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Aller-retour à Funchal, la citadine

Cela fait quelques jours maintenant que les deux autres voiliers ont levé l’ancre nous laissant seuls au mouillage. Le temps étant radieux, nous quittons Renaissance pour aller visiter Funchal, la capitale de l’île située plus au sud. Nous chopons le bus qu’il faut (13 euros l’aller-retour) et 40 minutes après, nous y sommes. Nous nous baladons sur le front de mer et nous jetons un coup d’œil à la marina vide de Funchal, soit-disant bondée en saison. Le mouillage par contre est bien plus exposé que celui de Machico… Puis nous flânons dans la vieille ville le long des rues pavées. La plus ancienne, la rue de Santa Maria est sympa comme tout avec ses portes peintes…

 

Curieux, nous faisons un saut au marché des Laboureurs, réputé pour la variété de ses fruits et de ses légumes locaux. Les étals sont beaux certes mais à peine arrivés un gus nous saute carrément dessus pour nous faire déguster et nous proposer d’acheter, et ainsi de suite à chaque stand. On se fait alpaguer de tous les côtés, c’est trop relou ! Bon faut dire qu’il n’y a que du touriste ici… Aller, on s’en va, déçus. Et c’est pareil en ville, vous avez le malheur de marcher trop près d’un restau et voilà les rabatteurs qui foncent sur vous…

Ensuite, nous nous mettons en quête d’une voiture de location afin de visiter les coins de l’île inaccessibles en bus. Là, c’est facile. Direction le quartier des hôtels où se trouvent une bonne dizaine d’agences de location ! Pour info, nous trouvons notre bonheur chez « Wind, rent-a-car », le moins cher du secteur. Il nous en coutera 33euros/jour tout compris, et sans caution et autres franchises… Le jeune est cool, il nous donne une voiture d’une catégorie supérieure pour le même prix. Go pour quatre jours avec !

Nous revenons au calme à Machico, Renaissance n’a pas bougé et le chat pionce toujours…

Baie de Zarco, dans la vallée

Nous arrivons à Machico après une très courte navigation au moteur et sous un soleil de plomb. Nous y trouvons une petite baie accueillante du nom d’un des premiers navigateurs ayant posé le pied sur Madère.

L’ancre est jetée à proximité d’un autre voilier. Ce mouillage est bien abrité, de bonne tenue sur fond de sable et le cadre est plutôt sympa. Dans la partie est de la baie, le port accueille quelques embarcations locales et de gros bateaux de pêche des Açores attendent de meilleurs conditions pour reprendre la mer. En effet là-haut, ça chahute pas mal en ce moment car les dépressions s’enchainent… En temps normal, les bateaux de passage peuvent trouver une place le long du quai en béton. Il est possible de débarquer en annexe sur les digues de la plage où directement sur les pontons de la marina ; ses portes ne fermant pas… Y’a même un ship !

Le village est calme et pratique. On y trouve tout ce qu’on veut pour l’avitaillement et la gare routière, avec de nombreux bus pour Funchal, est à un quart d’heure de marche.

Nous partons à l’exploration des environs, à pied et en bus.

Chose singulière, Madère dispose d’un réseau de 1 400km de canaux d’irrigation (appelés les levadas) qui dessert toutes les terres cultivées de l’île. Beaucoup de ces canaux sont doublés d’un étroit sentier sur lequel on peut marcher. Il suffit alors de suivre le cours d’eau pour profiter de la nature environnante… C’est un eldorado pour les randonneurs !

Nous commençons notre découverte en nous nous promenons le long de la levada des Mimosas ou levada de Maroços qui serpente sur les hauteurs de la vallée au milieu de vignes, de bananiers, de choux et de cannes à sucre… D’en haut, nous pouvons observer les poios ; toutes petites terrasses cultivées. La pente est raide pour retourner dans Machico, aïe les jambes !

Nous retrouvons notre bateau à la nuit tombée.

Fin de soirée dans le cockpit, nous discutons de choses et d’autres quand soudain un petit bruit sur le roof devant !

Dans la nuit, nous distinguons une boule grise qui commence à grimper sur la capote… Le matou  est sorti ? Un regard dans le bateau et nous voyons Yoda toujours endormie sur la banquette… Stupeur quand nous apercevons la longue queue noire de l’animal au dessus de notre tête ! Un gros rat ! Eurk’ ! Ni une ni deux, j’expédie l’indésirable par dessus bord ! On les dit bons nageurs mais nous n’imaginions pas du tout qu’ils pouvaient grimper sur la chaine d’ancre… Bon euh cette nuit, on dormira les panneaux de pont fermés hein ! :)

Baie de Abra, dans la roche

Aujourd’hui, nous abandonnons les eaux claires de Porto Santo pour rejoindre Madère, à quelques 30 miles de là. Cette navigation pépère s’est faite au portant et sous un soleil radieux. En fin d’après-midi, nous sommes arrivés au niveau de la pointe Saint-Laurent, à l’extrémité Est de Madère, où se trouve un superbe mouillage !

