Vilamoura

7h30, Jean-Rémy abandonne Cyril sur un quai à Faro.

8h, l’annexe est dégonflée et pliée, le voilier est rangé ; nous sommes prêts à décoller.

Renaissance quitte ses congénères encore endormis au mouillage et s’éloigne doucement de Faro. Le chenal n’est alors pas du tout dessiné, nous sommes en effet partis une heure après la pleine mer. Ainsi, nous avons bénéficié d’un à quatre nœuds de courant nous poussant vers la sortie. Encore trois bouées vertes, trois bouées rouges et la mer est devant. Et quelle mer !

Encore dans le chenal, nous apercevons déjà les vagues un peu plus loin, grosses et coiffées de leur crêtes toutes blanches. Ça remue sec à l’entrée ! Une sacrée houle croisée nous accueille. On n’en mène pas large mais nous sommes tous les deux rassurés d’être dans le bon sens ! Hum, pas comme ce voilier espagnol qui s’en est pris plein la figure sans arriver à progresser dans le chenal…

A plus de huit nœuds, nous nous sommes vite écartés de Faro.

C’était sympa comme expérience mais bon, comme tout bon marais qui se respecte, l’eau y est bien trouble et contient une quantité impressionnante de saloperies. Herbes flottantes, morceaux de bois, petites bébêtes… se feront une joie de venir visiter les filtres moteur !

Voilà donc le capitaine qui commence à s’agiter à la poupe du voilier et qui semble tracassé. Petit soucy ? En effet, le moteur ne crache pratiquement plus d’eau. Après un coup d’œil à la machinerie (roue à aube…), nous décidons de nous dérouter sur le port le plus proche. Nous avions initialement prévu de parcourir aujourd’hui 60 milles afin d’atteindre le Cap San Vincente en début de soirée. Finalement donc, nous n’en ferons que 20 et nous atterrissons au port de Vilamoura.

Escale nécessaire pour le moteur, et puis… Nous ne saurions pas arrivés au niveau du Cap avant la nuit car descendre le chenal de Faro nous a pris plus de temps qu’escompté. Egalement, nous n’avons toujours plus d’eau dans le réservoir et puis il faudrait aussi faire le plein de gasoil. Bref, pleins de bonnes raisons de nous arrêter à ce moment-là.

Vilamoura est une grande marina tout confort et possède un côté très bourgeois. Elle serait également la plus ancienne de tout le sud-ouest de la péninsule ibérique. On ne dirait pas si on regarde tous les équipements proposés : grande réception climatisée, badges magnétiques (qui ouvrent en autres les deux laveries du port), grandes portes en verre qui s’ouvrent toutes seules au bout des pontons… On mettra d’ailleurs un moment à comprendre comment sortir de cette prison de verre mdrr :) L’accueil est génial. Le gros bonhomme derrière son comptoir est d’une gentillesse sans égal et parle au moins anglais, français, espagnol… en plus du portugais, ça va de soit ! Des catways (ah l’atlantique !), de l’eau et de l’électricité qui fonctionnent en même temps (ça faisait longtemps), wifi gratos qui marche…

L’après-midi se passera tout tranquillement et le moteur ronronne de nouveau normalement. On se baladera un peu, on se reposera beaucoup en savourant une glace pour finir en début de soirée par laver tout le bateau qui l’avait bien mérité.

Vilamoura, c’est donc 60 euros pour une escale sans soucis, pour un port au top, pour une ville très touristique et pour une débauche apparente de sous et de grosses voitures…

Voilà Renaissance tout beau, tout propre donc tout prêt pour la suite ! :)

Petit clown… :)

Mouillage canal de Faro, dans la marre

Après une nuit tranquille et un réveil sur une mer parfaitement lisse, nous avons pris aujourd’hui la direction de Faro, promontoire situé le plus au sud du Portugal. A cet endroit, la côte est formée de grandes lagunes sujettes aux marées, qui apparaissent alors comme un ensemble de canaux, de petites îles, de marais et de plages de sable doré… Cela forme le Parc Naturel de la Ria Formosa, havre de paix pour toutes sortes d’oiseaux qui couvre près de 18 000 hectares.

