauvegardant le patrimoine naturel de l’île. Pas encore dotée d’un aéroport international, elle reste préservée. Elle reçoit actuellement 12 fois moins de touristes que ses deux voisines la Martinique et la Guadeloupe alors qu’elle a autant à offrir sinon (beaucoup) plus !

Au départ, nous devions rallier Roseau en bateau car c’est sans doute le meilleur point de départ pour les excursions et pour atteindre les sites touristiques de l’île situés non loin. Et puis finalement, on renonce… Le temps, le vent (ça souffle dur), les bouées payantes là-bas et incertaines en plus, « la ville », les cortèges en minibus, les attractions, les sites (trop) fréquentés, et puis… bah la flem’ quoi !! Du coup, on se met à la recherche de sentiers de rando à proximité de Portsmouth. Ça tombe bien, notre super guide de navigation Doyle nous en cite quelques uns. Parmi ces derniers, je louche sur « l’Indian River Trail »…

Il faut savoir que sur toutes les rivières dominicaises, une seule est navigable : l’Indian River. Les boat boys ou guides locaux s’empressent de vous proposer dès votre arrivée la remontée de la rivière à la rame, site protégé oblige, sur environ un mille nautique. C’est un classique du coin qui attire beaucoup de monde car le décor est apparemment fabuleux ! D’ailleurs le lieu, comme cinq ou six autres endroits de Dominique, a même servi de lieu de tournage pour Pirates des Caraïbes 2 et 3. Bref, tout un programme !

Après avoir réuni plus d’informations sur le chemin à emprunter car finalement le Doyle n’était pas très clair quant à la route à suivre, nous enfilons nos chaussures de rando et partons à la découverte. Nous laissons l’annexe (piscine flottante) à l’entrée de l’Indian River, dans l’antre des boat boys, où la plupart des rastas jouent aux dominos tout en surveillant d’un œil le potentiel futur client susceptible d’être intéressé par un tour en barque…

Le sentier à suivre doit serpenter le long de l’Indian River, ok. Après deux heures de marche et après avoir tellement grimpé que nous parvenons à un panorama sur la baie et sur le mouillage, il faut nous rendre à l’évidence : nous ne sommes pas sur le bon chemin ! Tant pis, nous continuons un peu en cueillant des pamplemousses sauvages et finissons par rebrousser chemin car nous nous enfonçons de plus en plus vers les hauteurs du centre de l’île ! Loupé haha ! Mais ce fut tout de même une jolie balade et nous avons pu apercevoir de nombreux perroquets verts, les Jacos de Dominique qui causaient sous la pluie. Mais pas de Sisserou, l’amazone impériale plus rare et plus grosse, emblème du pays que l’on retrouve sur le drapeau national…

(NB : En fait, après consultation des cartes : nous avons emprunté le segment 11 du WNT, très bien balisé au passage…)

Baraque colorée, Route Est…

Un bout de l’Indian River

Elle est où la rivière ??

Pouah mais on est loooin !

Hey hey, je suis riquiqui !

Gueule du chemin

Portsmouth

Peu de temps après, nous sommes partis nous balader dans les rues de Portsmouth, gros village animé et bruyant qui est en fait la deuxième localité de l’île.
Tour à tour française et anglaise, la Dominique est aujourd’hui un état indépendant depuis 1978 faisant partie du Commonwealth. Elle compte environ 72.000 habitants dont 3.000 ici à Portsmouth. Cette ville était initialement prédestinée pour être la capitale de l’île mais comme, la malaria et la fièvre jaune sévissaient dans le coin, c’est Roseau au sud qui a été finalement choisie. Ca parle anglais bien sûr mais surtout un créole qui tire sur le français, bien pratique car je dois avouer que nous ramons un peu !

(Actuellement lorsque que je cherche mes mots, c’est l’équivalent espagnol qui me vient automatiquement en premier rrr ! Peut-être est-ce due aux quelques recherches que j’entreprends en ce moment sur Cuba et sur la République Dominicaine… nos futures escales ??)

Plus au sud, dans la banlieue chic de Picard, on trouve curieusement une faculté américaine, la Ross Medicine University, qui a la particularité d’être la moins chère des États-Unis. Elle compterait près d’un millier d’étudiants qui logent principalement dans les hôtels et les appartements voisins. Je ne sais pas si ces mêmes étudiants sortent beaucoup de leur campus armé de barbelés et truffé de vigiles à tous les points d’entrée, mais nous ne croiserons aucunes têtes d’américains en dehors de leur enceinte durant notre balade. Faut dire que leur cursus universitaire comprend plusieurs années d’études à plus de 15.000 $US le semestre. Sachant que le salaire moyen dominiquais est de 500 $US, il y a effectivement choc culturel et social !
Bon, j’imagine qu’il y a bien quelques retombées économiques profitables aux locaux et à la Dominique…

Maison de Portmouth…

Appartements confort Picard…

Nous avons eu un peu de mal à regagner la plage car l’université, les hôtels et leurs zones de Private Property s’étendent sur plusieurs km de long et interdisent ainsi aux étrangers l’accès direct au littoral.

Accès direct sur la plage…

Prince Rupert Bay

Là, il est temps de se cacher…

Et là, bah même sous les palmiers et cocotiers, on est trempé !