La petite baie de Abra est sauvage, isolée et entourée de hautes falaises tombant à pic dans l’eau. Les couleurs variées de la roche et surtout ses stries forment un décor volcanique super sympa. Nous mouillons au large de la minuscule plage de galets-gros-cailloux par 10m de profondeur et l’orin reprend du service o-cas-zou. Trois autres voiliers barbotent également dans cette eau paisible…

Le lendemain, nous débarquons en annexe sur la plage pour flâner un peu sur cette presqu’île habituellement battue par les vents. Attention aux pieds et aux chevilles, y’a de la caillasse immergée…

Une fois en haut, nous découvrons alors un paysage très sauvage, semi-aride, aux couleurs flamboyantes. Cette réserve naturelle est très fréquentée ; nous croisons ainsi beaucoup de monde sur ces chemins de rando.

Petite pause à la Casa do Sardinha, maison du gardien, après avoir grimpé sur le Morro do Furado puis retour à la plage pour récupérer l’annexe… Et zut’, la mer monte et la houle semble s’être un peu levée. Pas des masses mais suffisamment pour rendre délicat l’embarquement dans l’annexe avec les vagues et les rouleaux. Et là, c’est le drame !!

Après cette vague, nous poussons l’annexe à l’eau puis sautons rapidement à bord ! Pas assez il faut le croire car nous nous faisons surprendre par une nouvelle assez grosse qui vient se casser sur nous. Nous partons à la renvers’, l’annexe vole, on tombe tous les deux à la flotte et roulés-boulés dans le rouleau ! Je manque de boire la tasse, me relève péniblement et re-glisse sur les galets-gros-cailloux avant de finalement réussir à monter à bord retrouvant m’sieur également complètement trempé ! On s’éloigne enfin riant de bon cœur en se retournant derrière nous. Je pense qu’on a bien du faire rire tous les gens de la plage… Oui elle n’était pas vraiment déserte quoi. En plus, annexe orange fluo, on ne pouvait pas faire plus discret haha ! On remonte à bord de Renaissance salés et avec du sable dans les poches…

Bon dans l’histoire, j’ai perdu une claquette et surtout, mon gros appareil photo n’a pas du tout aimé ce bain de mer ; il est foutu j’suis blasée. Heureusement, l’objectif est sain… Moralité : Débarquement en annexe en dehors d’un ponton = Poche étanche pour tous les trucs qui craignent m*rdeuh !! Fallait pas tenter le diable…

Et comble de l’ironie, j’avais investi dans un petit appareil photo étanche avant de partir, qui lui est resté bien au chaud dans le placard… :)

Nous resterons deux nuits dans ce petit havre de paix où l’ancrage ne pose pas de soucis. Seul inconvénient peut-être, nous sommes loin de tout donc nous reprenons la mer pour un mouillage plus commode…

Porto Santo, petite sœur de Madère

Au réveil, nous découvrons l’île qui nous accueille. Ses 11 km de long sur 6 de large forment un paysage très aride, de nature volcanique.

Terre caramel, quasi africaine, Porto Santo est bercée par les eaux chaudes et turquoises de l’océan. Sa longue plage de sable doré s’étire sur toute la côte sud et l’eau y est cristalline, d’une limpidité parfaite.

Ce sera d’ailleurs pour nous l’occasion d’un premier plongeon, impossible de résister à l’appel de la baignade sous cette chaleur écrasante !

Côté bateau, il est possible d’aller au port, de mouiller dans le port (payant) ou de mouiller en dehors. Nous choisissons de poser notre ancre pour quelques jours à l’extérieur du port sur un fond de sable d’excellente tenue. A la nuit tombante, il n’est pas rare d’être secoué par de grosses rafales qui s’engouffrent dans la vallée centrale de Porto Santo. D’ailleurs dans le port, se lève alors un clapot d’enfer.

La marina ferait semble-t-il payer pour l’amarrage de l’annexe… (?) Nous débarquons donc sur la plage ; ce qui nous rapproche de la ville. Par contre, nous partons souvent nous balader les fesses trempées à cause des rouleaux ! :)

Certains conseillent de laisser le bateau au mouillage de Porto Santo puis de visiter Madère (peu de mouillage apparemment là-bas) en prenant le ferry mais c’est peu réalisable vu le prix de la traversée : 25 euros l’aller en 2h30 et un seul aller-retour par jour, ce qui sous-entend de prendre un hébergement là-bas, ou la tente.

Nous baptisons nos chaussures de rando toutes neuves sur les sentiers de l’île. Nous découvrons la route de l’Est avec le belvédère de Portela qui nous offre une sacrée vue de la côte sud. Nous avançons sur des chemins poussiéreux qui nous mènent sur les hauteurs de Porto Santo ou sur ses plagettes cachées de galets noirs. La roche qui nous entoure est de différentes couleurs et reste très friable. On peine à croire que sur cette terre si sèche pouvaient pousser autrefois des arbres ou des céréales…

Nous visitons également le cœur de Porto Santo, Vila Baleira, toute sympa et toute tranquille. La grande place toute pavée du centre nous offre une connexion wifi gratuite…

Porto Santo, c’est donc notre première escale véritablement dépaysante. On s’y sent bien mais comme toute bonne chose a une fin, demain nous quittons l’île pour rejoindre « le jardin de l’Atlantique » ! En route pour Madère…

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