Les 90 milles qui séparent Conil de Faro se sont globalement bien passés (Oh ! On a vu des tortues !)… jusqu’à ce qu’une vedette de la Guardia Civil s’approche de nous ! Pas d’abordage, pas de contrôle de papiers juste quelques questions par-ci par-là histoire de savoir qui on était, d’où on venait et qu’est-ce-qu’on-fabriquait… Mais ! Ils sont repartis en nous laissant cette petite phrase : « Le temps bientôt très mauvais devant ». Oula, hop petit stress ! Pas envie de se refaire balloter dans tous les sens comme la nav’ qui nous a conduit à Gibraltar… Mince, le mauvais temps avec gros vent aurait-il un bon jour d’avance ? Impossible de vérifier leurs dires, on ne capte pas ici. Alors on range tout, on va s’habiller plus chaudement, on sort les vestes de quarts et les gilets, on range les voiles et moteur droit sur Faro… Le vent de NW s’est levé jusqu’à 23 noeuds et était accompagné de houle, tous deux nous venaient en pleine face !

Enfin, le voilier est arrivé au niveau du Cabo de Santa Maria vers 3h30 du matin. Ne voulant pas tenter une entrée imprudente de nuit dans le labyrinthe des canaux menant à Faro, nous avons mouillé à l’est du brise-lame qui nous protégeait efficacement du vent et de la mer.

Petite nuit et réveil juste avant que la marée ne grimpe afin d’en profiter pour remonter les petits cours d’eau. En fait, il y a normalement assez d’eau pour y rentrer à n’importe quelle heure.
Le véritable souci n’est pas la profondeur mais plutôt les courants ! Le bouquin annonce par exemple plus de 7 noeuds de courant dans l’entrée en vive-eau… Hum.

Renaissance a remonté le chenal sans difficultés puisqu’il est relativement bien balisé. Nous avons ensuite mouillé tout au bout dans une petite zone d’ancrage avec environ 4 mètres de profondeur.

Ca fait tout bizarre de voir que les grandes étendues d’herbes présentes à notre arrivée ont carrément disparues sous l’eau à marée haute ! Cette zone protégée nous permettra d’apercevoir des cicognes, des sternes et d’autres piafs inconnus. Une quantité impressionnante de mouches est également venue nous saluer !

Faro et son aéroport sont tout proches. Les avions passent près et nous les voyons atterrir. Demain, Cyril nous quittera, en prendra un et repartira vers Paris…

Nous continuerons donc à deux notre petit bout de chemin vers le Cap San Vicente puis vers la Galice…

Pour de nouvelles aventures on espère !?

Mouillage Puerto de Conil

Enfin, un peu moins de vent !

Sur les coups de 10h ce matin, nous avons quitté le rocher pour passer le détroit de Gibraltar. Heure non choisie au hasard puisqu’elle correspond en fait à celle six heures après la pleine mer du coin. La circulation de l’eau au niveau du détroit entre les deux continents résulte de plusieurs phénomènes de courant. A nous donc de bien étudier les cartes, les heures de marées… afin de pouvoir naviguer vers l’ouest tout en étant aidés par quelques nœuds de courant. Ayé, nous sommes partis !

Derrière, la baie de Gibraltar parsemée de nombreux cargos et d’un gros nuage de pollution s’éloigne petit à petit…

Il n’y a pas un souffle de vent ; Renaissance avance au moteur entre la côte et le chenal qu’empruntent les navires de guerre et de commerce. Ils passent relativement loin de nous, tout va bien.
A bâbord, nous pouvons apercevoir la côte marocaine qui se dessine de plus en plus nettement au fur et à mesure que nous progressons…

La côte marocaine

Nous avions prévu de mouiller au niveau de Tarifa et puis de faire le plein d’eau dans le port car depuis la veille, plus d’eau et plus de jus dans la marina de Gibraltar… Nous sommes ainsi partis avec le réservoir pratiquement vide n’ayant pas vraiment d’autre choix !

Mais une fois arrivés sur place, la donne a changé mdrrr. Tout d’abord, nous nous sommes amarrés dans le minuscule port de Tarifa. C’est en fait un port uniquement de pêche, de commerce et de ferry. Rien n’est adapté pour les plaisanciers surtout pour des plaisanciers en mal d’eau ! Nous sommes donc repartis bredouille mais tout en saluant au passage la gentillesse du ptit monsieur qui nous a montré toutes les bornes incendies du port et qui a même été à la capitainerie pour nous… Et capitainerie qui nous a proposé d’appeler les pompiers… :)

Nous sommes alors ressortis pour contourner l’Isla de Tarifa, sorte de toute petite presqu’île bordée de rochers qui est une zone militaire, fermée donc au public. On peut comprendre l’intérêt majeur qu’elle peut représenter car c’est l’endroit le plus méridional de tout le continent européen. Oui, huit milles nous séparent juste de l’Afrique ! Sans compter que Tarifa est en plein milieu du détroit avec vue sur tous les « va-et-vient » de l’endroit…