Comme nous étions le week-end et que nous ne voulions pas payer de taxes d’overtime, nous ne nous sommes présentés aux officiels que le lundi matin pour faire nos démarches d’entrée dans le pays. En mauvais hors-la-loi, on s’est alors fait taper sur les doigts puisque nous avions dépassé les 24 heures de délai pour effectuer les formalités ! Bon, c’était mérité et nous étions effectivement en tord il faut le dire. Conciliants, ils nous ont quand même fait nos papiers sans amendes ou quoi supplémentaires. A savoir que malgré que ce soit anglais et que les pays anglais sont souvent très chiants tatillons, la Dominique a récemment facilité toutes ces démarches administratives afin de promouvoir le tourisme sur l’île. Donc ici, on peut faire l’entrée et la sortie en même temps et au même bureau pour un séjour de moins de deux semaines et cela coûte… 10 minutes de temps et 10 $EC, soit moins de 3 euros !

Alors oui oui, z’avez raison, on aurait pu faire un effort rooo… :)

Recherches qui ont permis de trouver cet article :

  • https://voyage-de-renaissance fr/dominique/portsmouth/

Mini-déluges…

Nous voulions de l’eau, et bien on peut dire nous sommes servis !
Les grains ne cessent maintenant de se succéder…

Bienvenue en Dominique, pays très vert mais aussi très… pluvieux… :)

Guadeloupe – Dominique

Bon bah c’est parti pour la toute première nav de l’année : direction la Dominique située à 40 milles plein sud !

L’île et son ambiance nous avaient bien plus lors de notre premier et rapide passage la saison dernière. Du coup, on s’est dit qu’on y retournerait bien avant de remonter les îles du nord, paraît-il plus friquées, plus sèches et plus fréquentées encore… (oh voui ça promet !)

Nous avons donc largué nos amarres de Bas-du-Fort à vrai dire le seul jour potable de la semaine avec 15-20 nœuds d’Est et près de 2m de houle. Faut dire qu’en ce moment, les alizés sont bien établis et relativement forts (force 5 à 6) avec passage de gros grains instables. La mer est également agitée à forte… Cela dure déjà depuis pas mal de jours et selon les prévisions, nous devrions encore en avoir pour au moins toute la semaine qui vient… Mais c’est quoi cette saison humide sèche et cette saison sèche humide !

Bon à la sortie de la passe, le doute nous envahit. Beaucoup de bateaux roulent sur leurs mouillages devant îlet Cochon et ça déferle même sur les récifs de chaque coté du chenal d’entrée… Au loin, la mer moutonne, le ciel est dégueu et nous sentons déjà le vent. Zut on pensait se faire une première tranquille pour se réamariner en douceur mais cela semble compromis. On hésite en se disant qu’il est peut être préférable d’attendre que les alizés se calment un peu… Ok mais quand !!? En gros c’est aujourd’hui ou jamais dans dix jours… Du coup, on tente quand même en se disant que si ça le fait pas, bah on prendra une de nos options de secours : soit Les Saintes à 20 milles, soit Basse-Terre plus au portant, soit retour mouillage à îlet Gosier (bof, un force 7 est prévu pour la nuit), ou soit retour à Cochon si vraiment trop pourri…

Donc nous voilà en route avec 2 ris GV + foc sur une mer brouillonne dans le Petit cul-de-sac Marin. Renaissance tape dans les creux, sommes au près (comme d’habitude ?) enfilons les gilets et préférons avaler un demi mercalm au cas ou… Tiens, j’avais oublié comme la navigation c’est bruyant finalement !

Et puis en définitive, peu de temps après et enfin au large, la mer et le vent se calment et cette navigation devient vite confortable et ensoleillée. Le bateau chargé à craquer de boîtes de conserves et de sachets d’nouilles file ses 6 nœuds tranquillement. Là, on se dit alors qu’on a vraiment bien fait de partir aujourd’hui…
Tiens, on aurait presque vu le nez de la Soufrière mais non, la grande dame a préféré rester cacher encore et toujours sous un léger voile nuageux…
Entre Marie-Galante et Les Saintes, le vent tombe un peu, du coup la GV grandit.
Mais juste après l’archipel breton, le vent repart de plus belle ! Nous reprenons le deuxième ris un peu tardivement pendant qu’un vilain grain se dirige droit sur nous…
Et puis le vent est re-retombé devant la Dominique mais comme on craignait, à tord, de bonnes rafales à son approche, la voilure est restée en l’état. C’est donc tout tranquillou et pas bien vite que nous sommes arrivés dans Prince Rupert Bay, une grande anse située au nord ouest de la Dominique…

Comme attendu, un boy boat tout cool nommé Cobra est venu se présenter à nous avec un « Welcome to Dominica and a happy new year ! » et nous a dit qu’il repasserait nous voir une fois qu’on serait mouillé afin de nous offrir ses services. Nous avons choisi de balancer l’ancre un peu plus au sud de la baie et n’en avons plus entendu parlé.

Et voilà, une bonne journée de mer… Le soleil descend doucement sur l’horizon tandis que le bateau gigote au bout de sa chaîne quelque peu malmené par les grosses rafales de vent. Nous sommes cramoisis de coup de soleil et discutons actuellement de l’intérêt de laver le bateau avant de partir naviguer… Bah oui, on y a passé du temps la veille, et maintenant le bateau est pratiquement entièrement recouvert de sel avec les embruns et toutes les vagues qui sont venues se fracasser sur sa proue… En plus le capitaine s’était particulièrement bien appliqué à la tâche, décrasser le pont, le faire briller (enfin presque) et tout ça… Arf, vous auriez du voir, moi même je n’en revenais pas de cette méticulosité soudaine…
Et ne parlons même pas de l’intérieur ! Notre pauvre Yoda a gerbouillé et plus encore pendant le premier quart du voyage… Hein quoi pas ragoûtant !? ;)

Espérons maintenant une petite pluie juste suffisante pour rincer Renaissance…