Isla de Tarifa : continents européen et africain côte-à-côte

Le mouillage situé à l’ouest de Tarifa est trop venté. Le vent vient d’est donc nous avons décidé de continuer notre route avec ce vent arrière. Voiles en ciseaux avec génois tangonné, Renaissance faisait du bon travail en filant sur l’eau…

Un moment de nav’ agréable au possible ! D’autant plus que la mer était calme, agitée par endroits certes (notamment aux caps) mais d’une douceur sans heurts ni fracas comme la fois dernière hum… :)

Huit heures plus tard, ou 50 milles plus loin, voilà le port de Conil qui prend forme devant nous. Nous balancerons la chaine par 3-4 mètres de profondeur dans ce petit mouillage agréable comme tout. Le décor nous rappelle les calas des Baléares à la différence qu’ici, la pierre des falaises est un mélange d’ocre et de rouge…

Le mouillage sera légèrement houleux en début de soirée puis nous laissera dormir en paix juste à côté d’un petit voilier français…

Gibraltar, petit temps sur un gros caillou

A notre arrivée à Gibraltar, l’ambiance est carrément sinistre. Le ciel est tout couvert et la brume charge d’humidité l’air. Pas un seul petit rayon de soleil ne perce. Gris doit être la nuance à la mode ici, le temps, l’eau, les bâtiments et les bateaux…

Direction la capitainerie où nous tombons sur un charmant monsieur qui ne nous demandera pas nos passeports, nos cartes d’identité suffiront. On avait un peu peur d’être recalés car Gibraltar, caillou anglais, n’appartiendrait pas à l’Union européenne.

Quelques temps après, nous voilà amarré à un petit ponton de la Marina Bay, en face d’un Cata familial français.

La piste d’aéroport est toute proche. Du bateau, nous voyons les quelques rares avions décoller. Le port n’est pas plein et regroupe beaucoup de nationalités différentes. Nous paierons ici 36 euros par nuit sans l’eau et sans l’électricité mais le wifi est gratos.

Le lendemain, petite balade dans la ville chargée d’histoire et bourrée de magasins détaxés : tabacs, parfumeries, lieux de vente d’alcool sont en nombre. C’est vrai qu’ici certains prix sont plus qu’avantageux que par chez nous, par exemple la cartouche de cigarettes coute environ 20 euros…

La principale attraction du coin est la visite du rocher pour pouvoir approcher les macaques berbères qui vivent en toute liberté au sommet du caillou. Nous grimperons là haut grâce à un petit téléphérique faisant les navettes durant la journée.

Appareil photos à la main, on arpente les sentiers du rocher qui domine toute la baie… Le panorama est grandiose.

Par contre, je pense que les singes sont en fait à demi apprivoisés. Ils sont nourris par les bonhommes de là haut et sont juste indifférents à notre présence. Y’en a vraiment tout un paquet. Impossible de les louper !

D’autres espèces un peu moins connues, hum oui en cage celles-là…

Passées les premières impressions, on s’y sent finalement bien à Gibraltar. Tous les matins sont gris et brumeux mais peu après le soleil apparaît. Par contre, les températures ne sont plus celles qu’on connaissait (Baléares…). Cagnard l’après-midi et les soirs sont frisquets, voire carrément froids ! :)

Nous resterons finalement trois nuits ici en attendant une bonne fenêtre météo pour passer le détroit. Pour l’instant, ça souffle à plus de 30 nœuds dans le coin et demain, cela devrait se calmer un tout petit peu… donc probable départ demain matin !

Prochain arrêt : mouillage à Tarifa ?

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Petit bilan

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Où en sommes-nous ?

Cyril ne nous accompagnera pas jusqu’à Lisbonne comme on l’avait projeté mais que jusqu’à Faro, avec aéroport également. On a bien revu le chemin à la baisse… Nous avons été trop ambitieux au niveau de la route à parcourir avec le peu de temps que nous avions. Lorsqu’on fait des projets de navigation, on calcule toujours l’itinéraire à faire en choisissant une moyenne de vitesse correcte, aux alentours de cinq nœuds heure et le chemin est toujours en ligne droite…

Or une fois sur l’eau, c’est plus forcément ça. Le vent et l’état de la mer sont bien deux variables qu’il est difficile d’anticiper.

Ainsi, je pense que nous ne serons pas non plus à Hendaye pour début septembre mais pour un peu plus tard. Surtout que ce qui nous attend ne sera pas aussi facile que du cabotage en Costa Brava ou aux Baléares… La remontée du Portugal se fera par exemple contre les Alizés de nord qui peuvent souffler jusqu’à Force 7, et puis après, y’a encore le Cap Finistère à passer…

Bref, pas d’imprudence, on y sera quand on pourra et pis c’est tout ! :)